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Une question qui concerne aussi l’accompagnement éducatif : l’attitude des enseignants devant les heures supplémentaires

24 septembre 2007

Extrait du « Monde » du 23.09.07 : Le travailler plus pour gagner plus » n’effraie pas les professeurs

Les sirènes du "travailler plus pour gagner plus", chères à Nicolas Sarkozy, ne laissent pas insensibles le monde enseignant. La petite musique risque de résonner tout au long des débats de la commission sur l’évolution du métier d’enseignant, installée par François Fillon, lundi 24 septembre.

Les intentions du président de la République sont sans ambiguïtés. "Nous voulons que la rémunération des enseignants corresponde mieux à l’importance de leur rôle pour la nation, à court terme en permettant aux enseignants qui veulent travailler plus de le faire", écrivait-t-il dès le 5 juillet.
Lors de son discours sur la réforme de la fonction publique, à Nantes, mercredi 19 septembre, M. Sarkozy a précisé : "C’est sur les heures supplémentaires qui correspondent à une charge supplémentaire que doit porter le plus gros effort. Dans la fonction publique, aussi, on doit gagner plus quand on travaille plus. Elles doivent, comme dans le secteur privé, être mieux payées que les heures normales. Elles serviront par exemple à rémunérer les enseignants qui encadreront les enfants après la fin de la classe."

Le monde des heures supplémentaires n’est pas étranger à l’éducation nationale. Dans le premier degré, certaines missions d’accueil, de surveillance ou de soutien scolaire sont payées en heures supplémentaires. Dans le second degré, leur utilisation est aussi largement répandue. En plus de leurs obligations de service, les professeurs sont obligés, pour compléter les grilles horaires des élèves, d’accepter de faire une heure supplémentaire, prise sur le contingent des "heures supplémentaires années" (HSA). Au-delà de cette première heure, l’enseignant peut refuser de travailler plus. En revanche, il a la possibilité de faire jusqu’à 6 heures supplémentaires par semaine.

Il existe aussi des heures supplémentaires occasionnelles, dans lesquelles le chef d’établissement pioche pour remplacer un professeur absent ou payer des enseignants qui s’engagent dans des actions d’animation, de soutien ou encore de pilotage de projet. On parle alors d’heures supplémentaires effectives (HSE), que les enseignants peuvent refuser de faire et dont le cumul n’est pas limité.

Actuellement, peu de professeurs sont réfractaires à ces heures supplémentaires. Ne serait-ce que par conscience professionnelle. Parina Bé est professeure d’anglais dans un lycée de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Cette année encore son emploi du temps s’est alourdi de quelques heures. "Il m’est arrivé de faire jusqu’à 2,5 heures supplémentaires par semaine, témoigne-t-elle. Franchement, quand il manque une heure de cours à une classe, je ne me vois pas dire à mes élèves, je suis votre professeur d’anglais mais pour la dernière heure, vous aurez quelqu’un d’autre."

A la retraite depuis une semaine, Claude Rebaud a été proviseur plusieurs années dans la région de Saint-Etienne. Il ne se rappelle pas avoir eu des problèmes pour trouver des volontaires aux heures supplémentaires. " C’est vrai que j’ai toujours eu la chance de travailler dans des établissements importants. Si un enseignant refusait, il y en avait toujours un autre susceptible d’accepter." Pour cet ancien chef d’établissement, il y a une "marge entre les discours de façade, assez dogmatiques, et la réalité. Il y a des enseignants qui ont besoin de ces heures pour boucler leurs fins de mois même si elles ne sont pas très attractives financièrement".

La rémunération des HSA et des HSE est si complexe que peu d’enseignants sont capables de dire ce qu’elles leur rapportent. "La première heure de HSA est théoriquement majorée de 20 % mais le mode de calcul, qui prend en compte toute une série de paramètres, fait que dès que l’on a plus de sept ans de carrière, ces heures sont payées moins que les heures de service", explique Guy Barbier, du syndicat des enseignants SE-UNSA. "Quant aux heures suivantes, elles ne sont pas majorées donc encore moins intéressantes", poursuit-il.

Elisabeth Demonque est professeure de français dans un collège parisien. Très impliquée dans l’insertion des élèves en difficulté, elle donne de son temps pour monter de nombreux projets, souvent bénévolement. "Je commence à penser que si on nous payait plus, nous serions peut-être plus considérés." Pour autant, l’enseignante, comme beaucoup de ses collègues, reste vigilante. "Il ne faudrait pas que ce volontariat se mue en obligation de service ou que ce soit utilisé comme la formule magique pour supprimer des quantités de postes", dit-elle, avant d’ajouter : "Notre temps de travail ne se résume pas à notre temps de service."

Le coeur du problème est là. Comment aborder cette question sans raviver la sensibilité des enseignants sur leur temps de travail ? Une gratification attractive de ces heures sera-t-elle suffisante ? "Après dix ans d’enseignement, je gagne 1 800 euros par mois. Je ne fais pas partie des gens qui pleurent sur leur salaire mais ma fierté en prend un coup quand je pense aux années d’études que j’ai faites", confesse Danielle Grandidier, professeure de français à Lille.
Catherine Rollot

CHIFFRES

39 H 47.
Temps de travail hebdomadaire moyen d’un enseignant à temps complet.

20 H 27.
Temps de travail hors de la présence des élèves (préparation des cours et correction des devoirs...).

En dehors des heures de cours, 65,6 % du temps de travail est effectué au domicile des enseignants, soit 13 H 25, alors qu’ils passent en moyenne 26 H 22 à travailler dans l’établissement. Les heures de cours dépendent des obligations réglementaires de service (ORS). Celles-ci varient 18 HEURES de cours. Un professeur agrégé est redevable de 15 HEURES de cours. 58,8 % des enseignants effectuent en moyenne 1,26 heure supplémentaire par semaine. (Source : ministère de l’éducation nationale.)

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