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"Combien ou comment ?" : Jean-Michel Zakhartchouk relativise la question de la taille des classes

29 mai 2015

[...] L’autre exemple de la polarisation sur le quantitatif est l’éternelle revendication de la baisse du nombre d’élèves par classe. J’ai connu ces heures en petits groupes, parfois de cinq ou six élèves, totalement inefficaces parce qu’on n’avait pas pensé les contenus, le comment utiliser ces heures. Et ces classes de 15 bien difficiles à gérer, parce que sans vrais éléments moteurs, parce que trop homogènes, et en cas, j’aurais été preneur de dix élèves de plus avec quelques élèves un peu plus performants.

J’ai entendu parfois ces réflexions cocasses suite à un exposé en formation sur des pratiques pédagogiques innovantes : « oui, mais vous pouvez faire ça parce que vous êtes en ZEP, avec des effectifs bas ». En ce cas, je disais à mon interlocuteur qu’il pouvait facilement demander une mutation pour une zep, mais surtout que lorsqu’il faut prêter attention à autant d’élèves en difficulté, peu habitués à l’autonomie, il est bien plus difficile de gérer dix élèves que vingt ou trente. Il n’y a qu’un ministre bien éloigné des réalités des classes ordinaires (il s’agissait de Xavier Darcos, dans une intervention au Sénat) pour penser que le travail en petits groupes est si aisé (il l’est peut-être sur les conditions de travail, mais pas pour ce qui est de l’efficacité à long terme). La question des effectifs est souvent bien mal posée, même si j’admets bien volontiers qu’il y a des effets de seuil et qu’il est difficile de faire de la pédagogie différenciée à trente cinq en lycée. Mais bien d’autres considérations entrent en jeu, par exemple l’espace ou le climat général de l’établissement.

On pourrait multiplier les exemples et montrer qu’on est souvent loin des vraies questions de fond dans de nombreux articles sur l’école. Ah, s’il suffisait d’inscrire au programme telle notion pour qu’elle soit assimilée, ah, s’il suffisait de rajouter des heures de cours pour améliorer tel ou tel enseignement, de diminuer le nombre d’élèves par classe en prétendant qu’à 25 on ne peut pas faire ce qu’on ferait à 22, de donner à haute dose de l’accompagnement éducatif aux élèves qui ont des difficultés sans penser suffisamment les conditions de son efficacité et déjouer les effets pervers (garder le cours classique, puisqu’il y a de l’accompagnement pour ceux qui ne suivent pas) !

Bien sûr qu’il faut des moyens à l’école, mais sachons les utiliser avec intelligence et pertinence. Peut-être que parfois il vaut mieux consacrer quelques heures de plus à se concerter que d’utiliser des heures sans avoir réfléchi à leur utilisation. Ce sera d’ailleurs un des enjeux de l’utilisation du volant d’heures accordé aux établissements en 2016 pour mettre en œuvre la réforme. OK pour réclamer des moyens (1) » Mais utilisons ces moyens au service d’une école plus juste et plus efficace !

(1) petit rappel du rapport Delahaye à propos des heures de colle en prépa : « En 2013, la somme consacrée à cette dépense sur le budget de l’enseignement scolaire a été de 70,4 millions d’euros pour 83520 étudiants de CPGE, soit 843 euros par élève, à comparer aux 270 millions d’euros pour l’accompagnement éducatif pour 893000 élèves, soit 302 euros par élève. Ajoutons que les crédits consacrés aux heures de colle ont augmenté deux fois plus vite que le nombre d’étudiants sur la période 2002-2012.

Extrait de educpros.fr/Jean-Michel-Zakhartchouk : Combien ou comment ?

 

Consulter aussi l’article de Jean-Pierre VERAN du 27.05.2015 sur Mediapart : Taille des classes et réussite scolaire : où en est-on ?

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