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Pap Ndiaye : « Je souhaite placer le concours de professeur des écoles à bac + 3, sans renoncer à la mastérisation »
Formation des enseignants, rythmes scolaires, correction de la nouvelle mouture du bac… Un an après son arrivée Rue de Grenelle, le ministre de l’éducation nationale détaille ses prochains chantiers dans un entretien au « Monde ».
[...] Le chef de l’Etat a annoncé vouloir ouvrir le débat sur la durée des congés d’été : comment souhaitez-vous repenser le calendrier annuel et les rythmes scolaires ?
C’est un sujet sur lequel nous nous penchons depuis un certain temps. Les élèves ont à la fois beaucoup d’heures de cours sur la journée et un faible nombre de semaines d’enseignement sur l’année. Beaucoup d’élèves se plaignent de journées trop lourdes, dans les courriers que je reçois. Par exemple, quand ils se rendent dans leurs établissements en car scolaire, ils partent tôt le matin et rentrent tard le soir. Ils sont fatigués.
[...] Je souhaite placer le concours de professeur des écoles à bac + 3, sans renoncer à la mastérisation. Nous proposerons, après le concours, deux années de formation rénovée et rémunérée. Cela attirera davantage de candidats, notamment des étudiants défavorisés, nos futurs "hussards noirs de la République". Ainsi, nous dissocions l’obtention du diplôme et le concours. [...]
Extrait de lemonde.fr du 29.06.23
Interrogé par les journalistes du Monde sur une éventuelle refonte des concours de professeur des écoles, Pap Ndiaye a répondu souhaiter « placer le concours de professeur des écoles à bac + 3 sans renoncer à la mastérisation ». Une annonce faite avec l’aval de la Première ministre et du Président spécifie-t-il. Une déclaration – encore une – qui prend de cours le monde de l’école. Aucun syndicat ne semble informé d’un travail de refonte du concours de professeurs des écoles en cours. Le SE-Unsa indique avoir « l’impression d’un ministre courant vainement après le président dans une course à l’annonce permanente ».
Au SNUipp-FSU, on s’étonne de cette annonce un 28 juin sans concertation – encore. « Nous sommes surpris d’apprendre que le ministère travaille sur cette réforme depuis un an. Si tel est le cas, ils y réfléchissaient tous seuls, aucune organisation syndicale n’a été associée à cette réflexion » nous confie Guislaine David, porte-parole du syndicat. Elle révèle que son syndicat a déjà évoqué le sujet avec le Ministre mais seulement à deux reprises. « En juin dernier, lors de son arrivée à la rue de grenelle et en septembre. Il nous avait fait part de sa volonté de passer à un recrutement à bac+ 3 avec ensuite deux années de formation mais il avait aussi expliqué que ce ne serait pas pour tout de suite car une telle réforme est très couteuse ».
La co-secrétaire générale raconte que dès la première discussion le SNUipp-FSU avait donné sa position : « nous ne sommes pas contre un recrutement à bac+3 mais avec deux ans de formation réelle. Si c’est de l’alternance, c’est non. Si on passe à un recrutement bac+ 3 plus deux années de formation, c’est avec une vraie formation. Une formation avec un volet théorique et un volet pratique. La formation en alternance actuelle met en difficulté les stagiaires et rebute les potentiels candidats. ».
La responsable syndicale alerte aussi sur le risque de décrochage entre les professeurs des écoles et ceux du second degré. « Il y a beaucoup de chose à penser, ce n’est pas une réforme qui peut s’improviser, à la manière de ce qu’a fait Blanquer en passant le concours à bac+5. Il faut réfléchir ensemble à quelle réforme on peut mettre en œuvre et dans ces cas-là on met en place de la concertation avec les organisations syndicales. On prend le temps de construire ensemble ». « Si la réforme est déjà faite, ça ne pourra pas fonctionner » avertit-elle. « Ce qui est nuisible pour l’attractivité, ce sont ces changements de modalités du concours tous les deux trois-ans ».
Y-a-t-il un capitaine dans le navire Éducation nationale ?
Au SE-Unsa aussi, on s’étonne. « Après les annonces crispantes d’Emmanuel Macron lors de son déplacement à Marseille, le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye y va de sa propre annonce en déclarant vouloir placer le concours de recrutement des professeurs des écoles à bac+3, sans pour autant remettre en cause la mastérisation » écrit le syndicat. « Nous sortirions donc à peine d’une réforme du recrutement et de la formation initiale mise en place par Jean-Michel Blanquer en 2021, pour enchaîner avec une nouvelle réforme ? ». « Y-a-t-il un capitaine dans le navire Éducation nationale ? » interroge le syndicat « Ces changements de cap incessants donnent l’impression d’un ministre courant vainement après le président dans une course à l’annonce permanente. Quelle image de l’École publique le ministre renvoie-t-il lorsque chaque jour voit arriver une nouvelle annonce qui vient défaire ce qui est à peine mis en place ? Modifier une nouvelle fois les modalités de recrutement risque de rebuter encore davantage les candidats déjà engagés dans un processus de formation ».
Pour le SE-Unsa, il est hors de question de distinguer le niveau de recrutement des enseignants du premier degré de celui des enseignants du second degré. « Comment peut-on encore aujourd’hui laisser penser que le métier en primaire est « intellectuellement » moins exigeant qu’en secondaire ? Tous les enseignants doivent être recrutés au même niveau d’études et rémunérés à cette hauteur ».
« En cette période de déclarations quotidiennes qui partent dans toutes les directions, le SE-Unsa souhaite que le ministre retrouve rapidement la boussole qui lui permettra de garder un cap cohérent pour notre École publique » cingle le syndicat.
Lilia Ben Hamouda
Extrait de cafepedagogique.net du 30.06.23
Recrutement des professeurs des écoles : Y-a-t-il un capitaine à la tête du navire Éducation ?
Après les annonces crispantes d’Emmanuel Macron lors de son déplacement à Marseille, le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye y va de sa propre annonce en déclarant vouloir placer le concours de recrutement des professeurs des écoles à bac + 3, sans pour autant remettre en cause la mastérisation.
Nous sortirions donc à peine d’une réforme du recrutement et de la formation initiale mise en place par Jean-Michel Blanquer en 2021, pour enchaîner avec une nouvelle réforme ?
Le SE-Unsa s’interroge : y-a-t-il un capitaine dans le navire Éducation nationale ? Ces changements de cap incessants donnent l’impression d’un ministre courant vainement après le président dans une course à l’annonce permanente.
Quelle image de l’École publique le ministre renvoie-t-il lorsque chaque jour voit arriver une nouvelle annonce qui vient défaire ce qui est à peine mis en place ?
Modifier une nouvelle fois les modalités de recrutement risque de rebuter encore davantage les candidats déjà engagés dans un processus de formation.
Le SE-Unsa refuse par ailleurs de distinguer le niveau de recrutement des enseignants du premier degré de celui des enseignants du second degré. Comment peut-on encore aujourd’hui laisser penser que le métier en primaire est « intellectuellement » moins exigeant qu’en secondaire ? Tous les enseignants doivent être recrutés au même niveau d’études et rémunérés à cette hauteur.
Pour le SE-Unsa, le vrai sujet est celui des contenus des concours et de l’accompagnement post-concours qui doivent faire une plus grande place à une vraie professionnalisation des futurs enseignants.
En cette période de déclarations quotidiennes qui partent dans toutes les directions, le SE-Unsa souhaite que le ministre retrouve rapidement la boussole qui lui permettra de garder un cap cohérent pour notre École publique.
Paris, le 29 juin 2023
Élisabeth Allain-Moreno
Secrétaire générale du SE-Unsa