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Séminaire « mallette des parents » - Mercredi 25 mai 2016
Prendre connaissance de la mallette « égalité filles garçons » élaborée par l’académie de Versailles.
Objectifs :
- Prendre connaissance de la mallette « égalité filles garçons » élaborée par l’académie de Versailles
- Mutualiser les actions en cours
- Accompagner la généralisation de la « mallette des parents » : quelles propositions du réseau « mallette des parents » aux autres établissements ?
Ouverture par Luc Pham, directeur académique adjoint chargé des collèges
Monsieur Pham rappelle que le renforcement de la relation entre l’école et les familles demeure une ligne conductrice de notre action. Il est important de tenir le cap au moment où le ministère appelle à la généralisation du dispositif. La « mallette 6e » est arrivée dans tous les collèges de l’académie ; la mallette CP est parvenue dans toutes les écoles.
Le choix dans l’académie a été de placer au cœur de la réflexion « l’esprit mallette », c’est-à-dire le fait de rechercher des modalités efficaces pour un rapport apaisé et de confiance avec les familles. Il s’agissait lors des deux précédentes rencontres de mutualiser et d’échanger, de faciliter le travail en réseau, d’aller au-delà de la concurrence entre établissements qui existe dans l’académie du fait de son organisation, de mettre en place un maillage et une cohérence dans les approches.
Monsieur Pham apprécie qu’une collègue de l’académie de Versailles vienne présenter les travaux qu’elle conduit. L’approche dans le pilotage aujourd’hui a une dimension régionale. Ainsi, pour le DNB, le jury parisien a harmonisé sa façon de faire sur celle des académies voisines, Créteil et Versailles. Et quand on examine la carte avec laquelle les collectivités pensent l’évolution des territoires et notamment l’indicateur « pourcentage de familles monoparentales en fragilité sociale » on distingue très clairement un axe du nord du 93, du 93 et du nord de Paris. Les problématiques sont partagées au-delà des frontières administratives.
La mallette « égalité filles garçons » de l’académie de Versailles
Madame Houpert, IA IPR établissements et vie scolaire, chargée de mission « égalité filles garçons » dans l’académie de Versailles, présente la mallette « égalité filles garçons » qu’elle a élaborée avec un petit groupe de travail.
Cette mallette est disponible en ligne. Elle constitue un outil valorisé et mis à disposition par le ministère.
Le contexte du travail
Le groupe avait constaté un contexte difficile sur les questions de l’égalité : les tensions autour du mariage pour tous, les journées de retrait organisées dans certaines écoles, les incompréhensions autour de l’expérimentation de l’ABCD de l’égalité. Il a souhaité outiller les établissements pour faciliter la relation entre l’école et les familles sur ce sujet et proposer une approche pour dialoguer avec les parents.
Des clarifications conceptuelles
Madame Houpert rappelle quelques concepts souvent mêlés. La différence n’empêche pas l’égalité. L’égalité ne veut pas dire que tout le monde est pareil. Il s’agit de l’égalité des droits donnés aux uns et aux autres et d’une société qui s’efforce de tendre vers l’égalité. Elle analyse ensuite le brouillage autour de la notion d’identité. Il y a l’identité biologique : on naît fille, on naît garçon. Ensuite, l’éducation, la culture avec ce qu’elles disent des caractéristiques masculines et des caractéristiques féminines, viennent s’ajouter aux différences. Cela se fait par de petites phrases, des représentations, un ensemble qui n’est pas nécessairement conscient, mais aussi des normes comportementales. L’image de l’identité féminine, ou de l’identité masculine, a une allure naturelle alors qu’elle est en fait construite.
Monsieur Pham indique que ces représentations figées de ces rôles féminins ou masculins se retrouvent dans toutes les classes sociales. Ils ont pour effet de bloquer le développement et la liberté de chacun.
Madame Houpert rappelle quelques observations de chercheurs qui montrent l’impact des stéréotypes à l’école. Les enseignants interrogent plus les garçons quand il s’agit d’une réflexion, plus les filles quand il s’agit de réciter. Les filles sont dites plus « sages », les garçons plus « agités ». Un garçon turbulent sera placé à côté d’une fille : c’est le souci de la discipline qui anime le plan de classe et non la volonté de promouvoir la mixité et l’égalité.
Dans les contenus enseignés, de la même façon, une polémique récente a mis en évidence que le programme de lettres en première L ne mettait en avant que des auteurs masculins. Il y a été remédié. En histoire géographie les nouveaux programmes ont le souci de placer les femmes au côté des hommes dans les événements historiques – ainsi la position des femmes dans la guerre. Les résultats au DNB ont été analysés de façon sexuée dans l’académie de Caen en histoire géographie : certaines années il n’y a pas de différences notables entre les filles et les garçons, mais à d’autres il y a des pics de réussite des filles, ou bien des pics de réussite des garçons. Quand on se reporte aux sujets, on remarque que ceux qui portent sur la guerre correspondent à ces pics pour les garçons et des sujets sociétaux à des pics pour les filles. Ainsi les résultats scolaires sont touchés par la question de l’égalité entre les filles et les garçons.
Monsieur Pham rappelle que le premier pas consiste à prendre conscience des phénomènes ; il permet à chacun l’analyse de sa propre pratique. Un collègue souligne combien le corps enseignant lui-même est clivé sur la question et qu’il y a des débats en salle des professeurs. Il faut avoir sur ce sujet, dit-il, une véritable stratégie étayée par des valeurs personnelles, des convictions, des connaissances qui ne doivent pas s’appuyer sur la naturalité, sur ce que l’on observe et qui de fait est une construction (les filles « sages », les garçons « agités »). Il faut dans le dialogue avec les familles populaires être vigilant et combattre certaines représentations : les études longues ne sont pas que pour les garçons… Une collègue souligne qu’il est particulièrement important d’ouvrir l’orientation, que certains disent encore à une jeune fille qui veut exercer dans le bâtiment que ce n’est pas un métier « pour filles ». Elle propose de « déconstruire » les effets de l’environnement, de la famille, de l’école.
Madame Houpert parle elle de « naturalisation des compétences » qui ont des effets sur les projections pour la vie future avec les conditions de vie, l’image des femmes dans la société. Ainsi le poids de l’organisation de la vie de famille repose encore beaucoup sur les femmes qui subissent la pression de choisir la disponibilité à l’organisation du ménage, des repas, des études des enfants... Elle aborde le domaine de la vie relationnelle, terme préféré à la vie « affective » précédemment en usage, car relevant moins de l’intime, de la sphère privée. La vie relationnelle s’exerce aussi dans le cercle de la classe, dans l’école. Et l’on vise une vie relationnelle équilibrée pour chacun. C’est tout un champ en relation avec le climat scolaire.
Une collègue souligne à ce propos un contexte très spécifique des réseaux sociaux, d’internet, des jeux vidéos qui font entrer les jeunes générations dans la connaissance de la sexualité par la pornographie et les rôles les plus stéréotypés.
Madame Houpert rappelle que la télévision (même si les journaux télévisés sont peu regardés par les jeunes) met en avant trois hommes en position d’expertise pour une femme. Parfois, les jeunes filles n’ont pas la possibilité d’aller poursuivre leurs études dans un établissement jugé trop éloigné par la famille qui craint de perdre le contrôle. Elle indique que dans tous les milieux il y a une adhésion aux stéréotypes : c’est la raison pour laquelle le dialogue est difficile avec les parents. Elle signale l’existence du site Vigi-gender qui répand de petits livrets critiquant les pratiques de l’école et prétendant reposer sur des connaissances scientifiques. Elle met en garde contre des opinions en circulation qui peuvent être construites, raisonnées, même si elles sont erronées. Bien sûr il n’y a pas de recette pour porter un discours égalitaire.
Que fait l’école pour l’égalité ?
Ce que fait l’école est encadré par une convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes dans le système éducatif 2013-2018 (signée par les ministères chargé du travail, chargé du droit des femmes, chargé de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, chargé de l’agriculture…).
Il s’agit de
- développer une culture de l’égalité dans les pratiques pédagogiques et éducatives
- développer le respect mutuel. Il s’agit enfin de promouvoir la mixité des métiers et des formations. Il s’agit d’observer les situations scolaires et de s’assurer que la place des uns et des autres est respectées. Ainsi dans la cour de récréation. Une cour est souvent envahie par les jeux de ballons, le plus souvent pratiqué par les garçons. Un contre-exemple : dans un collège représenté dans le groupe, ce sont les filles basketteuses qui envahissent. Leur terrain est placé à côté du terrain de foot : ce qui fait que des garçons jouent au basket et des filles au foot. La préoccupation de l’espace de chacun est prolongé hors la classe, hors l’établissement, du fait du harcèlement et du cyberharcèlement et qui relève de notre responsabilité.
L’Onisep prend grand soin dans les fiches métiers de ne pas sexuer les métiers. La question de la force physique n’existe pratiquement plus dans la description des métiers. L’objectif est d’ouvrir, féminiser les métiers masculins, masculiniser les métiers féminins, établir une double mixité, autoriser les jeunes gens à choisir ce qui les intéresse, sans se laisser bloquer par des représentations toutes faites.
L’école quant à elle doit déconstruire les stéréotypes, elle doit faire vivre l’égalité dans les pratiques pédagogiques et éducatives, elle doit donner des chances égales aux filles et aux garçons. Madame Houpert cite une étude réalisée dans l’académie de Caen qui montre la puissance des représentations. Elle repose sur des questionnaires adressés à un très large panel d’étudiants en 2e année de licence, toutes formations confondues. On demandait aux étudiants de dire quel temps ils consacraient aux tâches ménagères. Quand ils habitaient dans leur famille, le temps consacré à ces tâches était le même, que le répondant soit une fille ou un garçon. Quand ils étaient en couple, même chose. En revanche, quand ils étaient en colocation, les réponses étaient très différentes. Les filles consacraient beaucoup plus de temps à ces tâches que les garçons. Elles se sentaient responsables et s’investissaient davantage.
Comment approcher cette question de l’égalité avec les parents sans affrontement ? Dans le contexte de contestation, il est apparu impossible de proposer l’organisation de débats comme dans les autres Mallettes des parents. Mais il fallait outiller les équipes. Le groupe a choisi de proposer dix fiches dans un classeur numérique qui évoquent toutes des situations ordinaires de façon à alimenter la vie quotidienne d’un établissement avec l’égalité – ce qui a été jugé par certains une approche modeste, puisqu’elle ne propose pas de grande réunion sur le sujet, et par d’autres une approche très ambitieuse, puisqu’il s’agit d’avoir le thème de l’égalité toujours présent à l’esprit.
Les fiches sont organisées autour de thématiques : apprendre ensemble, vivre ensemble, apprendre et vivre ensemble, s’orienter. Les fiches s’articulent toutes de la même façon : l’enjeu de la question, des illustrations de situation, des supports, des indications, des pistes. Elles regroupent de nombreuses données et documents.
La mallette des parents « égalité filles garçons »
Mutualisation des actions en cours et soutenir la généralisation de l’approche « mallette des parents »
Dans le contexte de la généralisation des pratiques qui favorisent des relations de confiance entre les familles et l’école :
Des principes qui émanent du groupe « mallette » :
- Créer des occasions de rencontre dans lesquelles il n’y a pas d’enjeux scolaires
- Créer des occasions de rencontre qui valorisent les réalisations et travaux des élèves
- Favoriser la convivialité et l’informel
- Favoriser la position de relais des parents délégués
- Prendre appui s’il y a lieu sur les associations du quartier (accompagnement à la scolarité, centre social…)
Des exemples d’actions et des contacts :
Un groupe de travail collège famille regroupant des responsables du collège, des parents volontaires, des associatifs du quartier qui élabore un plan de route, identifie des problèmes, crée des outils : charte des relations entre les familles et l’école, café des parents, créer un local pour les rencontres… (collège Clemenceau)
Un travail sur le cycle 3 dans le cadre du café des parents : le travail personnel des élèves, quelles attentes du côté des familles ? quelles attentes du côté de l’école ? (collège Clemenceau)
Un projet de « pique-nique de fin d’année » organisé par les parents (collège Suzanne Lacore), projet d’organisation par les parents d’un « repas du monde » (collège Clemenceau)
Un forum des métiers animé largement par les parents d’élèves (collège Gérard Philipe)
Une formation partagée entre les professeurs et les parents à la médiation (collège Marie Curie)
Une journée portes ouvertes pour les familles autour des réalisations de leurs enfants (le « printemps Rouault », collège Rouault)
Une approche continue dès la 4e de la question de l’orientation des élèves qui ne sont pas en réussite scolaire (collège Gérard Philipe, collège Flavien)
Des temps de rencontre informels autour d’un petit déjeuner (collège Gérard Philipe)
La création de services pour les parents : ateliers d’initiation à l’informatique ; ateliers pour l’utilisation de l’ENT (collège Aimé Césaire) ; atelier de pratique artistique ouvert aux parents pour créer une fresque (collège Suzanne Lacore)
« Papothèque » avec l’aide d’ethno-psychologues (collège Aimé Césaire)
Extrait du site de l’académie de Paris du 18.07.16 : Séminaire « mallette des parents » - Mercredi 25 mai 2016