> VIII- POLITIQUE EDUCATIVE DE LA VILLE > Partenariat (Types de documents) > Partenariat (Positions) > Sur l’école dans les banlieues, les opinions de Bruno Leroux (PS) et de (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Sur l’école dans les banlieues, les opinions de Bruno Leroux (PS) et de Mabrouck Rachedi (écrivain intervenant en ZEP)

4 décembre 2007

Extrait de « L’Humanité » du 03.12.07 : Trois choses simples et une volonté politique

Par Bruno Leroux, député (PS) de Seine-Saint-Denis.

Quartiers populaires

que peut-on faire tout de suite ?

Trois choses peuvent être faites tout de suite. D’abord, la République doit être visible dans ces quartiers et la République, dans ces quartiers, c’est l’école. Il faut arrêter de mettre en difficulté les écoles dans ces quartiers difficiles.

Cela passe par le moratoire absolu des fermetures de classes. Chaque année, il faut que nous nous battions, que nous expliquions que chaque fermeture est un coup de poignard dans le coeur de ces quartiers. Plus une seule fermeture de classe dans ces endroits sensibles ! Dans chaque école primaire de ces quartiers sensibles, il faut nommer deux enseignants supplémentaires sans charge de classe. Ces instituteurs prendraient en charge la coordination du programme de réussite scolaire de l’école. Dès qu’un élève est en difficulté, il faut être capable non seulement de le détecter, mais de le prendre en charge. Ces mesures sont faciles à mettre en place, il suffit d’un peu de volonté politique.

Ensuite, il faut mettre en place un plan premier emploi pour les jeunes diplômés des quartiers. Sur ma circonscription, avec le MEDEF, j’ai créé « Nos quartiers ont des talents », quand j’ai remarqué que beaucoup d’entreprises s’implantaient ici mais que cela ne profitait pas aux jeunes diplômés. C’est toute la question des discriminations qui est ainsi posée. Sans mobilisation nationale, sans aide, les jeunes diplômés des quartiers difficiles, ayant un nom à consonance particulière, galèrent trop : il leur faut cinq fois plus de temps que les autres pour trouver un emploi ! Décrocher un diplôme pour ces jeunes est pourtant la preuve d’une grande volonté de surmonter les difficultés. Et de plus, ces jeunes gens sont des leviers pour les autres : leur accès à un emploi qualifié, sûr et bien rémunéré est essentiel pour que notre discours sur l’école ne tombe pas à plat.

Enfin, je veux qu’on réfléchisse aux millions d’euros qui servent à démolir les logements sans s’occuper des personnes qui y habitent. On consacre des millions d’euros à faire des opérations d’urbanisme en pensant qu’elles vont régler des problèmes de quartier, c’est faux. Sans ignorer les problèmes d’urbanisme, je souhaite qu’on réoriente les budgets énormes prévus pour les démolitions vers des opérations de réhabilitation et des opérations de prise en charge sociale.

------------------

L’opinion d’un écrivain qui assure un atelier d’écriture en ZEP

Extrait de « Métro » du 29.11.07 : Banlieues : comprendre pour avancer

En banlieue, rien n’a changé

Le 31 octobre, j’écrivais dans Metro une tribune au titre prémonitoire : “En banlieue, rien n’a changé.” Les émeutes de Villiers-le-Bel rappellent la triste réalité aux yeux de tous. Hélas. J’entends çà et là des voix qui s’élèvent contre la volonté d’expliquer les violences. Par un glissement sémantique étrange, expliquer équivaudrait à justifier. Ah bon ? Si demain la fusée Ariane explose, des ingénieurs tenteront de connaître les causes de l’accident. Mais en aucun cas ils ne le justifieront. Nuance.

Les misères de nos cités sont patentes. Le chômage, la précarité y sont endémiques et déstructurent le tissu social. Victimes de leur mauvaise réputation, les banlieusards sont les éternels bannis de la société. Dans La psychose française, Mehdi Belhaj Kacem écrit qu’ils sont “enfermés dehors”. L’impression de claustration est renforcée par les concentrations communautaires, la présence policière et l’architecture hideuse. Ceci mériterait plus de développements mais l’idée est là.

Certains taxent cette position de misérabiliste, invoquant la responsabilité individuelle. Il serait certes absurde de l’écarter. Mais veut-on nous faire croire que toutes choses égales par ailleurs, les banlieusards sont plus mauvais que les autres ? Si oui, on peut poser, comme l’ont fait certains, l’existence d’un gène de la violence et imaginer qu’il prolifère en banlieue. Sinon, on en revient aux déterminants sociologiques.

Ce constat ne suffit pas. A défaut d’une vraie prise de conscience politique, osons l’initiative ! A mon petit niveau, j’agis. En écrivant bien sûr, avec Le Poids d’une âme. En montant des projets d’ateliers d’écriture dans des collèges ZEP, en collaborant à Respect Magazine, le trimestriel qui secoue les ghettos, en participant au scénario de 6 T Show, une série animée qui dynamite les clichés. Et en m’exprimant ici et partout ailleurs où on m’offrira le temps ou l’espace pour témoigner.

Pour montrer une autre image des cités.

Pour avancer.

Cela relève de ma responsabilité collective.

Je me dois aussi de dénoncer notre société à deux vitesses, course où des concurrents portent des boulets aux pieds. Parce qu’exceptionnellement certains franchissent la ligne d’arrivée, on prétend que tout devient possible. Eh bien non, les exceptions devraient se souvenir d’où elles viennent, des difficultés qu’elles ont connues et, quand les micros se tendent, éclairer sur l’injustice sociale.

C’est l’objet de cette tribune d’un trentenaire qui n’est ni une “racaille” ni un “jeune de banlieue”.

Mabrouck Rachedi, écrivain

------------------

Par ailleurs, lire l’entretien avec Laurent Mucchielli, directeur de recherches au CNRS, sur le site de l’ Observatoire des inégalités

------------------

Lire également la position de l’ICEM (Mouvement Freinet) sur les événements de novembre 2007

Répondre à cet article