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Les violences au collège ZEP Sévigné de Roubaix avec interpellations en classe et mise en examen d’élèves (dossier)

20 mars 2005

Extrait de « La Voix du Nord.fr » du 18.03.05 : Roubaix : deux jeunes interpellés et menottés en classe

Victime de tensions depuis plusieurs jours, le collège Sévigné a connu, hier matin, une intervention policière dans ses murs.

A moins d’être totalement irresponsables, les jeunes auteurs présumés de jets de bouteilles d’acide, ces derniers jours (nos précédentes éditions), dans l’enceinte du collège Sévigné de Roubaix, devaient bien s’attendre à répondre, un jour ou l’autre, de leurs actes délictueux. Néanmoins, la rapidité de l’enquête, le lieu de leur interpellation et la manière les ont sans doute surpris.
En effet, c’est en plein cours d’anglais, hier matin, sous les yeux de leurs camarades, que des policiers du commissariat central de Roubaix sont venus cueillir ces deux élèves de troisième, âgés de seize ans, emmenés menottés dans la foulée, pour être placés en garde à vue.
« Il fallait rétablir l’ordre et assurer la sécurité des personnels. » Michel Durand, inspecteur d’académie adjoint de la zone métropole, assume complètement l’opération policière menée dans le collège aux alentours de 9h30. « Maintenant, les conditions devraient être réunies pour que l’établissement fonctionne normalement. Il faut nous remettre au travail avec sérénité. »

Une sérénité qui faisait sérieusement défaut depuis plusieurs semaines dans ce collège classé en ZEP, doté de gros moyens en matière de lutte contre la violence, mais qui avait à subir les provocations et les agressions incessantes d’une dizaine d’élèves. « Clairement identifiés et qui auraient dû être expulsés depuis longtemps », selon l’inspection académique. Leur attitude et leurs méfaits déborderaient même le cadre strict du collège, pour empoisonner tout le quartier.

« Droit de retrait »

Véritable lynchage d’une CPE avec des boules de neige, lancers d’oeufs et de tomates sur les profs, bouteilles d’acide jetées dans la cour : la pression était devenue telle que les professeurs avaient fait valoir leur « droit de retrait », vendredi et lundi, ne s’estimant plus en sécurité.

Droit par ailleurs contesté par l’inspection académique, qui considère l’action du corps enseignant comme un mouvement de grève.

On pensait la situation apaisée au cours de la journée de mardi avec la visite, dans les classes, du « policier référent » de Sévigné, comme en possèdent tous les établissements dits sensibles. Venu écouter, informer et rassurer les personnels sur leurs droits, il était reparti confiant, sûr « que le calme serait rétabli très rapidement ». De son côté, la principale du collège portait plainte « contre X », étape obligatoire avant d’éventuelles poursuites contre les responsables des violences.

« Opération cow-boy »

L’enquête a donc été diligentée avec la promptitude et la façon de procéder citées plus haut. « Opération cow-boy », selon un professeur, « grand spectacle », selon un autre : l’interpellation des deux jeunes dans l’enceinte même du collège a choqué les enseignants. Et aurait provoqué un effet contraire à celui escompté. « Les élèves étaient surexcités pendant la récréation », raconte une jeune professeur, que l’intrusion policière « a foutue en rogne ». « Après ça, les menaces, on ne les compte plus. Sans parler du traumatisme sur les enfants. »

L’affaire alimentera probablement toutes les conversations du collège Sévigné aujourd’hui. Avec le sentiment d’une épine enlevée du pied pour certains et la rage envers les institutions pour d’autres. « C’est maintenant que recommence le travail de fond », affirmait hier après-midi l’inspecteur d’académie.

Laurent Breye.

 

Extrait du « Monde » du 19.03.05 : trois collégiens de Roubaix mis en examen suite à des violences

Le collège Sévigné de Roubaix a été paralysé, vendredi, par une opération "collège mort", pour dénoncer les violences au sein de l’établissement qui ont conduit mercredi à l’interpellation controversée de deux élèves en pleine classe.

Vendredi soir 18 mars, deux élèves et un ancien élève ont été mis en examen pour "fabrication et détention d’engins explosifs" et "violence avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours"

Le procureur de la République de Lille, Philippe Lemaire, avait requis la mise en examen des deux collégiens, de 14 et 16 ans, interpellés en classe. Un seul l’a finalement été, le plus âgé ayant été entendu comme témoin assisté par le juge chargé de l’enquête sur les violences dans ce collège classé en ZEP. Les deux autres mineurs mis en examen sont un collégien et un ancien élève exclu pour port d’arme prohibé, âgés de 12 et 14 ans, interpellés jeudi hors de l’établissement. Ils risquent cinq ans d’emprisonnement. Les trois ont été remis à leur famille, mais placés sous la tutelle de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Vendredi matin, devant les grilles du collège où ils ont accroché des pancartes proclamant l’innocence de leurs camarades, une quarantaine de collégiens chahutaient, en dénonçant l’intervention des policiers dans la classe. "C’est collège mort, on a demandé aux parents de garder les élèves chez eux", a déclaré Sabine Lebacq, une parente d’élève, qui regrettait la présence des enfants devant l’établissement. Seule une dizaine des 480 élèves est allée en cours vendredi matin, parfois sous les huées des autres.

"Lente montée des comportements déviants"

Les policiers sont intervenus mercredi en classe accompagnés de la principale "cinq minutes avant la fin du cours", a raconté Sarah, élève de 3e. Ils ont, selon elle, expliqué aux élèves les peines de prison encourues pour des jets de bouteille d’acide avant de menotter les collégiens. "Ils sont sortis pendant la récréation devant tout le monde. Ils avaient pas à faire ça", s’est insurgé Damien, un autre collégien.

Dans une déclaration lue à la presse, les professeurs ont déploré de ne pas avoir été entendus, alors qu’ils affirment avoir "à de nombreuses reprises alerté la direction sur la lente montée des comportements déviants". "Le recours à la police a été proposé par l’Inspection académique et mis en oeuvre par la principale du collège. Les professeurs consultés ont mis en garde contre les dérives probables", ont-ils dénoncé, précisant que cette déclaration avait été approuvée par les parents d’élèves.

Pour le procureur de Lille, "il y a une place pour l’éducation et une place pour l’action de la justice (...) On avait à faire à des faits délictueux et il n’y a pas de sanctuaire dans la République". L’inspecteur d’académie du Nord, Michel Soussan, avait regretté jeudi "les modalités de l’interpellation" et demandé l’ouverture d’une enquête administrative sur ces faits et la situation au collège Sévigné.

Avec AFP

 

Extrait du « Nouvel Observateur » du 19.03.05 : interpellations en classe, la police montrée du doigt

Après l’interpellation en classe de deux collégiens, la FSU et l’inspecteur d’Académie du Nord dénoncent les modalités de l’opération. Les jeunes vont être mis en examen.
La procureur de la République de Lille Philippe Lemaire a requis la mise en examen de trois élèves et d’un ancien élève du collège Sévigné de Roubaix (Nord) interpellés mercredi et jeudi, a-t-il annoncé vendredi 18 mars au cours d’une conférence de presse.

Il a requis leur mise en examen pour "fabrication et détention d’engins explosifs" et "violence avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours", mais n’a pas requis de mandat de dépôt, alors qu’ils étaient présentés à un juge d’instruction vendredi.
Après une série d’incidents au collège, dont le jet de bouteilles d’acide, deux élèves de 14 et 16 ans avaient été interpellés mercredi matin en classe, menottés devant leurs camarades. Un ancien élève, exclu pour port d’arme prohibé, et un autre élève, tous deux âgés de 12 et 14 ans, ont été interpellés jeudi en dehors de l’établissement.
Ils risquent cinq ans d’emprisonnement, a précisé Philippe Lemaire.

(...)

"La principale (du collège) a estimé, cela est de sa responsabilité, qu’il était urgent, impératif de procéder à une interpellation pour prévenir d’autres faits, d’autres violences", a-t-il expliqué.

 

Extrait de « L’Express » du 18.03.05 : "Collège mort" à Roubaix contre les violences, mises en examen requises.

Le collège Sévigné de Roubaix (Nord) était paralysé vendredi par une opération "collège mort", pour dénoncer les violences au sein de l’établissement qui ont conduit mercredi à l’interpellation contestée de deux élèves en pleine classe.

Vendredi matin, le procureur de la République de Lille Philippe Lemaire a requis la mise en examen de ces deux collégiens de 14 et 16 ans pour "fabrication et détention d’engins explosifs" et "violence avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours".

Le procureur, qui n’a pas requis de mandat de dépôt, a demandé la mise en examen pour les mêmes motifs d’un autre collégien et d’un ancien élève exclu pour port d’arme prohibé, tous deux âgés de 12 et 14 ans.

Ils risquent cinq ans d’emprisonnement, a précisé M. Lemaire.

Après une série d’incidents dans ce collège classé en ZEP, dont le jet de bouteilles d’acide, les deux élèves de 14 et 16 ans avaient été interpellés mercredi matin en classe et menottés devant leurs camarades. Les deux autres avaient été interpellés le lendemain en dehors de l’établissement.

Devant les grilles du collège où ils ont accroché des pancartes proclamant l’innocence de leurs camarades, une quarantaine de collégiens chahutaient vendredi matin et jouaient au foot, tout en dénonçant l’intervention des policiers dans la classe.

"C’est collège mort, on a demandé aux parents de garder les élèves chez eux" a confié Sabine Lebacq, une parente d’élève, en regrettant la présence des enfants devant l’établissement.

Seule une dizaine des 480 élèves est allée en cours vendredi matin, parfois sous les huées des autres.

Les policiers sont arrivés mercredi en classe accompagnés de la principale "cinq minutes avant la fin du cours", a raconté Sarah, élève de 3ème. Ils ont, selon elle, expliqué aux élèves les peines de prison encourues pour des jets de bouteille d’acide avant de menotter les collégiens.

"Ils sont sortis pendant la récréation devant tout le monde. Ils avaient pas à faire ça", s’est insurgé Damien, un autre collégien.

Dans une déclaration lue à la presse, les professeurs ont déploré de ne pas avoir été entendus, alors qu’ils affirment avoir "à de nombreuses reprises alerté la direction sur la lente montée des comportements déviants".

"Le recours à la police a été proposé par l’Inspection académique et mis en oeuvre par la principale du collège. Les professeurs consultés ont mis en garde contre les dérives probables", ont-ils dénoncé, précisant que cette déclaration avait été approuvée par les parents d’élèves.

Pour le procureur de Lille, "il y a une place pour l’éducation et une place pour l’action de la justice (...) On avait à faire à des faits délictueux et il n’y a pas de sanctuaire dans la République".

L’inspecteur d’académie du Nord, Michel Soussan, avait regretté jeudi "les modalités de l’interpellation" et demandé l’ouverture d’une enquête administrative sur ces faits et la situation au collège Sévigné.

"C’est vrai qu’il y a un peu de violence mais pas plus qu’ailleurs", s’est étonnée Emilie, élève de 3ème.

Goguenard, un élève de 6ème aux lourdes lunettes a rappelé qu’avant les jets de bouteille d’acide, les élèves s’amusaient à lancer des boules de neige sur "les profs, les vitres, les surveillants". Puis des jets d’oeufs et de tomates pourries "quand il y avait plus de neige".

 

Extrait de « La Voix du Nord.fr » du 18.03.05 : Roubaix : deux jeunes interpellés et menottés en classe

Victime de tensions depuis plusieurs jours, le collège Sévigné a connu, hier matin, une intervention policière dans ses murs.

A moins d’être totalement irresponsables, les jeunes auteurs présumés de jets de bouteilles d’acide, ces derniers jours (nos précédentes éditions), dans l’enceinte du collège Sévigné de Roubaix, devaient bien s’attendre à répondre, un jour ou l’autre, de leurs actes délictueux. Néanmoins, la rapidité de l’enquête, le lieu de leur interpellation et la manière les ont sans doute surpris.
En effet, c’est en plein cours d’anglais, hier matin, sous les yeux de leurs camarades, que des policiers du commissariat central de Roubaix sont venus cueillir ces deux élèves de troisième, âgés de seize ans, emmenés menottés dans la foulée, pour être placés en garde à vue.
« Il fallait rétablir l’ordre et assurer la sécurité des personnels. » Michel Durand, inspecteur d’académie adjoint de la zone métropole, assume complètement l’opération policière menée dans le collège aux alentours de 9h30. « Maintenant, les conditions devraient être réunies pour que l’établissement fonctionne normalement. Il faut nous remettre au travail avec sérénité. »

Une sérénité qui faisait sérieusement défaut depuis plusieurs semaines dans ce collège classé en ZEP, doté de gros moyens en matière de lutte contre la violence, mais qui avait à subir les provocations et les agressions incessantes d’une dizaine d’élèves. « Clairement identifiés et qui auraient dû être expulsés depuis longtemps », selon l’inspection académique. Leur attitude et leurs méfaits déborderaient même le cadre strict du collège, pour empoisonner tout le quartier.

« Droit de retrait »

Véritable lynchage d’une CPE avec des boules de neige, lancers d’oeufs et de tomates sur les profs, bouteilles d’acide jetées dans la cour : la pression était devenue telle que les professeurs avaient fait valoir leur « droit de retrait », vendredi et lundi, ne s’estimant plus en sécurité.

Droit par ailleurs contesté par l’inspection académique, qui considère l’action du corps enseignant comme un mouvement de grève.

On pensait la situation apaisée au cours de la journée de mardi avec la visite, dans les classes, du « policier référent » de Sévigné, comme en possèdent tous les établissements dits sensibles. Venu écouter, informer et rassurer les personnels sur leurs droits, il était reparti confiant, sûr « que le calme serait rétabli très rapidement ». De son côté, la principale du collège portait plainte « contre X », étape obligatoire avant d’éventuelles poursuites contre les responsables des violences.

« Opération cow-boy »

L’enquête a donc été diligentée avec la promptitude et la façon de procéder citées plus haut. « Opération cow-boy », selon un professeur, « grand spectacle », selon un autre : l’interpellation des deux jeunes dans l’enceinte même du collège a choqué les enseignants. Et aurait provoqué un effet contraire à celui escompté. « Les élèves étaient surexcités pendant la récréation », raconte une jeune professeur, que l’intrusion policière « a foutue en rogne ». « Après ça, les menaces, on ne les compte plus. Sans parler du traumatisme sur les enfants. »

L’affaire alimentera probablement toutes les conversations du collège Sévigné aujourd’hui. Avec le sentiment d’une épine enlevée du pied pour certains et la rage envers les institutions pour d’autres. « C’est maintenant que recommence le travail de fond », affirmait hier après-midi l’inspecteur d’académie.

Laurent Breye.

 

Extrait du « Monde » du 18.03.05 : quatre collégiens de Roubaix mis en examen suite à plusieurs incidents.

Le collège Sévigné de Roubaix était paralysé, vendredi 18 mars, par une opération "collège mort", pour dénoncer les violences au sein de l’établissement qui ont conduit, mercredi, à l’interpellation contestée de deux élèves en pleine classe.

Le procureur la République de Lille, Philippe Lemaire, a demandé, vendredi 18 mars, la mise en examen de quatre mineurs interpellés après plusieurs incidents au collège Sévigné. Il a requis la mise en examen de deux collégiens de 14 et 16 ans pour "fabrication et détention d’engins explosifs" et "violence avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours. » Ils risquent cinq ans d’emprisonnement, a précisé M. Lemaire.
Le procureur, qui n’a pas requis de mandat de dépôt, a demandé la mise en examen pour les mêmes motifs d’un autre collégien et d’un ancien élève exclu pour port d’arme prohibé, tous deux âgés de 12 et 14 ans. "Je regrette les modalités de ces arrestations, une enquête interne est en cours pour comprendre la situation", a-t-il dit.

Après une série d’incidents dans ce collège classé en ZEP, dont le jet de bouteilles d’acide, les deux élèves de 14 et 16 ans avaient été interpellés mercredi matin en classe et menottés devant leurs camarades. Les deux autres avaient été interpellés le lendemain en dehors de l’établissement.

Intervention policière

Devant les grilles du collège où ils ont accroché des pancartes proclamant l’innocence de leurs camarades, une quarantaine de collégiens chahutaient vendredi matin et jouaient au foot, tout en dénonçant l’intervention des policiers dans la classe. "C’est collège mort, on a demandé aux parents de garder les élèves chez eux", a confié Sabine Lebacq, une parente d’élève, en regrettant la présence des enfants devant l’établissement. Seule une dizaine des 480 élèves est allée en cours vendredi matin, parfois sous les huées des autres.

Les policiers sont arrivés mercredi en classe, accompagnés de la principale, "cinq minutes avant la fin du cours", a raconté Sarah, élève de 3e. Ils ont, selon elle, expliqué aux élèves les peines de prison encourues pour des jets de bouteille d’acide avant de menotter les collégiens. "Ils sont sortis pendant la récréation devant tout le monde. Ils avaient pas à faire ça", s’est insurgé Damien, un autre collégien.

Dans une déclaration lue à la presse, les professeurs ont déploré de ne pas avoir été entendus, alors qu’ils affirment avoir "à de nombreuses reprises alerté la direction sur la lente montée des comportements déviants". "Le recours à la police a été proposé par l’inspection académique et mis en œuvre par la principale du collège. Les professeurs consultés ont mis en garde contre les dérives probables", ont-ils dénoncé, précisant que cette déclaration avait été approuvée par les parents d’élèves.

Ouverture d’une enquête administrative

Pour le procureur de Lille, "il y a une place pour l’éducation et une place pour l’action de la justice. (...) On avait affaire à des faits délictueux et il n’y a pas de sanctuaire dans la République".

L’inspecteur d’académie du Nord, Michel Soussan, avait regretté jeudi "les modalités de l’interpellation" et demandé l’ouverture d’une enquête administrative sur ces faits et la situation au collège Sévigné. "C’est vrai qu’il y a un peu de violence mais pas plus qu’ailleurs", s’est étonnée Emilie, élève de 3ème.

Goguenard, un élève de 6e aux lourdes lunettes a rappelé qu’avant les jets de bouteille d’acide, les élèves s’amusaient à lancer des boules de neige sur "les profs, les vitres, les surveillants". Puis des jets d’œufs et de tomates pourries "quand il y avait plus de neige".

Avec AFP et Reuters

 

Extrait du « Figaro » du 18.03.05 : remous après deux arrestations en classe

L’inspection d’académie du Nord a dit hier « regretter les modalités » de l’interpellation par la police de deux élèves, en pleine classe, mercredi, au collège Sévigné de Roubaix (Nord), où plusieurs faits de violence se sont produits ces derniers jours. Des voix se sont également élevées chez les syndicats contre ces arrestations. Gérard Aschieri, le secrétaire général de la FSU, a ainsi estimé que cette intervention était « peu compatible avec la dimension éducative ». La police était intervenue à la demande de la principale du collège et des enseignants qui jugeaient que la sécurité n’était plus assurée. Cette double arrestation relance le débat sur les difficiles relations entre l’école et la police.

Ils sont une cinquantaine, à la fois excités et bien canalisés par leur chef, M., un grand adolescent en pull polaire rouge. Hier matin, ces élèves du collège Sévigné de Roubaix (Nord), un établissement classé en ZEP, ont refusé de se rendre en classe. L’objet de leur contestation : la veille, Zouhair et Omar, élèves de troisième, ont été arrêtés et menottés en pleine classe, avant d’être emmenés par la police.

Les deux adolescents de 16 ans sont accusés d’avoir jeté des bouteilles d’acide dans la cour de l’établissement en début de semaine. Ce geste a mis tout le collège en émoi et la direction a porté plainte contre X. Face à la « poussée de violence » d’une dizaine de jeunes de cet « établissement sensible » qui accueille 480 élèves, les enseignants, soutenus par les parents, ont cessé de travailler en début de semaine, invoquant leur « droit de retrait ». Le collège a même été placé mardi sous la protection de la police à l’issue d’une réunion entre enseignants et la direction de l’établissement qui estiment « la sécurité des élèves et des adultes en danger ».

Il est vrai que le lancement des bouteilles d’acide n’est que la dernière d’une série de violences. Il y a deux semaines, une conseillère principale d’éducation est attaquée à coups de boules de neige. L’agression la blesse au visage. Les jours suivants, d’autres adultes sont bombardés avec des tomates et des oeufs. Enfin, le « summum » : la pluie de fioles gavées d’acide dans la cour... . Hier, deux autres adolescents ont d’ailleurs été interpellés pour cette affaire à l’extérieur de l’établissement.

L’arrestation en pleine classe de Zouhair et Omar, mercredi matin, a non seulement déclenché un tollé chez les jeunes du collège, elle a aussi rendu étrangement silencieux la direction, les enseignants et les parents d’élèves. « J’aurais envoyé la police chez les gosses, pour interpeller les parents, pas dans les classes », souffle un enseignant. L’inspecteur d’académie a, lui, tenu une conférence de presse pour dire qu’il « regrettait les modalités de ces interpellations sur le temps scolaire, dans la classe ». Les quatre mineurs interpellés étaient encore en garde à vue hier après-midi, selon la police.

Quelques jours auparavant, la principale du collège avait pourtant estimé qu’il était de « sa responsabilité, qu’il était urgent, impératif de procéder à une interpellation pour prévenir d’autres faits, d’autres violences ». Deux « caïds » supposés avaient donc été pointés du doigt. Une façon de marquer les esprits.

Le collège Sévigné a une longue tradition d’établissement difficile. Mais, selon certains enseignants, il avait réussi à remonter un peu la pente entre septembre 2000 et juin 2004. Selon l’inspection académique, « d’énormes moyens » ont été mis dans ce collège classé en ZEP, qui bénéficie d’un encadrement renforcé dans le cadre d’un réseau expérimental de lutte contre la violence (RELV).

« Le collège avait repris une vie normale. On orientait les élèves sans trop de problème. En huit mois, tout s’est dégradé de nouveau », soupire une mère d’élève qui regrette « l’autorité naturelle » de l’ancien principal.

De nombreux parents, désemparés, évoquent ouvertement leur désir d’inscrire leurs enfants ailleurs. Mais où aller ? « Bien sûr, la réponse de l’autre école sera : « Et vous croyez qu’on va vous accepter ?, soupire un père de famille amer. Pour recommencer chez nous ce que vous avez fait au collège Sévigné ? »

Dalil Kenz

 

Extrait du site « France3.fr » le 15.03.05 : des enseignants d’un collège de Roubaix invoquent leur "droit de retrait"

(...) Une conseillère principale d’éducation a été blessée au visage à coups de boules de neige par des élèves du collège Sévigné. Selon l’Inspection académique, le principal responsable a alors été interpellé. La principale adjointe du collège a ensuite été visée avec des oeufs. Une bouteille contenant de l’acide a également été trouvée à proximité du collège et plusieurs élèves auraient été incommodés, a-t-on précisé de même source.

Des enseignants ont fait état pour leur part de jets de plusieurs bouteilles de ce type et ont invoqué leur "droit de retrait" vendredi et lundi pour protester contre l’absence de mesures pour faire face à cette situation. (...) Le collège classé en ZEP compte quelque 480 élèves et bénéficie d’un encadrement renforcé dans le cadre d’un Réseau expérimental de lutte contre la violence (RELV). Les enseignants et la direction de l’établissement devaient se réunir mardi pour tenter de trouver des solutions.

 

Extrait du « Monde » du 18.03.05 : quatre collégiens de Roubaix mis en examen suite à plusieurs incidents.

Le collège Sévigné de Roubaix était paralysé, vendredi 18 mars, par une opération "collège mort", pour dénoncer les violences au sein de l’établissement qui ont conduit, mercredi, à l’interpellation contestée de deux élèves en pleine classe.

Le procureur la République de Lille, Philippe Lemaire, a demandé, vendredi 18 mars, la mise en examen de quatre mineurs interpellés après plusieurs incidents au collège Sévigné. Il a requis la mise en examen de deux collégiens de 14 et 16 ans pour "fabrication et détention d’engins explosifs" et "violence avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours. » Ils risquent cinq ans d’emprisonnement, a précisé M. Lemaire.
Le procureur, qui n’a pas requis de mandat de dépôt, a demandé la mise en examen pour les mêmes motifs d’un autre collégien et d’un ancien élève exclu pour port d’arme prohibé, tous deux âgés de 12 et 14 ans. "Je regrette les modalités de ces arrestations, une enquête interne est en cours pour comprendre la situation", a-t-il dit.

Après une série d’incidents dans ce collège classé en ZEP, dont le jet de bouteilles d’acide, les deux élèves de 14 et 16 ans avaient été interpellés mercredi matin en classe et menottés devant leurs camarades. Les deux autres avaient été interpellés le lendemain en dehors de l’établissement.

Intervention policière

Devant les grilles du collège où ils ont accroché des pancartes proclamant l’innocence de leurs camarades, une quarantaine de collégiens chahutaient vendredi matin et jouaient au foot, tout en dénonçant l’intervention des policiers dans la classe. "C’est collège mort, on a demandé aux parents de garder les élèves chez eux", a confié Sabine Lebacq, une parente d’élève, en regrettant la présence des enfants devant l’établissement. Seule une dizaine des 480 élèves est allée en cours vendredi matin, parfois sous les huées des autres.

Les policiers sont arrivés mercredi en classe, accompagnés de la principale, "cinq minutes avant la fin du cours", a raconté Sarah, élève de 3e. Ils ont, selon elle, expliqué aux élèves les peines de prison encourues pour des jets de bouteille d’acide avant de menotter les collégiens. "Ils sont sortis pendant la récréation devant tout le monde. Ils avaient pas à faire ça", s’est insurgé Damien, un autre collégien.

Dans une déclaration lue à la presse, les professeurs ont déploré de ne pas avoir été entendus, alors qu’ils affirment avoir "à de nombreuses reprises alerté la direction sur la lente montée des comportements déviants". "Le recours à la police a été proposé par l’inspection académique et mis en œuvre par la principale du collège. Les professeurs consultés ont mis en garde contre les dérives probables", ont-ils dénoncé, précisant que cette déclaration avait été approuvée par les parents d’élèves.

Ouverture d’une enquête administrative

Pour le procureur de Lille, "il y a une place pour l’éducation et une place pour l’action de la justice. (...) On avait affaire à des faits délictueux et il n’y a pas de sanctuaire dans la République".

L’inspecteur d’académie du Nord, Michel Soussan, avait regretté jeudi "les modalités de l’interpellation" et demandé l’ouverture d’une enquête administrative sur ces faits et la situation au collège Sévigné. "C’est vrai qu’il y a un peu de violence mais pas plus qu’ailleurs", s’est étonnée Emilie, élève de 3ème.

Goguenard, un élève de 6e aux lourdes lunettes a rappelé qu’avant les jets de bouteille d’acide, les élèves s’amusaient à lancer des boules de neige sur "les profs, les vitres, les surveillants". Puis des jets d’œufs et de tomates pourries "quand il y avait plus de neige".

Avec AFP et Reuters

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