Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Extrait du site du Conseil économique, social et environnemental du 25.02.09 : Les entreprises dans les zones franches urbaines : bilan et perspectives.
[...]
6. Éducation - niveau de formation
La proportion d’élèves en retard de deux années, en 6ème est supérieure dans les ZFU à ce qu’elle est dans les ZUS. Les élèves de 3ème, orientés vers l’enseignement général ou technologique sont nombreux à redoubler. Une très grande majorité des habitants des ZFU n’utilisent pas les équipements sportifs et fréquentent rarement les centres culturels, très peu les bibliothèques.
Dès 1982, sont mises en place les zones d’éducation prioritaire (ZEP) c’est-à-dire des zones dans lesquelles sont situés des établissements scolaires (écoles ou collèges) dotés de moyens supplémentaires et d’une plus grande autonomie pour faire face à des difficultés d’ordre scolaires et sociales, rompant ainsi avec l’égalitarisme traditionnel du système éducatif français. Les résultats constatés dans ces zones sont mitigés et se révèlent peu attractives auprès des enseignants les plus expérimentés. Le découpage géographique des ZEP ne se recoupe pas avec celui des quartiers prioritaires de la politique de la ville couverts par les ZUS, ZRU et ZFU.
[...]
Le Conseil économique, social et environnemental propose de :
a) Développer l’excellence éducative
Préparer l’avenir en accentuant l’effort de formation dans les quartiers sensibles, s’envisage au niveau du primaire et du secondaire. Il s’agit d’y développer une véritable excellence éducative. Cela implique que les moyens humains et financiers consacrés à cet objectif ne soient pas affaiblis.
D’une part, il faut détecter le plus en amont possible les difficultés rencontrées par les élèves et la précocité intellectuelle des jeunes issus des quartiers sensibles et en informer les parents. Les signes de cette précocité sont détectables dès l’école primaire. L’objectif n’est pas de les retirer du circuit scolaire classique mais de les suivre tout au long de leur cursus (collège, lycée,...) afin notamment de faciliter les choix de leur orientation. Il faut « renforcer à tous les niveaux les moyens pour les jeunes d’acquérir les savoirs fondamentaux et lutter contre l’illettrisme par une prévention à l’école primaire et au collège en utilisant des programmes personnalisés » comme le préconise l’avis adopté par notre assemblée le 22/10/2008 : « 25 ans de politiques d’insertion des jeunes : quel bilan ? », sur le rapport de Mme Catherine Dumont.
Pour donner à tous les jeunes l’envie d’apprendre, il faudrait inviter des personnalités de l’art, de la science, du sport, de la recherche, de l’entreprise..., à partager leur expérience. Il faut que chaque élève puisse avoir un socle de connaissances et renforcer l’apprentissage des langues dès l’école primaire. Il faut poursuivre l’élargissement de l’accès aux grandes écoles en direction des jeunes issus des quartiers sensibles, à l’instar des initiatives prises par l’IEP de Paris et de l’ESSEC avec le programme « Une grande école : pourquoi pas moi ? ».
D’autre part, il subsiste encore des obstacles concrets à la mobilité des enseignants les plus expérimentés à venir enseigner dans les zones d’éducation prioritaire. On constate que la plupart des postes en ZEP sont pourvus par des enseignants peu expérimentés et sortant depuis peu des IUFM. Dans le cadre des formations dispensées par ces derniers, notre assemblée préconise de mettre en place des modules de management et d’animation adaptés à la prise en charge d’une classe implantée en quartier sensible. Ces classes devraient compter un nombre réduit d’élèves pour apporter un suivi plus adapté au niveau de chacun d’entre eux. Les enseignants concernés auraient ainsi une disponibilité accrue pour créer un lien plus ténu avec l’environnement familial.
La mobilisation des enseignants serait gage de l’intérêt que l’appareil éducatif apporte à l’école dans les zones sensibles et de la volonté « intégrative ». La France doit assurer une éducation de qualité, capable de tirer vers le haut les jeunes.
Dans un contexte budgétaire contraint et de réduction des effectifs envisagés dans tous les ministères y compris celui de l’éducation nationale, un tel effort nécessite de dresser le bilan des moyens humains et matériels disponibles, puis de les réaffecter en tenant compte des besoins spécifiques exprimés au sein des ZEP.
b) Mieux accompagner la sortie du système scolaire obligatoire
Le temps est venu d’accélérer la mise en place de dispositifs personnalisés de soutien scolaire pour tous les élèves et d’assurer une meilleure prise en charge sanitaire et psychologique des élèves les plus en difficulté.
Notre assemblée propose à cet effet :
•de renforcer l’ensemble des dispositifs liés à l’orientation. Par ailleurs il est nécessaire d’instaurer un livret personnel d’orientation des 14-25 ans, préparé conjointement avec les enseignants, le centre d’information et d’orientation et l’élève, sur ses acquis et savoir-faire.
L’objectif est de ne plus laisser un jeune quitter le cursus scolaire obligatoire sans d’une part détenir une qualification reconnue et opératoire avec un socle minimal de connaissances requises ; et sans d’autre part, avoir établi une passerelle avec l’univers professionnel
(Pôle emploi, missions locales...). Il n’est plus acceptable de laisser perdurer en France un système de sélection négative et d’élimination.
Notre assemblée préconise de fixer un objectif ambitieux sur la base du volontariat et de :
– proposer à tous les jeunes quittant l’Éducation nationale sans qualification et sans diplôme un certificat de validation des acquis et une orientation vers des structures leur permettant de travailler à un nouveau projet professionnel ;
– proposer à tout jeune sans emploi, une activité que ce soit un stage en milieu professionnel, une aide logistique aux commerces de proximité en période de fêtes, de solde..., une mission de médiation (accueil, information,..., des usagers) dans les services publics de transport, une action dans les activités sportives, une implication dans les manifestations culturelles, ... ;
– permettre l’accès au droit commun à tous les jeunes en difficulté ...et souhaite que dans le cadre du pôle emploi ils soient recensés en tant que demandeurs d’emploi, même s’ils n’entrent pas dans la catégorie « d’employables » au sens des statistiques d’Eurostat. Lors de leur inscription, ils doivent recevoir une information générale sur leurs droits et devoirs en termes de démarches administratives, de droits sociaux et d’orientations vers des structures adaptées.
•de mettre en place des parcours alternatifs pour compenser la rupture scolaire. En particulier, devraient être associés les écoles de la deuxième chance, les centres défense deuxième chance, ...
•de débattre dès à présent des formations GRETA et AFPA sur les formations professionnelles pour les rendre plus accessibles. Il serait, en outre, souhaitable que des révisions sur les offres de formation plus adaptées au marché du travail soient réactualisées ;
•de développer des formations spécialisées, sous forme de modules en lien avec les métiers existants ou émergents, en adéquation au bassin d’emploi local, dans lesquelles seraient insufflées des formations à la création d’entreprise.
c) Valoriser la fonction parentale
Le rôle des parents est essentiel dans l’éducation des jeunes. La famille est le premier lieu d’exercice des solidarités et assure la permanence dans la construction des projets de ses enfants. La collaboration des familles et des professionnels de l’éducation représente un atout majeur dans les réussites des enfants et des jeunes.
Il faut noter que certaines familles ont des difficultés à assumer leur parentalité en raison du chômage de longue durée qu’elles subissent depuis plusieurs générations. En contribuant à combattre le chômage, le dispositif ZFU permet de revaloriser la fonction parentale.
Pour le Conseil économique, social et environnemental, le soutien sur une longue durée, aux parents des enfants en difficulté au sein des ZFU, contribue à réinstaurer l’autorité parentale et éviter l’échec scolaire. A ce titre, il faut faciliter des échanges avec d’autres parents au travers d’associations locales et de quartiers en lien avec l’école. Les travailleurs sociaux seront associés à ces initiatives ce qui nécessite, entre autres, une réorientation de la politique d’action sociale des CAF vers des actions de terrain en lien avec les autres partenaires.
L’accueil des parents au sein de la « communauté éducative » réalisé dans certaines ZFU, mérite d’être encouragé et généralisé après une évaluation des expérimentations en cours.
[...]
B - Simplification du zonage
La superposition des géographies prioritaires de la politique de la ville (ZUS, ZRU et ZFU) et des différents découpages administratifs tels que les ZEP ou les quartiers prioritaires de l’ANRU, finit par créer une certaine confusion entre les différentes politiques publiques (d’initiative locale, nationale voire communautaire pour le FSE).
Une simplification et une mise en cohérence du zonage existant apparaissent nécessaires et ont été maintes fois proposées dans différents travaux relatifs à la simplification du paysage administratif français. A ce titre, la DARES a publié une étude en septembre 2007 « Premières informations Premières synthèses n°38.3 » qui démontrait le caractère « partiellement emboîté » des périmètres attachés aux différentes zones de la politique prioritaire de la ville :
– les 44 ZFU de première génération ont été choisies parmi les ZRU préexistantes ;
– les 41 ZFU de deuxième génération ont un périmètre qui ne recouvre pas systématiquement celui des ZRU ;
– le périmètre des ZFU de troisième génération peut aussi dépasser partiellement celui des ZUS.
Ce constat dresse de manière explicite la forte complexité du zonage existant engendré par les générations successives de ZFU.
De même, deux rapports d’information de la Cour des comptes de 2007 et 2008 à destination du Parlement, relatifs aux crédits d’intervention de la politique de la ville et aux exonérations de charges sociales en faveur des territoires, ont souligné l’importance de renouveler la géographie de la politique de la ville afin notamment de mettre fin à la confusion des zonages.
Deux géographies prioritaires de la politique de la ville coexistent actuellement : l’une législative et réglementaire comprenant 751 ZUS, 416 ZRU et 100 ZFU ; l’autre contractuelle disposant de sa propre hiérarchie définie par les 495 CUCS qui ont remplacé les 275 contrats de ville.
La non-concordance de ces géographies, l’ancienneté du classement ZUS (non révisé depuis 1996) et l’extension importante du périmètre des ZFU sont donc dénoncées par la Cour des comptes au regard notamment des conséquences induites : rendre éligible un territoire à un régime d’exonérations fiscales et sociales ; exercer un impact significatif sur les modalités de répartition de la dotation de solidarité urbaine- cohésion sociale (DSU-CS)...
[...]
Lire le texte intégral de l’Avis
Le site du CESE
 
Les précédents avis du CES qui traitent en partie de l’éducation prioritaire (extraits fournis)
Lire le rapport de juillet 2008 sur le plan banlieues
Lire le rapport de janvier 2008 sur la politique de la ville
Lire le rapport de septembre 2004 sur la loi de programmation pour la cohésion sociale
Lire le rapport d’octobre 2002 sur la réussite scolaire