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Extrait de « La Lettre de la DIV » du 12.10.07 : Une communication du gouvernement sur le plan national pour l’inclusion
La ministre du Logement et de la Ville et le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté ont présenté une communication sur le plan national d’action pour l’inclusion. Plus de sept millions de Français vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté monétaire, tel qu’il est défini par Eurostat (moins de 817 euros par mois).
Le Gouvernement s’est fixé comme objectif de réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans, en mettant en oeuvre trois grandes priorités d’action : « favoriser l’accès et le retour à l’emploi des personnes qui en sont le plus éloignées » ; « intervenir pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes » ; « développer l’offre de logement social et d’hébergement ».
Plusieurs rendez-vous sont prévus en 2008. Le comité interministériel de lutte contre l’exclusion se réunira le 1er semestre 2008 ; il sera précédé d’une conférence nationale de prévention et de lutte contre l’exclusion, ainsi que de conférences territoriales et thématiques.
Par ailleurs, la France organisera à l’automne, dans le cadre du programme communautaire de lutte contre l’exclusion sociale, la septième table ronde européenne sur le thème : « Pauvreté : pour une stratégie intégrée d’inclusion sociale ». Enfin, le Gouvernement proposera l’adoption d’une recommandation du Conseil de l’Union européenne sur l’inclusion active dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.
Le conseil des ministres du 3 octobre 2007
La Lettre d’information de la DIV est éditée par le département communication de la Délégation interministérielle à la Ville
Contact - tél. : 01 49 17 46 15
Extrait du « Monde » du 09.10.07 : Des acteurs de la lutte contre la pauvreté gênés par les sollicitations de M. Hirsch
Le haut-commissaire aux solidarités actives a demandé aux associations de signer un texte autour de son objectif de réduction de la pauvreté. Certaines craignent un piège
La sincérité de Martin n’est pas en cause », répètent, un brin gênés, les représentants des principales associations qui luttent contre l’exclusion. Le malaise, pourtant, est palpable depuis que Martin Hirsch, le haut-commissaire aux solidarités actives et ancien président d’Emmaüs France, leur a demandé de signer un texte d’engagement commun autour de l’objectif de réduction de la pauvreté d’un tiers en cinq ans.
Affichée pour la première fois en France par un exécutif, cette ambition suppose de faire franchir le seuil de pauvreté (817 euros en 2005) à 2,1 millions de personnes pauvres, sur les 7 millions que compte la France, d’ici la prochaine élection présidentielle, en 2012. Cette idée résulte directement du travail mené en 2005 par la commission « Famille, pauvreté et vulnérabilité », animée par M. Hirsch. « C’est pour cela que je suis venu dans cette galère », confie-t-il.
Dans ce cadre, le haut-commissaire a rédigé un document fixant les principes pour atteindre l’objectif et la méthode pour évaluer son avancement. Par une démarche inédite, il l’a soumis, pour approbation, aux acteurs qui luttent contre la pauvreté (associations, syndicats, représentants des collectivités locales), lors d’une réunion, le 1er octobre.
Les associations ont craint un piège. Ainsi, pour Gilbert Lagouanelle, directeur de l’action France au Secours catholique et président du collectif Alerte, « il n’est pas question de signer un texte d’intention du gouvernement alors que, dans le même temps, plusieurs mesures prises depuis cinq mois sont en contradiction avec l’objectif affiché de réduction de la pauvreté ». « Nous ne souhaitons pas signer un blanc-seing au gouvernement et nous retrouver ensuite liés », confirme Sandrine Witeska, responsable de la communication d’Emmaüs France.
M. Hirsch a beau affirmer que son texte a été approuvé lors d’une réunion interministérielle, les associations se méfient. Les déductions d’impôts pour les futurs propriétaires, le projet de suppression de la carte scolaire, ou encore, ces derniers jours, la restriction de l’accès aux centres d’hébergement d’urgence pour les sans-papiers : ces projets ne vont pas dans le sens de la lutte contre les exclusions, estiment-elles.
En outre, parmi les pistes évoquées dans le document, la plupart, hormis le revenu de solidarité active (RSA), ne sont que des intentions hors de la portée du haut-commissaire, jugent-elles. Plusieurs « actions » nécessaires pour atteindre l’objectif sont ainsi énumérées : « lever les freins à la croissance », « réduire le chômage », augmenter les salaires, réformer les prestations familiales, agir « pour les 18-24 ans ». Le texte indique que « les politiques du logement, de la santé, de l’éducation sont essentielles pour lutter contre la pauvreté ».
« On ne peut pas contractualiser sur quelque chose d’aussi flou, estime Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). A part le RSA, aucune proposition concrète n’est développée. » Pour Olivier Berthe, des Restos du coeur, « se donner un objectif mais pas les moyens, c’est un écran de fumée ».
Par ailleurs, Bruno Tardieu, délégué national d’ATD Quart Monde, regrette que le principal indicateur choisi pour mesurer l’évolution de la pauvreté soit un indicateur monétaire (c’est-à-dire le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian des Français, réévalué chaque année pour tenir compte de l’inflation) : « Avec un simple coup de pouce monétaire, il pourrait être tentant de faire franchir le seuil de pauvreté au tiers qui en est le plus proche, laissant là où ils sont les deux autres tiers, qui représentent le noyau dur de la pauvreté. »
« Je ne veux piéger personne, dit M. Hirsch. L’important, c’est de se fixer un objectif commun pour se forcer à le tenir. Je me place dans une logique économique : lorsque les pays de l’Union européenne se sont fixé pour règle de ne pas dépasser un endettement de 60 %, ils n’ont pas examiné en détail les moyens d’y parvenir. C’est pourtant un levier d’une grande puissance. Il nous faut un levier de cette force-là pour la pauvreté, afin qu’il devienne opposable. » « Les associations ne sont pas habituées à devoir se positionner comme cela », tranche le haut commissaire.
« Nous ne coupons pas les ponts, insiste cependant M. Lagouanelle. Nous ne voulons pas détruire la volonté de Martin Hirsch, car elle est la nôtre. Nous sommes prêts à travailler à l’élaboration de solutions concrètes. Mais pas en signant un texte en huit jours. » Une nouvelle réunion entre tous les partenaires est prévue le 9 octobre.
Emmanuelle Chevallereau