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08.01.08 - Carte scolaire : Ce que nous apprend l’exemple belge

8 janvier 2008

Extrait de l’« Expresso » du 07/01/2008 : Carte scolaire : Ce que nous apprend l’exemple belge

Il y a quelques semaines les médias belges, et même au-delà, montraient les queues formées à la porte de quelques écoles de la Communauté française de Belgique par des parents souhaitant inscrire leur enfant. Dans ce pays où les parents disposent d’un libre choix total de l’école, ce phénomène résultait de l’application d’un nouveau texte qui oblige les établissements scolaires à ouvrir le même jour un registre d’inscription numéroté afin de lutter contre les discriminations. La mesure vise à obliger les écoles à mettre fin à la sélection et à prendre les enfants par ordre d’arrivée. Quelques semaines plus tard, Benoît Galand (UCL) publie, sur le site de l’association Changements pour l’égalité, une étude sur les "inscriptions scolaires et la mixité sociale".

Pour nos lecteurs belges, soulignons que l’étude apporte une étude très fine des refus d’inscription. "La réputation de l’école dont est issu l’élève et le bulletin constituent les principales sources de « priorisation » des inscriptions dans certaines écoles, viennent ensuite l’origine sociale et ethnique" écrit B. Galand et il rapporte plusieurs cas de discrimination ethnique ou sociale qui justifient la démarche de la Communauté française.

Mais plus généralement, l’étude de B. Galand donne à voir ce que peut être un système éducatif où n’existe aucune carte scolaire et qui garantit aux parents la liberté totale de choix. Une situation que la France va connaître à la rentrée prochaine. Le libre choix peut-il avoir un impact sur la mixité sociale à l’école ? B. Galand montre que "concernant les établissements scolaires, le libre choix des familles a pour conséquence de les mettre en concurrence pour capter les élèves...Plus précisément, les recherches en sciences de l’éducation montrent que cette mise en concurrence a généralement pour effet d’inciter les écoles à sélectionner les publics les plus rentables" c’est-à-dire les élèves les mieux adaptés àl’Ecole, c’est-à-dire généralement ceux des milieux favorisés. Le mouvement est renforcé par les démarches des parents de milieu défavorisé. "Schématiquement, les parents peu ou pas scolarisés et/ou vivant dans une certaine précarité économique tendent à privilégier le critère de proximité, l’école du quartier". Sans dispositif compensateur, le libre choix augmente la ségrégation scolaire. La Belgique réussit d’ailleurs, Pisa 2006 l’atteste, à être encore plus inégalitaire que l’école française.

Quels correctifs apporter ? Imposer la tenue de registre d’inscriptions, pour la raison qui vient d’être donnée, semble insuffisant à B. Galand. Alors la discussion se porte en Belgique sur d’autres solutions. D’abord la "gestion collective des préférences" c’est-à-dire une gestion par bassin scolaire. Ensuite un financement modulé selon le degré de mixité sociale. Enfin "la création d’un véritable tronc commun dans les premières années du secondaire. L’idée centrale est d’offrir à tous les élèves une véritable formation commune qui ne soit pas calquée sur la filière générale, mais prépare à l’ensemble des filières, ce qui en fait une structure scolaire permettant davantage des choix positifs et un véritable travail d’orientation progressive".

Ce qu’apporte l’étude de B. Galand c’est la confirmation que la mesure envisagée par le gouvernement français pour lutter contre la ségrégation sociale qui accompagne le retrait de la carte scolaire, à savoir la priorité donnée aux boursiers dans le choix de l’établissement, a peu de chance d’être efficace.

L’étude

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