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Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire, demande où sont les promesses sur les ZEP.

11 septembre 2007

Extrait de « Libération » du 10.09.07 : Votre lettre a semé la confusion

Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de la Loire, président de la commission éducation de l’association des régions de France

Monsieur le Président,

depuis ce mardi 4 septembre, jour où vous avez lu à Blois votre lettre aux éducateurs, je visite des lycées de ma région. J’y rencontre les communautés scolaires - lycéens, enseignants personnels techniciens et ouvriers, conseillers d’orientation, intendants, proviseurs, parents... Nos débats tournent principalement autour de la suppression de 11 000 postes qui crée une tension sociale indéniable dans les lycées, la fin du collège unique, le socle commun des connaissances, les effets de la suppression de la carte scolaire et le rôle de l’école républicaine dans la réduction des inégalités sociales. Dans ce contexte, votre lettre a levé quelques ambiguïtés, mais a semé de la confusion. Les valeurs universelles que vous prônez (épanouissement, laïcité, respect, tolérance) provoquent bien évidemment l’adhésion lorsqu’elles restent au niveau des considérations générales. La traduction que vous en faites a, par contre, une dimension autoritaire bien moins consensuelle. Vous précisez quelques éléments sur la reconversion des enseignants, sur l’interdisciplinarité, sur les études surveillées, sur l’individualisation des parcours de formation pour lesquels il sera nécessaire de mettre des moyens conséquents en face. Je suis en revanche en désaccord total avec la grille de lecture de la société qui transparaît dans votre propos.

Non, l’échec scolaire n’a pas atteint récemment des niveaux qui ne sont pas acceptables, il a toujours existé et nous devons tous travailler à le résorber. Non, la jeunesse d’aujourd’hui n’est pas plus brutale que celle d’hier. Non, on ne peut pas mettre au même niveau dans le processus éducatif le juge et l’enseignant ou le policier et le parent. Où sont les promesses sur les ZEP - vous parliez de plan d’urgence en faveur des établissements « en marge du progrès scolaire » -, où sont les écoles de la deuxième chance, où sont les efforts particuliers en faveur de l’enseignement professionnel et technologique ? Vous ne vous arrêtez pas un instant sur les besoins des 700 000 lycéens scolarisés en son sein. La question de l’orientation et de ses moyens, qui apparaît criante à l’ensemble de la communauté éducative, est également absente. Vous choisissez dans cette « Lettre aux éducateurs » de vous adresser uniquement aux parents et aux enseignants. Or dans les établissements travaillent chaque jour des personnels administratifs et de direction, des infirmières, des conseillers d’orientation, des techniciens et ouvriers de service, des aides-éducateurs qui ont remplacé fragmentairement les emplois jeunes. Ils sont au contact des jeunes et participent à la mission éducatrice de l’école.

Partenaires essentiels de l’éducation, les associations d’éducation populaire ouvrent les jeunes à la citoyenneté, à l’acquisition de l’esprit critique, à la curiosité sur le monde et à la diversité culturelle. Cette promotion du « faire ensemble » apporte aux jeunes des expériences irremplaçables qui structurent leur personnalité. Ils y apprennent que la vraie autorité, dans le champ social, c’est le savoir, mais aussi le savoir-faire, au travail, sur un terrain de sport ou dans la mise en œuvre d’un projet. Enfin, les collectivités locales, communes, départements, régions, ont investi le champ de l’Education nationale de façon massive : financement et entretiens des locaux d’enseignement, équipements pédagogiques, transport des élèves, mais aussi financement des actions sociales et éducatives et vie périscolaire.

Or tout votre propos renvoie à une vision de la réussite scolaire fondée uniquement sur la réussite individuelle, indépendamment de tout environnement social. Là réside la grande différence entre la gauche et la droite.

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