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Les postes REP (surnuméraires) sont « décisifs » à Argenteuil (95) (Fenêtres sur cours)

2 février 2005

Les postes REP sont « décisifs » à Argenteuil (95)

Extrait de Fenêtres sur cours du 31.02.05 : « Tout le monde a expérimenté qu’on est plus intelligent à plusieurs ! »
À Argenteuil sud, où plus de 80 % des écoles sont classées ZEP depuis longtemps, le travail des enseignants surnuméraires (« postes REP »), est précisément défini par les écoles et l’équipe de circonscription. Evelyne Collin-Rovélas, qui en est l’inspectrice depuis 1991, s’est particulièrement attachée à mettre en place le pilotage concerté et l’évaluation régulière d’un dispositif « aux enjeux très forts ».

Comment fonctionne votre dispositif de maîtres surnuméraires ?

Nous avons aujourd’hui 1 poste REP pour 350 élèves, dans les écoles classées REP/ZEP dont les familles sont en graves difficultés, et 1 pour 450 élèves dans celles dont les familles sont en difficultés moindres, ce qui nous conduit à 9 postes.
Et puis, cette année, l’IA a ajouté à chaque réseau un 1/2 poste spécifique de coordonnateur pour coordonner objectifs, actions et moyens, ainsi que la liaison avec les collèges, ce qui fait 2 postes de plus. Quant aux postes REP, ils sont un renfort dans l’organisation quotidienne des apprentissages dans les classes, ils interviennent auprès d’élèves « ordinaires », avec un rôle bien distinct de celui des enseignants des réseaux d’aide, ciblé sur les élèves en difficulté grave.

Emploi du temps et objectifs des actions menées par ces postes REP, sont définis par les conseils de cycles à partir d’un « cahier des charges » élaboré pour la circonscription, et un bilan est effectué en fin de période. Ces interventions, massées, filées, à deux dans une classe, en décloisonnement ou en ateliers, ont lieu aussi bien en maternelle qu’aux cycles 2 et 3, mais doivent toutes, c’est l’indication que je donne, concerner la maîtrise de la langue. Une réunion mensuelle, sur temps de travail, des 9 postes REP avec l’équipe de circonscription, permet de faire le point et d’identifier au mieux les outils et les dispositifs efficaces, notamment autour des CP renforcés (23 classes avec 3 AE) auxquels ils sont étroitement associés. De fait, ils constituent un groupe de référence, de ressource et de coordination. Aussi ai-je demandé que les postes REP soient attribués pour 3 années consécutives, renouvelables une fois.

Un pilotage aussi étroit est-il nécessaire ?

Oui, c’est la condition pour que ces postes supplémentaires soient vraiment au service des apprentissages des élèves. Mais il est indispensable que tout soit bien conduit et évalué avec les enseignants des classes. À mon arrivée, j’ai d’abord pris le temps d’observer ce qui se faisait. C’était intéressant, mais décousu. Souvent les enseignants concernés assuraient de l’accueil en BCD et leur efficacité dans les apprentissages n’était pas certaine. Pourtant, j’étais déjà convaincue de la capacité de ce dispositif à faire bouger les choses. Aujourd’hui, l’utilité des postes REP est évidente pour tous et son pilotage est accepté sans problème. Toute mon équipe est ainsi souvent sollicitée pour participer aux multiples réunions des écoles.

Et quels sont les effets sur les élèves ?

Nous avons aujourd’hui un recul d’une quinzaine d’années sur le dispositif et des évaluations régulières des élèves de la zone (évaluations nationales CE2 et 6è, plus évaluation maison en fin de CE1 et en CP renforcé). Elles nous disent deux choses : les résultats bruts des élèves ne baissent pas et les écarts à la moyenne nationale diminuent légèrement. Ce qui est positif, ramené à la dégradation très nette de leurs conditions de vie, à l’accroissement de la misère et de la ségrégation. Autre indicateur, il y a très peu de violence et de dégradation dans nos écoles, leur climat est dans l’ensemble serein. Les équipes sont stables, notamment parce qu’elles ont appris à travailler ensemble.

Les postes REP sont un élément décisif dans cette évolution, car c’est un grain de sable qui oblige à modifier les pratiques pédagogiques (on travaille différemment à deux ou trois) et améliore la compréhension des élèves par le croisement des regards portés sur eux. Et d’ailleurs -on a posé la question- aucune école ne préfèrerait voir sacrifier ces postes pour faire diminuer ses effectifs par classe. Tout le monde a expérimenté qu’on est plus intelligent à plusieurs !

Alors, qu’est ce qui manque ?

Du temps ! Les enseignants de nos écoles se réunissent très souvent sur le temps de midi et le soir, bien au-delà de la 27ème heure réglementaire. Leur reconnaître le temps qu’ils passent à se concerter, à réfléchir et à inventer pour que le dispositif fonctionne, au bénéfice de leurs élèves, ce ne serait pas du luxe...

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