Féministe issue de ZEP

10 mars 2005

Extrait du « Parisien » du 08.03.05 : « C’est obligé, ils devront partager le terrain ».

Marie, 18 ans, étudiante en hypokhâgne.

Elle a des mitaines roses, des boucles d’oreilles fluo et dans son sac « le Midi olympique », le journal du rugby, un sport qu’elle adore. A 18 ans, Marie, étudiante en hypokhâgne, se voit déjà journaliste sportive. « Et ça n’est pas parce que les hommes du Stade de France posent nus dans un calendrier ! » Pour elle, se projeter dans un monde viril apparaît naturel. Ce n’est pas pour autant qu’elle toise la journée d’aujourd’hui. « Les femmes votent depuis soixante ans mais il faut continuer de défendre l’égalité entre les sexes. Pas à la façon des Chiennes de garde qui veulent changer le nom école maternelle en école enfantine, c’est ringard. Ce qui est essentiel, c’est qu’à diplôme égal, les femmes gagnent autant que les hommes, que les filles dans les cités ne soient plus traitées de pétasses parce qu’elles sont en minijupe ».

« Je n’aimerais pas voir un homme réduit à la vaisselle »

Elle sait de quoi elle parle, elle vient d’un collège classé ZEP. Elle n’a pourtant pas l’âme d’une militante. « Je suis un électron libre. Je ne me sens pas d’avis assez tranché pour soutenir un mouvement. Même sur le voile, je n’ai pas d’opinion définitive. » Elle s’est inscrite sur les listes électorales pour participer au vote sur le référendum mais attend de lire la Constitution pour se déterminer. Pour elle, Mai 68 est un symbole qui montre que « ça n’est pas parce qu’on est jeune qu’on n’a rien à dire » et elle soutient les manifs lycéennes sans y aller. « J’ai trop de travail. » Pour le quotidien, elle prône le partage des tâches domestiques mais s’avoue vieux jeu. « Je n’aimerais pas voir un homme réduit à la vaisselle, ça le déviriliserait . » Elle observe avec humour les pubs où on voit les femmes dénudées et les nouveaux hommes s’épiler. « C’est mieux qu’un type en survêtement. » Optimiste, elle observe, tranquille, le mouvement en marche. « Quand je m’imagine demain, c’est avec un job qui me plaise. J’ai pas envie de me lever à 6 heures du mat simplement pour me nourrir et, mère au foyer, ça n’est pas pour moi ! J’ai confiance : peu à peu, les hommes partageront les terrains où ils sont encore maîtres, la politique ou l’entreprise. C’est obligé, certaines lois ne seraient jamais passées sans les femmes, c’est le cas de l’IVG. »

Claire Chantry

Répondre à cet article