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Expulsable à 10 ans dans la ZEP de Feyming-Merlebach (57)

13 mars 2005

Extrait de « Fenêtres sur cours », journal du SNUipp, n° 268, du 07.03.05 : Massilva, cachée parce que sans papiers

Pendant ces trois semaines, les membres du comité de soutien s’activent. La solidarité est spontanée, ce qui n’est pas surprenant dans cette ville minière où l’histoire locale et la population se sont forgées à l’aune des luttes ouvrières depuis le 19e siècle. Le comité contacte les médias. Des articles parus dans la presse locale et nationale médiatisent l’affaire.

Les militants en appellent aux élus, font circuler des pétitions dans le quartier et recueillent près de 2500 signatures. Certaines mobilisations ont marqué les esprits. Le médecin de famille a récolté à lui seul 400 signatures.

Les enseignants se sont aussi mouillés. « Il ne faut pas confondre obligation et devoir de réserve, explique Didier Atamaniuk, instit’ du RASED et directeur de l’école l’année dernière. Cette histoire relève de l’identité de l’école ». « Cela a eu un effet boule de neige » précise Annick Metzinger. En usant de son statut d’enseignant habitant dans le quartier, il s’est « engagé, tout en restant distant ». Il a écrit des lettres, soutenu le collectif pour sensibiliser. « La première règle est d’aider les enfants, car derrière un problème de régularisation pouvant sembler anodin, il y a véritablement danger de mort ».

Des interventions parfois musclées
Cette année, des enseignants se sont mobilisés à Angers, Rennes, Clichy, Forbach, Pau, Bordeaux, Evreux, dans le Var ou dans l’Oise, malgré parfois la présence des forces de l’ordre aux portes des établissements.

Le 25 janvier, la FSU qui travaille avec d’autres organisations et notamment le Collectif Education Sans Frontières, a été reçue au ministère de l’intérieur pour aborder les problèmes de scolarisation des élèves expulsables. Elle a dénoncé l’intervention des forces de l’ordre dans ou aux abords des écoles (interventions dans l’enceinte de l’école, arrestations de parents aux abords de l’établissement, accompagnement de parents menottés pour venir chercher des enfants scolarisés). Le ministère s’est engagé à intervenir auprès des préfets pour éviter ce genre de procédures.

L’école de la Chapelle dans un quartier ZEP de Feyming-Merlebach. C’est ici qu’est scolarisée Massilva, Algérienne de 10 ans, arrivée en France et retrouvée en situation irrégulière.

Pendant « la cavale », la maîtresse de Massilva transmettait les leçons au comité de soutien... Dans la classe, les élèves se sont sentis concernés par l’absence de
Massilva dont la presse parlait abondamment. Rachel a entamé un dialogue avec eux. « Ce qui les perturbait le plus, c’était l’assassinat du père de leur camarade et sa
situation de clandestine, rapporte l’enseignante de CM1. Ils en parlaient spontanément entre eux, sans s’apitoyer mais sans exagérer non plus ». Pendant ce temps, dans sa cachette, Massilva perdait ses repères. « En arrivant en France, je parlais arabe. On m’a demandé d’apprendre le français. Maintenant que je le parle et que j’ai oublié ma langue, on veut nous renvoyer en Algérie », confiait cette enfant discrète de 10 ans à sa mère. Questions sans réponses, pleurs, angoisse permanente : face à un tel désarroi, n’y tenant plus, Fatiha décide de rentrer à Freyming Merlebach, malgré les risques.

De retour en classe, Massilva a échangé avec ses camarades quelques paroles, « sans excès ». De manière brève, puisque Massilva ne parle jamais d’elle, et « utilise le terme “ on ”, impersonnel et vague », comme pour oublier. En décembre 2004, le dénouement a enfin eu lieu. La famille a obtenu un titre de séjour valable un an. Si Fatiha trouve un emploi, « la possibilité de renouvellement ne devrait pas poser de problème » selon son avocate.

Christelle Mauss

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