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Reprise au collège César-Franck à Amiens

14 décembre 2007

Extrait de « VousNousIls », le 14.12.07 : Reprise au collège d’Amiens fermé depuis l’agression de la proviseure

Un collège d’Amiens (Somme) où les enseignants refusaient de reprendre les cours tant qu’ils n’obtenaient pas de surveillants supplémentaires après l’agression vendredi de la proviseure par une élève, reprenait les cours progressivement jeudi après-midi, a-t-on appris auprès des enseignants.

Les quelque 70 professeurs du collège César-Franck, classé "Ambition réussite" et situé dans une zone difficile, ont accepté de "reprendre progressivement les cours", après l’annonce mercredi de l’arrivée de deux surveillants supplémentaires en plus du poste de conseiller principal d’éducation déjà annoncé, a expliqué Anne Zalouani, professeur de mathématiques.

Selon cette enseignante, l’inspecteur d’académie, Denis Boullier, leur a également laissé entrevoir "peut-être un poste de médiateur qui ferait le lien entre les professeurs, les élèves et les familles".

Les élèves seront reçus classe par classe à partir de jeudi après-midi. "On va leur expliquer ce qui s’est passé et on va leur rappeler les règles de la vie scolaire avant de recommencer les cours", a précisé Anne Zalouani.

"On va également continuer à se réunir entre professeurs pour voir ensemble ce qu’on est en droit d’exiger des élèves en fonction du règlement intérieur", a-t-elle ajouté.

Vendredi, une élève de 15 ans avait insulté et bousculé violemment dans son bureau la proviseure, qui avait été très choquée et brièvement hospitalisée après un malaise. La mineure a été mise en examen pour "outrage, menaces de mort et violences" et placée sous le régime de la liberté surveillée.

Depuis l’incident, les enseignants exerçaient chaque jour leur droit de retrait.

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Extrait du « Courrier picard », le 13.12.07 : « Ne plus avoir la peur au ventre »

Après l’agression dont elle a été victime, la principale du collège César-Franck, Marie-Claude Hyppolite, souhaite reprendre le travail ce lundi et vouloir « briser la loi du silence ».

« J’ai vécu ces faits douloureusement, mais je suis maintenant debout, prête à retrouver, dès lundi, ce collège où j’aime travailler. » Pour la première fois depuis l’agression dont elle a été victime, vendredi au collège César-Franck, la principale de l’établissement, Marie-Claude Hyppolite, accompagnée de son avocat, Me Francis Lec, a tenu à s’exprimer.

Le jour des faits, la principale est intervenue afin de rappeler à trois élèves qu’elles devaient se trouver en cours au lieu de se promener dans l’établissement. L’une d’entre elles, âgée de quinze ans, n’a pas accepté ses remontrances légitimes et l’a alors insultée avec une extrême violence, allant même jusqu’à la menacer de mort : « je vais te buter, toi et ta famille avec ma bande du quartier (...), je vais te planter ». Quant à la plainte déposée, elle n’a pas, selon Me Lec, vocation « à condamner coûte que coûte une élève. Mais que l’élève, comme sa famille, soient suivies par un juge pour enfants et par toute une équipe éducative qui devra les aider à sortir de cette situation difficile ».

Toujours suivie psychologiquement, la principale souhaite que « cette violence, qui affecte aussi d’autres établissements, ne se banalise pas. Notre vocation est de transmettre des valeurs et nous avons l’intention de le faire dans les meilleures conditions ». Mais faut-il encore en avoir les moyens. Le jour de l’agression, il n’y avait qu’un conseiller principal d’éducation (CPE) pour 650 élèves.

Elle refuse également que l’amalgame soit fait entre collège classé en zone d’éducation prioritaire (ZEP) et quartier difficile. « C’est un collège où on réussit. Depuis deux ou trois ans, le taux de réussite aux examens est de près de 70% ».

Première agression en 25 ans de direction

Lundi, elle fera son retour. « C’est mon choix. J’avais besoin de quelques jours pour me reconstruire. J’y retourne grandie quelque part. Plus forte pour aider ceux qui ont été victimes. Je serai certainement plus apte à aider enfants, parents ou enseignants qui subissent des violences au quotidien. Car c’est la première fois que j’y suis confrontée ». Sachant qu’en 25 ans de carrière, elle a dirigé cinq établissements scolaires, dont un dans l’Oise et un à Paris.

Marie-Claude Hyppolite remercie encore ceux qui l’ont soutenue. « Le jour même des faits, je ne me suis pas sentie abandonnée. C’est après que j’ai ressenti une immense solitude au fond de moi-même ».

Mais aujourd’hui, c’est plus fort qu’elle, elle veut repartir. « On ne changera pas tout du jour au lendemain. Mais on peut apporter des solutions collectivement. Personne n’a envie que ce climat lourd s’installe dans l’établissement. Désormais, l’abcès est crevé, cette affaire a été mise au grand jour. Maintenant, il faut travailler, j’ai foi en ceux qui veulent réussir. Nous avons la volonté de briser la loi du silence. Qu’on ne vienne plus au collège avec la peur au ventre. »

Christophe Berger

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Des recrues à venir

Hier, une délégation d’enseignants a été reçue par l’inspecteur d’académie Denis Boullier. Celui-ci leur a fait un certain nombre de propositions. Le recrutement, au plus vite, d’un poste de conseiller principal d’éducation (CPE) a été confirmé, ainsi que deux assistants d’éducation. « Une enquête administrative va être lancée afin de mettre en place un certain nombre de choses. Cet audit sur le collège sera mené par des inspecteurs en collaboration avec des enseignants », précise Eric Mehimmedetsi du syndicat SNES.

Ce jeudi, les 70 professeurs de l’établissement se réuniront en assemblée générale. S’ils décident d’une reprise des cours, elle se fera progressivement. « L’inspecteur d’académie attend une reprise des cours. La délégation reçue estime qu’il y a une avancée significative, mais il reste encore beaucoup à faire. On se rend compte quand même que la situation est un peu plus prise au sérieux et le dialogue plus constructif », poursuit le syndicaliste. Toujours est-il que si les professeurs se mettent d’accord, les cours pourraient reprendre ce jeudi après-midi.

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Une paire de ciseaux à 10 centimètres du visage

Les enseignants du collège César-Franck relatent les faits les plus graves mettant en cause leur intégrité physique. Faits qui se sont multipliés ces quinze derniers jours.

Jeudi 22 novembre : un professeur de maths demande à un élève de 5ème de s’arrêter de chahuter. Celui-ci s’agite de plus belle et finit par se lever. Il gifle le professeur, lui donne des coups de pieds et le griffe au sang sur les mains. Aucune plainte n’a été déposée.

Mardi 28 : une classe de 3ème se venge de sanctions prises à l’égard de certains élèves en refusant de travailler en cours d’Espagnol. Le professeur craque face aux menaces, insultes et quitte le cours en pleurs.

Vendredi 30 : une prof de techno est victime de l’intrusion dans son cours d’un élève de Montaigne*. Ce dernier la bouscule, claque violemment la porte qui la heurte à la hanche. Résultat : un hématome. Une surveillante est aussi bousculée.

Lundi 3 décembre : intrusion d’un élève de 3ème en cours d’Anglais. L’enseignante s’interpose physiquement pour l’empêcher d’entrer dans la classe : bousculade et cheveux tirés s’ensuivent.

Mardi 4 : intrusion de jeunes adultes dans l’établissement. Un prof de français se fait insulter et tutoyer.

Jeudi 6 : une paire de ciseaux vole en classe et atterrit à 10 centimètres du visage d’un professeur de sciences physiques qui gère ensuite une bataille de craies. Le même jour, intrusion d’un élève dans le cours d’un assistant pédagogique. L’élève le frappe, l’insulte et lui donne des coups de pied.

*il s’agit du LP voisin

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