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ZEP et ruralité, par M. Fillon, IEN (Bulletin OZP n° 6 , nov. 1994)

3 novembre 1994

Bulletin de l’association OZP, n°6, novembre 1994

ZEP ET RURALITÉ (1)

A la suite de notre bulletin sur les ZEP rurales, nous avons reçu de Monsieur Fillon, IEN à Semur-en-Auxois, le texte suivant.
Nous nous réjouissons de la participation de ce responsable de ZEP rurale et nous ne pouvons qu’encourager nos lecteurs à faire de même.

LA ZEP RURALE EST-ELLE UNE « VRAIE » ZEP ?

Depuis leur mise en place en 1982, les « ZEP rurales » ont été déterminées à partir d’un critère culturel.
• Régions traditionnellement peu innervées par les courants modernes de communication (2).
• Régions en crise avec un affaiblissement, un aspect moins-disant culturel, un éclatement entre plusieurs pôles.

Plus récemment, les zones rurales ont été touchées par un phénomène de paupérisation de la population : accélération de l’exode des « forces vives », arrivées de familles urbaines marginales en quête d’une nouvelle chance...

La ZEP rurale s’identifie par deux indicateurs significatifs

• Taux élevé de retards scolaires, en particulier au CP/CE1, liés à la pauvreté du langage (lexique et syntaxe) qui rend difficile les apprentissages premiers.
• Taux faible de passage en 3e/2e (cycle long) s’expliquant soit par les niveaux, soit par les refus d’orientations nécessitant des déplacements souvent peu commodes, soit encore par le manque de motivation pour les nouveaux emplois.

LA MISE EN PLACE D’UNE ZEP RURALE : TROIS PRINCIPES

1 - Convaincre les enseignants et le public que les structures scolaires (petites écoles...) ne sont pas en cause (3).

2 - Convaincre les élus de petites communes aux ressources limitées que l’éducation a un coût mesurable. Démontrer avec clarté la nature des dépenses (fonctionnement et investissement) par comparaison avec le milieu urbain dans une perspective d’égalité des chances à offrir aux jeunes.

3 - Localiser et identifier les partenaires (collectivités, autres services...) en se souvenant que le milieu rural ne dispose souvent que d’« antennes de service ». Les actions vont dépendre des hommes ; elles seront donc par nature fragiles et précaires et demandent de l’opiniâtreté.

CONCRÈTEMENT QUE FAIRE ?

• Tenir la ligne : l’objectif premier est l’amélioration des résultats scolaires.
• Distinguer et cibler les actions pour éviter la pente des initiatives culturelles généreuses sans effet mesurable par rapport à l’objectif (5).

Assurer l’égalité dans le temps d’apprendre

Aménagement des rythmes de vie (ARVE) et études surveillées avec recours à des solutions souples pour tenir compte des contraintes de transport (exemple : études pour école et élèves du collège à leur retour dans la commune).

Projet de secteur

Etabli sous forme contractuelle :
 stage de formation continue école-collège ;
 priorité à la pré-scolarisation avec des formules adaptées à la dispersion des élèves ;
 soutien par un `enseignant en surnombre au point critique GS/CP (langage et communication) y compris dans les classes uniques ;
 harmonisation des pratiques pédagogiques en lecture (temps de lecture et types d’activités) ;
 généralisation du soutien par les titulaires des classes (temps hebdomadaire effectif banalisé à l’emploi du temps) ;
 ouverture culturelle par des pratiques inter-écoles (PAE de secteur...), avec regroupements hebdomadaires de classes.

Suivi du projet

Suivi par un coordonnateur de ZEP à plein temps (instituteur de préférence) pour :
 activités d’évaluation et de régulation (élaboration de synthèses, circulation de l’information entre les enseignants) ;
 suivi de la prise en charge des jeunes en difficulté : liaison avec les services sociaux PAIO, etc. ;
 coordination des actions inter-écoles (PAE par exemple).

La fonction devrait trouver son symétrique dans un agent de développement local ou un animateur de secteur, sinon l’impulsion donnée conserve sa marque « scolaire » et ne permet pas d’enclencher une action en synergie sur l’ensemble du milieu.

Michel Fillon

NOTES

 (1) Ruralité : domaine du HZPIU.
 (2) Parmi les secteurs ruraux, on peut distinguer ceux qui ont une forte identité culturelle aux effets positifs sur les scolarités et quelques-uns placés historiquement en position négative par rapport au savoir.
 (3) Evaluation DEP 1987 et 1990 : les élèves de CM2 des classes rurales quittent leur école avec un niveau de connaissances comparable à celui de leurs condisciples de ville.
 (4) C. 90. 028 du 01/02/90 BO n° 7 du 15/02/90.
 (5) Eva1uation ZEP-Bourgogne 1984-1985.

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