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4,4 millions de personnes vivent dans un de ces quartiers où les familles nombreuses et monoparentales sont plus fréquentes. Comment vivent-elles ? Comment y grandissent leurs enfants ? [...]
Les plus insatisfaits sont souvent les jeunes qui y sont nés et ne peuvent plus supporter ce quartier. Ils ont l’impression qu’élever leurs enfants ici représente un handicap pour leur avenir », constate Jacques Barou, anthropologue, chercheur au CNRS à Grenoble.
[...] « Les parents se soucient de l’éducation de leurs enfants, mais se sentent souvent dépassés. Leurs adolescents sont parfois mieux adaptés qu’eux à la société française. Ils ne se jugent pas légitimes pour exercer leur autorité, ils ont plus de doutes. [...] Ils expriment souvent la peur que les services sociaux viennent prendre leurs enfants », observe Bénédicte Goussault, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paris XII-Créteil, qui a suivi des groupes de parole à Aulnay-sous-Bois et à Pierrefitte-sur-Seine (2).
[...] Mais ce que je vois surtout à Marseille, ce sont les incompréhensions entre les générations, notamment chez les musulmans. Les plus jeunes sont souvent dans le rejet, la radicalisation. On assiste aussi à une ghettoïsation des cités. C’est dramatique, car la seule issue pour ces jeunes, c’est l’ouverture sur le monde. »
Selon le rapport 2010 de l’Onzus (Observatoire national des zones urbaines sensibles), le sentiment d’insécurité reste plus élevé qu’ailleurs, même s’il recule. Conséquence ? « Les familles cherchent à éviter le contact, par crainte que les enfants des voisins exercent une mauvaise influence sur les leurs. Elles ont souvent peur de l’espace public et qu’ils leur échappent »...
[...] « il existe une vraie communauté enfantine dans ces quartiers. Certains s’y trouvent bien, se constituent en bandes. Cependant, ceux qui appartiennent à un groupe minoritaire, social ou ethnique, peuvent aussi y être très malheureux ».
Extrait de lacroix.fr du 16.02.11 : Vivre en famille dans un quartier sensible