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ZEP / Sciences-Po : la fin ? (l’affaire de l’amendement)

18 février 2005

Extrait du site de tf1, le 17.02.05 : la fin de la "discrimination positive" à Sciences-Po ?

Selon une information tf1.fr, l’Institut d’Etudes Politiques de Paris s’apprête à annuler son dispositif de recrutement de lycéens provenant de zone d’éducation prioritaire. L’IEP Paris estime qu’un amendement voté jeudi à l’Assemblée nationale rend "contraire à la loi" son mode de recrutement d’élèves de ZEP

Le communiqué de Sciences-Po Paris est laconique :

"l’Assemblée nationale met fin au recrutement des élèves de ZEP" (zone d’éducation prioritaire, ndlr). Alors que l’Institut d’Etudes Politiques de Paris s’était fait le chantre de la "discrimination positive" en permettant, dès 2001, à des lycéens de ZEP sélectionnés sur dossier d’intégrer la prestigieuse école sans passer par la case "concours d’entrée", un amendement voté jeudi matin par l’Assemblée nationale remettrait en cause cette expérience "en la rendant contraire à la loi", explique le communiqué de Science-Po publié jeudi soir.

"Cette nouvelle disposition législative impose, en effet, à tous les établissements d’enseignement supérieur que puissent être candidats aux procédures d’admission tous les individus remplissant les mêmes conditions d’âge et de diplôme (en l’occurrence le baccalauréat) : c’est la fin du travail commun entre les lycées conventionnés et Sciences Po", regrette l’IEP Paris. Le texte de l’amendement implique un même traitement de tous les lycées alors que l’admission parallèle de Sciences-Po Paris ne concernait que les élèves issus de ZEP. L’IEP précise que 300 lycéens se préparaient aux procédures d’admissibilité organisées par leurs lycées cette année et que "132 élèves de Sciences Po admis par cette procédure sont en cours de scolarité rue Saint-Guillaume".

"Choc"

Jeudi, en début d’après-midi, les services de la scolarité de l’école ne souhaitaient pas commenter la nouvelle, voulant, au préalable, mettre au courant les élèves concernés. "Ca va être un choc pour les étudiants que l’on a recruté avec ce système", estimait-on à la communication de Sciences-Po Paris.

"C’est n’importe quoi", s’exclame Dominique Tian, auteur de l’amendement. "Le texte voté ne les concerne pas et ne les oblige en rien à revenir sur leur système de recrutement d’élèves de ZEP", se défend le député UMP des Bouches du Rhône. L’amendement propose de mettre en place "des partenariats généralisés entre l’ensemble des établissements d’enseignement supérieurs et les lycées pour permettre aux élèves issus des milieux les moins favorisés d’être spécifiquement préparés à la poursuite d’études supérieures dans les filières d’excellence".

"Sauter les mêmes haies"

Le texte traduit en termes législatifs et élargit aux universités une charte signée mi-janvier. Cette "Charte de l’égalité des chances et des formations d’excellence" a été adoptée par trois ministres, François Fillon (education Nationale), Jean-Louis Borloo (Emploi et Solidarité) et Nelly Olin (Intégration et égalité des chances) ainsi que des représentants d’universités et de grandes écoles. Objectif : démocratiser le recrutement des grandes écoles et des universités. Aujourd’hui 72% des diplômés de grandes écoles ou de troisième cycle sont des enfants de cadres.
Grâce à l’amendement, les universités et grandes écoles volontaires pourront mettre en place un système d’aides aux élèves défavorisés à l’exemple de l’ESSEC. La prestigieuse école de commerce, parraine depuis l’année dernière un certain nombre de lycéens en leur donnant trois heures de cours par semaine afin de les préparer aux concours des grandes écoles. Le président de l’école, Pierre Tapie, déclarait récemment sur BFM qu’il préférait "entraîner des athlètes un peu moins expérimentés à sauter les mêmes haies que changer les haies". Un pavé dans le jardin de Sciences-Po.

Car si l’amendement n’empêche pas l’Institut parisien de poursuivre son initiative, Dominique Tian ne cache pas que celle-ci lui semble "particulièrement inégalitaire". "Le fils d’une concierge du 16ème arrondissement ne pourra pas en profiter car il n’est pas en ZEP, ce n’est pas ce que j’appelle l’égalité républicaine ».

Sophie Lutrand.

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