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L’Observatoire des inégalités décrit comment on vit dans les « quartiers sensibles », en particulier les jeunes

5 février 2008

Extrait du site de l’Observatoire des inégalités, le 01.02.08 : Zones urbaines pauvres

Comment vit-on dans les quartiers « sensibles » ? Chômage, faibles revenus, enclavement constituent le quotidien des familles populaires qui y résident. Un article d’Ivan du Roy, extrait de Témoignage Chrétien.

Le président de la République a beau répéter le contraire, les émeutes urbaines qui éclatent régulièrement dans les quartiers dits « sensibles » reflètent un profond mal-être social. Ce n’est pas en niant la réalité que la société française et ses représentants élus arriveront à résoudre la complexe équation des banlieues, à freiner le dangereux crescendo de violences et de destructions qui depuis vingt-cinq ans se répètent sporadiquement mais toujours avec plus d’intensité. Les profils des 751 « Zones urbaines sensibles » dispersées sur le territoire se suivent et se ressemblent bel et bien. La situation de leurs 4,6 millions d’habitants également. Leur point commun ? Les mêmes indicateurs économiques et sociaux clignotent au rouge. Une alarme sociale qui retentit depuis si longtemps que tout le monde semble s’y être accoutumé.

Prenez Villiers-le-Bel et ses deux Zus, comme les appelle le jargon de la politique de la ville, qui abritent plus de la moitié des 30 000 citoyens de la commune : un taux de chômage qui dépasse les 21 %, près d’un tiers de non-diplômés, et une proportion de familles monoparentales (22 %) presque multipliée par deux par rapport à la moyenne francilienne. Un résident sur quatre est étranger. Les deux tiers des familles habitent un logement social, la moitié gagne moins de 780 euros par mois et n’est pas imposable [1]. Ce sont aussi des quartiers jeunes : un citoyen sur deux a moins de 25 ans. Dans les villes du Val-d’Oise où des incidents ont eu lieu, suite à la mort des deux jeunes gens de Villiers-le-Bel, on retrouve ces mêmes statistiques, parfois un peu meilleures (16,5 % de chômage dans la Zus de Saint-Christophe à Cergy), parfois pire (28 % dans celle de Goussainville).

Cette carte du mal-être social s’étend bien au-delà des cités franciliennes et concerne tout l’Hexagone, comme nous l’ont rappelé les émeutes de 2005. La Zus des cités minières à Douai (Nord) affiche 41 % de chômage ! Les trois quarts des 3 600 habitants du quartier « Manchester » à Charleville-Mézières vivent en HLM. Dans les barres d’immeubles de La Reynerie, à Toulouse, le revenu de la moitié de la population - 19 000 habitants - est inférieur à 480 € mensuels, soit bien en dessous du seuil de pauvreté ! La liste est encore longue... Seule la proportion d’étrangers varie, élevée à proximité d’une grande agglomération, plus basse dans la banlieue d’une ville moyenne.

« Les quartiers dits sensibles ont des caractéristiques relativement proches : un taux de chômage élevé, un faible niveau de formation, des revenus réduits », confirme l’économiste Hervé Guéry, qui dirige une société d’étude nantaise, Compas-Tis, qui évalue les politiques publiques et sociales pour les collectivités locales. « Nous observons une sorte d’homogénéisation. Ces quartiers accueillent de plus en plus de gens en grande difficulté à la recherche de faibles loyers qui seront en partie couverts par des aides au logement. » Dix ans de spéculation immobilière généralisée ont augmenté la concentration de la pauvreté.

Deux fois plus de chômeurs

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Le Bac sinon rien

Pousser les jeunes à étudier, c’est bien. Encore faut-il que les diplômes servent à quelque chose. C’est loin d’être évident, comme le constate un autre Observatoire, celui des inégalités. Plus on est diplômé, moins on est obligé de pointer à l’ANPE. Telle est la règle nationale... Sauf en Zus. « Pour tous les niveaux de formation allant du BEPC au Bac, les taux de chômage sont environ deux fois plus élevés dans ces zones qu’au niveau national », précise l’Observatoire associatif.

Même à Bac +2, un étudiant venant d’une Zus galèrera plus que son camarade du centre ville. Une bonne surprise cependant : les femmes s’en sortent mieux. Si les femmes des milieux populaires sont particulièrement frappées par le chômage, surtout quand elles se retrouvent seules à élever leurs enfants, elles sont cependant davantage protégées que les hommes quand elles sont diplômées.
Cette spécificité n’est malheureusement que le reflet de l’étendue des discriminations. « Le stéréotype de la banlieue morose, voire menaçante, n’est-il pas largement construit autour de figures masculines ? Cette représentation négative, non seulement sexuée mais aussi ethnicisée, constitue l’un des ressorts de la discrimination à l’embauche », conclut l’Observatoire des inégalités.

Pas de voiture, pas de boulot

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Des quartiers encore jeunes

Les Zus abritent également une population plus jeune que les communes qui les environnent. On compte par exemple près de 40 % de moins de 25 ans dans les cités franciliennes, contre 32 % pour l’ensemble de la région. Ce qui rend d’autant plus insupportable la concentration de pauvreté, qui bouche l’horizon d’une bonne partie des nouvelles générations.

Aux inégalités s’ajoute la frustration de ne pas pouvoir aspirer à un mode de vie que, pourtant, on côtoie chaque jour en centre ville ou dans le quartier d’à côté. La frustration débouche sur l’ethnicisation. « Les Zus, en particulier en Île-de-France, sont souvent situées à proximité des endroits les plus embourgeoisés. Pour un jeune Black ou un jeune Beur, le Blanc est forcément un membre de la classe moyenne, un fonctionnaire ou quelqu’un de friqué.

L’image mentale de l’inégalité pour un jeune qui n’a aucune culture politique a donc tendance à s’ethniciser. Ces gamins intègrent que les Blancs vivent mieux qu’eux. Ils ne savent pas qu’au-delà de leur banlieue, dans le périurbain, les revenus ne sont pas forcément plus élevés », décrit le géographe Christophe Guilluy.

Vers un papy-boom des cités

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Inégalités visibles

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Article d’Ivan du Roy, extrait de Témoignage chrétien n°3278 du 6 décembre 2007

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Le site de l’Observatoire des inégalités

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