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Le plan Vacances apprenantes : les commentaires (le Café, ToutEduc, Ouest-France)

9 juin 2020

Vacances apprenantes : 700 000 jeunes invités au rattrapage scolaire
"La jeunesse est la priorité pour notre pays. En avant toute pour la jeunesse !" Présentant le 6 juin les "vacances apprenantes", JM Blanquer, appuyé par Julien Denormandie, ministre de la Ville, et Gabriel Attal, fait preuve d’enthousiasme et peut-être d’optimisme. Son ministère et celui de la Ville investissent 200 millions dans des dispositifs qui vont proposer des accueils ou des séjours à 700 000 jeunes, prioritairement des quartiers défavorisés. Tous ces accueils de vacances seront fortement scolarisés. L’Education nationale étend son empire, à coup de subventions, sur l’éducation populaire. Et le ministre compte sur les enseignants et les chefs d’établissement pour faire la promotion auprès des parents.

Des vacances inégalitaires

"Les vacances peuvent être inégalitaires à double titre : il y a ceux qui ne partent pas et ceux qui perdent en substance éducative pendant les vacances... Un enfant défavorisé peut entre juillet et août avoir perdu plus qu’un enfant favorisé. Pour toutes ces raisons il faut donner un contenu éducatif aux colonies de vacances".

L’argument de JM Blanquer ne manque pas de fond. En effet, les vacances creusent les inégalités entre les jeunes. D’abord parce que un jeune sur trois ne part pas en vacances. Ce taux double dans les quartiers de la politique de la ville (1.8 million de jeunes).

D’autre part une note de l’Iredu , en 2003, a mis en évidence l’importance des vacances pour le niveau scolaire et également celle du travail scolaire pendant les vacances. Quatre familles sur cinq en font faire durant les vacances mettant les cahiers de vacances au top des ventes pendant plusieurs semaines. Mais ce qu’ont montré aussi ces chercheurs c’est que "plus que le fait d’avoir travaillé, c’est le type d’activités réalisées qui va le plus nettement séparer les enfants". En fait on sait que les vacances profitent plus aux enfants qui font des activités scolaires, comme les cahiers de vacances, qu’à ceux qui n’en font pas. Mais elles profitent encore plus aux familles qui savent tirer les activités de vacances vers des compétences scolaires. Et là on retrouve plutôt la tradition des colonies de vacances qui savent développer des compétences sans les scolariser.

[...] Un plan trop ambitieux ?

Après deux mois de confinement l’envie d’évasion et de nature est grande dans le pays. Elle l’est encore plus chez les jeunes des quartiers défavorisés qui ont vécu le confinement dans les pires conditions. Chez les jeunes qui d’habitude na partent pas , un départ financé par les collectivités et l’Etat peut séduire.

Reste que le ministère a mis la barre très haut. Multiplier par plus de 5 les accueils dans le cadre des écoles ouvertes, qui sont organisés généralement dans le quartier ou à proximité semble très ambitieux. Avec un programme très ludique passer de 70 000 à 400 000 jeunes ne serait pas une mince affaire. Mais avec des maths et du français ou de la révision d’examen tous les matins ce serait un exploit. Le ministre dit que des élèves pourraient avoir un" soutien scolaire obligatoire" durant les vacances. On ne voit pas comment cela serait possible.

Il n’y a pas que les jeunes à trouver. Il faut aussi trouver des encadrants qui, pour école ouverte, sont généralement des enseignants. Le ministère a déjà du mal en année ordinaire à en trouver suffisamment. Multiplier leur nombre par 5 ne sera pas une mince affaire.

En tous cas le ministère ne semble pas vraiment convaincu du succès. Il compte sur les enseignants, les directeurs d’école et les chefs d’établissement pour vendre le dispositif aux parents. "En ce qui nous concerne, ce dispositif doit reposer strictement sur le volontariat des personnels de direction", nous a dit Franck Antraccoli, secrétaire général d’Id Fo, second syndicat des personnels de direction. Même avis au Snpden Unsa, le syndicat majoritaire. "Si les pressions locales se faisaient trop insistantes en direction des collègues nous serions amenés à réagir", nous a dit Philippe Vincent, secrétaire général.

Impérialisme ministériel

Avec le dispositif colonies de vacances apprenantes, le ministère de l’Education nationale et de la jeunesse étend son empire sur l’éducation populaire. Le dispositif rompt avec plus d’un demi siècle d’éducation populaire. L’éducation populaire n’a pas attendu JM BLanquer pour proposer des colonies de vacances éducatives. Elle a su développer des modes éducatifs qui ne sont pas scolaires. C’est ce qui a fait le succès des colonies dans leur grande époque. Avec le dispositif Blanquer c’est la forme scolaire qui investit les colonies. En échange de subventions, les associations qui vont adhérer au dispositif vont vendre leur âme et leur tradition. Il est vrai que beaucoup, depuis la fin du 20ème siècle, s’étaient converties aux lois du marché et aux loisirs sportifs recherchés par les publics favorisés.
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 08.06.20

 

 

Vacances "apprenantes" : JM Blanquer présente le plan du Gouvernement

Jean-Michel Blanquer, accompagné de Julien Denormandie et de Gabriel Attal, a présenté, ce 6 juin, le plan gouvernemental "Vacances apprenantes et tourisme solidaire" qui devrait mobiliser quelque 200 M€, avec un mot d’ordre, "dorénavant, la priorité, c’est les jeunes" (ou "en avant toute sur la jeunesse").

Parmi les 23 mesures du plan plusieurs concernent les colonies de vacances dont le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse rappelle qu’il voulait, déjà avant la crise, "un rebond". L’ambition cette année est que 250 000 enfants et jeunes, de 3 à 17 ans, s’inscrivent dans le programme "colonies de vacances apprenantes", dont 200 000 issus des "quartiers prioritaires de la politique de la Ville", ce qui justifie que le ministère de la Ville participe à hauteur de 80% au financement évalué à 100 M€, 20 M€ restant à la charge des collectivités (le plan n’évoque pas la participation d’enseignants à ces colonies de vacances, ndlr).

Pour "répondre à la pénurie de personnel (d’encadrement), le plan prévoit de "faciliter le financement" des BAFA et BAFD en permettant aux jeunes de "mobiliser leur compte personnel de formation et leur compte d’engagement citoyen". Gabriel Attal évoque un soutien de 30 M€ aux collectivités pour le financement des BAFA. Le secrétaire d’Etat évalue à 10 000 le besoin en animateurs. Julien Denormandie évoque aussi le recrutement de 1 500 adultes relais supplémentaires pour l’accompagnement des familles.

Un module complémentaire relatif aux consignes de sécurité lors des transports routiers sera intégré aux formations BAFA, ainsi que des modules optionnels sur la prise en charge des jeunes à besoins éducatifs particuliers. Les "étudiants futurs professeurs" bénéficieront "d’une information sur les possibilités de s’engager en tant qu’animateur ou directeur de centre de vacances".

Le dispositif "Ecole ouverte" vise cet été 400 000 enfants et jeunes (primaire, collèges, lycées, "en particulier professionnels"), "pour du renforcement le matin et des activités collectives (artistiques, sportives, culturelles...) l’après-midi". Interrogé par ToutEduc sur les liens avec le dispositif 2S2C et avec le "plan mercredi", Jean-Michel Blanquer parle d’une forme de cousinage avec les 2S2C : "Nous voulions plus d’activités sportives et culturelles, des liens plus forts entre le scolaire et le périscolaire." Le dispositif "école ouverte buissonnière" permettra des départs "à la campagne ou en zone littorale" et en "mini-camps sous tente". Figure par ailleurs au plan de travail des ministres la "simplification administrative" de la préparation des voyages scolaires par les enseignants, qui devrait donc être opérationnelle l’année prochaine.

Les accueils de loisirs (ou "centres aérés") pourront être "apprenants", et le CNED proposera gratuitement "des parcours d’apprentissage en ligne" pour tous les niveaux, du primaire au lycée. Une enveloppe de 30 M€ sera inscrite dans la loi de finances rectificative, afin de soutenir les collectivités.

Par ailleurs, l’Etat "et les Régions volontaires" s’associeront pour distribuer 300€ de chèques-vacances à 200 000 familles (soit 60 M€ dont 25 M€ pour l’Etat). Est également prévue une réforme de l’ANCV (l’Agence nationale des chèques-vacances) qui conservera le monopole de l’émission des chèques, mais qui verra "de nouveaux opérateurs privés" renforcer son action commerciale, notamment auprès des TPE-PME auxquelles elles n’avaient pas accès jusqu’à présent. Les caisses d’allocations familiales seront invitées à adhérer au service VACAF d’information sur les aides aux séjours familles et aux séjours enfants. Le réseau information jeunesse participera également à l’information sur les départs en vacances et les aides. Par ailleurs, l’accès au fonds "tourisme social investissement" verra sa capacité d’investissements tripler. L’Etat lancera "une campagne de communication auprès des entreprises afin de les sensibiliser au mécénat de compétences en faveur des centres de vacances du tourisme pour tous."

A noter encore, la semaine de soutien prévue fin août, notamment pour les élèves de CM2 qui vont entrer en 6ème avec des lacunes, n’entre pas dans le périmètre "vacances apprenantes". Interrogé par ToutEduc sur la possibilité de rendre obligatoire la participation à ce rattrapage pour certains élèves, Jean-Michel Blanquer répond "Pourquoi pas ?". Il parle d’une "forte implication", et souligne l’importance du respect du calendrier, donc que l’école aille bien jusqu’au 4 juillet.
Extrait de touteduc.fr du 07.06.20

 

« Vacances apprenantes, c’est ridicule » : des annonces fraîchement accueillies par des enseignants
Le ministre de l’Éducation nationale a présenté ce samedi le dispositif mis en place cet été par le gouvernement pour favoriser les vacances d’un million d’enfants. Des annonces fraîchement accueillies par certains enseignants. Tour d’horizon des réactions sur Twitter.

Permettre à « un million » d’élèves de rattraper pendant l’été 2020 le retard accumulé depuis le début du confinement lié au coronavirus, c’est l’objectif du dispositif « Vacances apprenantes », présenté ce samedi par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et le secrétaire d’État à la jeunesse Gabriel Attal.

Le dispositif doit permettre aux enfants de partir en vacances pour « s’amuser tout en rattrapant une partie de ce qui n’a pas pu être fait pendant l’année scolaire », a expliqué Jean-Michel Blanquer à Ouest-France.

Extrait de ouest-france.fr du 06.06.20

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