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Les actes de la rencontre des coordonnateurs de veille et réussite éducative (novembre 2006) sont en ligne

19 octobre 2007

Extrait de « La Lettre de la DIV » du 12.10.07 : Actes des rencontres nationales des coordonnateurs de veille et de réussite éducative de Courcouronnes du 24 novembre 2006

octobre 2007

Lire les actes (81 pages - 2 Mo)

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Un extrait : témoignage

« La Réussite Educative repose sur un réseau. J’espère comprendre les démarches qui ont permis l’institution de réseaux, à partir des expériences existantes. C’est important pour les professionnels débutants ».

« J’ai un profil relativement atypique, évoqué tout à l’heure. Par ailleurs, le territoire sur lequel je travaille n’a pas encore lancé de Projet de Réussite Educative. Le projet se situe bien en amont, au stade de la réflexion. Ces programmes ne sont pas toujours bien analysés, alors que la politique de la Ville prévoit de porter ce type de dispositif. En effet, celui-ci crée du lien social. La notion de territoire me semble donc une notion intéressante du point de vue de la politique de la Ville (quartiers sensibles, zones éducatives prioritaires). Mais de quel territoire parle-t-on ? Le territoire de la Ville ? Le territoire de l’Ecole ? Je pense qu’il faut expliciter le terme de territoire ».

« Quel lien instituer entre les quartiers en ZUS et les quartiers qui ne le sont pas ? Nous constatons que certains enfants sont en difficulté dans d’autres quartiers que dans les seuls quartiers en ZUS. Le découpage géographique des difficultés recensées ne recoupe pas systématiquement le découpage des quartiers ».

« L’articulation entre territoire et public m’interpelle. Le ciblage du dispositif implique un ciblage individualisé. Or il semble primordial de se fonder sur une articulation entre le public et le collectif. Pour notre part, nous envisageons une approche individualisée. Accompagner des enfants est primordial, mais l’ensemble des situations constitue un système. Il faut donc interroger la nature des actions conduites sur un territoire. Se pose la question de l’articulation du PRE avec l’ensemble du système : le PRE ne doit pas constituer un tonneau des Danaïdes. Nous devons nous interroger sur ce qui produit ces fragilités et ces inégalités. Le concept de Réussite Educative doit en l’occurrence être pris au sens large : d’autres acteurs interviennent sur un territoire donné ».

« Je m’interroge sur la contradiction qui sous-tend les démarches entreprises par l’Etat et les politiques publiques. La Politique de la Ville est censée produire de la cohésion sociale. Dans la réalité, ne conduit-elle pas à certaines discriminations, en raison des limites imposées par la notion de territoire ? Ainsi, la définition du quartier évolue considérablement en fonction de la police, de la CAF, de l’Education Nationale. Les politiques publiques ne s’interrogent pas quant à l’harmonisation des dispositifs et des démarches entreprises et ne remplissent pas nécessairement leurs objectifs. Ainsi, tous les publics de centre-ville ne sont pas nécessairement des individus riches et bien portants. Le concept même de Réussite Educative me semble par ailleurs fondamental ».

« La Ville a souhaité instituer un dispositif étendu à l’ensemble du territoire de la Communauté d’Agglomération. La priorité est donnée au ZEP et aux ZUS. Il se pose toutefois un problème de moyens. En effet, nous recensons une relative insuffisance du nombre d’associations. Comment conférer suffisamment de moyens pour élargir le dispositif à l’ensemble du territoire ? »

« Le texte de loi stipule que les territoires bénéficiant en priorité de ce programme sont les ZEP, REP et ZUS. Le terme « prioritaire » est clair. En général, des dérogations ont été accordées pour quelques territoires, lorsque les préfets ont émis un avis favorable, en s’appuyant sur des indicateurs précis concernant les populations vivant sur ces territoires. Il est vrai qu’il demeure une ambiguïté quant au bornage du dispositif. Je suis très attentif aux questions relatives aux limites à mettre en place.

Le projet recoupe une logique de programme : les territoires et les publics sont délimités, afin de favoriser l’obtention de résultats tangibles. Ces limites sont définies, dans la perspective d’améliorer l’articulation entre publics et territoires. Il existe donc des territoires prioritaires, au sein desquels il y a des publics prioritaires. Nous avons rompu avec l’approche strictement territoriale, qui relève d’une culture purement française. A contrario, l’approche anglo-saxonne se focalise davantage sur les publics. Nous avons croisé cette culture avec un focus particulier apporté aux publics. La question de la relation entre ces deux approches se pose. Selon moi, la réponse se situe dans ce croisement : un territoire ne peut se délimiter qu’en croisement avec un public. S’interroger sur les problématiques liées à la Réussite Educative revient à s’interroger sur les territorialités de la Réussite Educative » (Yves Goepfert - DIV).

« La question du ciblage des publics et des territoires est susceptible de créer des tensions. Je gère ainsi un collège en ZUS et un collège hors-ZUS. Certains citoyens peuvent se plaindre d’être délaissés. Tout un travail assez complexe doit donc être entrepris en matière d’explications. Je m’appuie sur les difficultés scolaires constatées. Toutefois, il est vrai que certains enfants peuvent être fragilisés en dehors des territoires priorisés ».

« Pour notre part, le partenariat avec l’Education Nationale se passe plutôt bien. Nous incarnions un acteur nouveau. Pour être précis, certaines actions se déroulent mieux que d’autres. Les relations avec les responsables de l’Education Nationale peuvent être plus ou moins fructueuses. En tout état de cause, les différents établissements constateront de visu l’intérêt de collaborer avec les équipes de réussite éducative. Certes, des frictions sont possibles, mais la situation reste globalement satisfaisante ».

« Une structure juridique a été instituée afin de résorber ces obstacles relatifs aux résistances manifestées. La réussite viendra d’une véritable mobilisation collective. A contrario, l’échec s’expliquera par la non-implication de certains. La loi prévoit la mise en place d’un partenariat minimal au sein d’une structure juridique. La Réussite Educative ne dépend pas de la seule mairie. Notre objectif est de modifier le paysage français en matière de partenariats, lesquels reposaient jusqu’à présent sur la bonne volonté et la motivation. Ce n’est plus suffisant. Les problématiques éducatives ne doivent pas uniquement reposer sur les établissements scolaires et sur les mairies. Il faut solliciter les associations. In fine, nous envisageons d’élargir la méthode à d’autres partenaires. En ce sens, nous devons surmonter les résistances observées. Une fois le processus initié, les partenaires se manifestent progressivement, selon une courbe exponentielle, même s’il est indispensable de prendre le temps d’élaborer son projet » (Yves Goepfert - DIV).

« Plus nous progressons dans la réflexion, plus nous constatons que la notion de public devrait prendre le pas sur la notion de territoire. Cette dernière ne me semble guère pertinente. En effet, certains établissements ont obtenu le label ZEP, parce qu’un bus ou une poubelle a brûlé. Une telle démarche est stigmatisante. Dans de nombreux établissements qui ne sont pas classés en ZEP ou en ZUS, nous déplorons des problèmes de psychomotricité, d’obésité, de handicap...Nous devons réfléchir pour savoir quel chemin arpenter dans une perspective de progression efficace ».

« Je considère qu’il est primordial de s’interroger sur les doublons en matière de prise en charge. En qualité de professionnelles de la réussite éducative, nous avons conscience de certaines limites. Nous connaissons notre champ d’intervention. De nombreux professionnels craignent que nous prenions leur place. En termes de prévention ou d’aide, il n’existe pas d’obligation de prendre en charge l’ensemble d’une fratrie. Un cheminement doit être privilégié. S’occuper d’un enfant qui fait des révélations ou commet un acte de délinquance nécessite une démarche de collaboration avec d’autres services. La question de la prise d’information est fondamentale.

« Il faut anticiper la problématique du signalement et faire le tri entre les cas qui peuvent nous être soumis. Il est indispensable de gérer la problématique de délimitation des publics. En l’occurrence, nous recevons tant d’informations que nous ne pouvons plus gérer l’ensemble du dispositif. Au final, le dispositif actuel conduit à laisser certains enfants concernés de côté ».

« Nous remplissons un rôle d’aiguillage. A un moment donné, si le cas relevé ne correspond pas à notre public, nous avons le devoir d’orienter la famille ou le professionnel vers la structure idoine ».

« Il faut instituer une procédure standard en matière d’adhésion au Programme de Réussite Educative. Qui repère les enfants en difficulté ? Les premiers concernés par le repérage de difficultés sont les enseignants. Nous demandons que les médecins entreprennent systématiquement ces bilans, lorsqu’un cas d’enfant en difficulté ou fragilisé est recensé. Je pense qu’en nous accordant sur cette procédure le dispositif gagnera en efficacité. Les acteurs d’accompagnement peuvent être des animateurs, des parents. Les professionnels scolaires de la santé sont alors susceptibles de prendre rendez-vous. Une fois cette étape franchie, nous pouvons remplir la charte de confidentialité, visant à protéger l’information et le secret professionnel, mais également à diffuser l’information entre les professionnels en charge du dossier. Il est hors de question qu’un psychologue ou qu’un infirmier prenne la responsabilité de conserver l’information sans la transmettre aux autres responsables du dossier ».

« Nous avons des difficultés pour mettre en place le dispositif. En ce qui concerne la charte de confidentialité, nous ne sommes pas parvenus à nous accorder sur ce thème. Je crois à ce dispositif, mais il semble que chaque acteur souhaite préserver son territoire professionnel. En tant que psychologue, je constate que nous ne parvenons pas à progresser de manière convaincante ».

« Lorsque le texte relatif au PRE est paru, nous avons dispensé une formation portant sur ce thème. Chacun pouvait ainsi exprimer ses inquiétudes quant à l’application de ce dispositif. Ces inquiétudes portaient essentiellement sur la notion de partenariat. En réalité, cette démarche s’est avérée extrêmement bénéfique, et nous avons réussi à intégrer des professionnels de différents horizons dans le dispositif. Ces derniers ont pu traduire dans leurs pratiques les actions prévues dans ce programme. Nous avons ainsi été en mesure d’élaborer une charte de confidentialité. Selon moi, nous sommes obligés de travailler avec l’Education Nationale. En ce qui concerne le problème de santé, nous sommes confrontés à un souci relatif à la mauvaise organisation de la médecine scolaire. Toutes les réflexions entreprises sur ce thème peinent à déboucher sur une démarche concrète ».

« Pour notre part, nous sommes sortis volontairement des cellules de Veille Educative. Nous avons enjoint aux écoles et aux collèges d’entreprendre cette action de veille et de repérage. Cette démarche s’avère plutôt efficace. En termes stratégiques, nous nous sommes positionnés en tant que gestionnaires de moyens. En effet, nous n’avions pas les capacités financières de recruter notre propre équipe. L’enveloppe budgétaire ne nous le permettait pas. Nous avons donc proposé aux responsables des écoles et des collèges de venir à notre rencontre »

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La Lettre d’information est éditée par le département communication de la Délégation interministérielle à la Ville

Contact - tél. : 01 49 17 46 15

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