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Témoignage d’un directeur d’école en REP rural dans les Côtes-d’Armor

14 septembre 2007

Extrait du « Télégramme de Brest » du 12.09.07 : Directeur d’école : de la motivation à revendre

« Je voulais un travail enrichissant, qui me permette de m’épanouir ». Vincent Mesureur a trouvé sa voie, à 36 ans, en devenant directeur d’école. Mais pas n’importe où : à Collinée, en plein Centre Bretagne, là où les enfants ont besoin de maîtres très motivés.

Ce portrait est le premier volet d’une série consacrée à la rentrée des classes. Vincent Mesureur n’avait pas vraiment la vocation. En tout cas, il l’ignorait. Ce sont les circonstances qui l’ont fait devenir professeur des écoles. Titulaire d’une licence de sciences éco, il a commencé par travailler aux Assedic, à Lens, dans le Pas-de-Calais. Mais au bout de cinq ans, il a préféré démissionner. « Même si le boulot était plutôt bien payé, je ne me voyais pas faire des statistiques toute ma vie ».

Le poste de « web designer » qu’il a ensuite occupé dans une boîte de publicité du Nord - Pas-de-Calais lui plaisait bien, mais pour suivre sa femme en Bretagne, il n’a pas hésité à démissionner une seconde fois. Bien lui en a pris.

« Ça ne m’était jamais venu à l’idée »

C’est à l’occasion d’un bilan de compétences, alors qu’il était au chômage, que Vincent découvre qu’il était peut-être fait pour le boulot d’enseignant. « Ça ne m’était jamais venu à l’idée mais ma fiche correspondait avec celle de professeur des écoles ». Il ne lui en a pas fallu plus pour tenter le concours d’entrée à l’IUFM, qu’il réussit sans problème.

En septembre 2006, le Nordiste débarque à Collinée, au beau milieu des Côtes-d’Armor, pour prendre son premier poste : directeur dans une école classée en REP (Réseau d’éducation prioritaire), l’équivalent des ZEP pour les villes. « C’était mon choix », explique Vincent. Diriger une école de 85 enfants ne lui faisait pas peur. « Un directeur, c’est quelqu’un qui entraîne les autres. Le fait d’être passé par le privé m’a rendu plus fort ».

Réenchanter les enfants

Mais pourquoi pousser la difficulté jusqu’à demander une école classée REP, alors que les candidats à ce genre de poste sont très peu nombreux ? Eh bien, c’est justement la difficulté du poste qui a motivé Vincent. « Ici, il y a une « mini-banlieue » avec des lotissements à l’écart ». Pour l’essentiel, ils abritent les 1 200 employés de l’abattoir et leurs enfants. 20 % d’entre eux sont d’origine étrangère. « Je préfère offrir ma motivation aux élèves qui en ont le plus besoin. C’est dur, mais on a envie de tirer le meilleur des élèves que l’on a ».

Issu lui-même d’un milieu modeste, Vincent est convaincu que tous les élèves peuvent s’en tirer. Une bonne partie de ses efforts et de ceux de ses trois jeunes collègues vise à les en persuader. « Ce n’est pas parce que l’on habite un petit village du Centre Bretagne que l’on ne peut pas s’en sortir », dit-il. « Notre stratégie est de réenchanter ces enfants, de leur montrer qu’ils sont capables de réussir, de leur en donner l’envie ».

Laisser sa marque

Pas facile, parce qu’il existe un fatalisme culturel et social très fort, contre lequel il faut sans cesse lutter. L’instituteur utilise tous les moyens possibles pour faire prendre conscience à ses élèves des talents qu’ils ont en eux et les aider à les exprimer.

Le prix du jury, obtenu au concours national des journaux scolaires, leur a montré qu’ils pouvaient rivaliser avec n’importe quelle autre école. L’année dernière, des classes « découverte de la ville » ont été organisées parce que la plupart des enfants n’ont jamais vu une grande ville.

Cette année, Vincent et son équipe se sont fixé un nouveau défi : faire entrer les parents dans l’école. La plupart n’osent pas y mettre les pieds. Pas pour qu’ils interviennent, mais pour développer les échanges. Pour atteindre cet objectif, la circulation à l’intérieur de l’école sera modifiée pour favoriser les rencontres. Vincent aimerait laisser sa marque et celle de son équipe à Collinée. « On se dit que l’on pourrait faire de cette école une école d’excellence. Non pas une école de petits génies, mais une école où les enfants sont contents de venir ».

À suivre, un reportage à la nouvelle école de Tréméloir (22).

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Voir l’école de Collinée sur géoportail

Longitude : 02° 31’ 09’’ Ouest

Latitude : 48° 18’ 02’’ Nord

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Sur le site de Collinée :

 situer Collinée

 Une photo de l’école

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