Militante lycéenne de la ZEP de Clichy-sous-Bois (93)

15 avril 2005

Extrait de « Libération » du 14.04.05 : Sabrina, pasionaria de la banlieue

Cette élève a fait de son lycée le moteur de la contestation en Seine-Saint-Denis.
Elle a la voix cassée, comme tous les leaders du mouvement lycéen, à la onzième semaine de mobilisation. Une grosse voix éraillée qui tranche avec son allure ultraféminine. Sabrina Amarache, 18 ans, élève en terminale littéraire et déléguée de classe, électrise le lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Un lycée planté au milieu de cités, dans cette ville qui n’a pas de centre. Clichy-sous-Bois se classe parmi les communes les plus pauvres de France. Son lycée, sans passé politique, est aujourd’hui un moteur de la contestation contre la loi Fillon dans le département.

« Au début, on ne savait pas comment s’y prendre », explique la lycéenne. Alfred-Nobel est à 15 kilomètres de Paris, à vol d’oiseau. Mais il faut une heure trente pour s’y rendre par les transports en communs. « Je voulais montrer que Nobel n’est pas coupé de tout. On a bossé la réforme avec les moyens du bord. Et fabriqué des banderoles à l’entrée du lycée pour que tout le monde s’y mette. On a reçu des oeufs de la cité d’en face : normal, on volait la vedette. » A l’intérieur du lycée aussi des élèves jouent aux caïds et ricanent. Il y a d’un côté la filière générale, de l’autre la filière technique : « Le côté obscur », résume Sabrina. Elle traverse la cour. Serre les mains des garçons, discute : « Je leur ai parlé avec mes mots. De ma grand-mère qui n’est jamais allée à l’école en Kabylie, de nos parents qui se sont battus pour passer les frontières et nous envoyer à l’école. C’est un droit qu’on a tous et il faut le défendre. Pour nos petits frères, nos petites soeurs. » Les gars l’écoutent. Elle les emmène en manif et leur confie l’organisation du service d’ordre.

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Marie-Joëlle GROS

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