Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Extrait de « 20 minutes » du 24.08.07 : « Redonner aux zones d’éducation prioritaire les moyens d’exercer »
Pour Gérard Aschieri, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU), l’Education nationale a besoin de plus de moyens et doit penser en priorité aux ZEP (zones d’éducation prioritaire).
Xavier Darcos a annoncé mardi plus de 11.000 suppressions de postes en 2008. Le 27 août, le Haut conseil de l’éducation (HCE) doit publier un rapport critique sur la formation en primaire. Le 3 septembre, c’est un documentaire à charges qui sera diffusé sur Canal +... L’Education nationale est la cible de nombreuses critiques.
20 minutes : La rentrée s’annonce-t-elle morose ?
Gérard Aschieri : Il y une certaine morosité du fait, de l’annonce du ministre, mais nous restons tout de même sur un succès depuis l’abrogation des décrets Robien. Il n’y a donc aucun mouvement prévu pour la rentrée.
Sur les critiques, j’émets des doutes sur les compétences du Haut conseil de l’éducation. C’est un groupe qui travaille seul et qui, pour ce rapport, n’a pas consulté beaucoup de personnalités du monde de l’éducation. La Fédération syndicale unitaire (FSU) n’a pas été consultée, la Commission des représentants syndicaux ne l’a été qu’une fois... J’attends donc de voir ce que contient le texte.
20 minutes : Et sur le documentaire « Education nationale, un grand corps malade », diffusé sur Canal + le 3 septembre, qui dénonce un système qui fabrique de plus en plus de bacheliers sans penser leur accompagnement en université ?
Gérard Aschieri : Je n’ai pas encore vu le résultat final mais le discours sur « le niveau scolaire qui baisse » est connu. Et convenu. Un tel discours me paraît manquer de nuance et ignorer la complexité du système éducatif.
20 minutes : Il y a pourtant un décalage entre la sortie du lycée, où plus de 80% des élèves obtiennent leur Bac (83,3% de reçus pour l’édition 2007), et la réussite des étudiants à l’université.
Gérard Aschieri : Aujourd’hui en France, 15 à 20% des élèves sortent du système scolaire sans qualification. Ce qui signifie que le système fonctionne bien pour une majorité d’élèves, ce dont attestent les chiffres de réussite au Bac. Il y a 40% d’échec lors des premières années de fac. La faute à un encadrement catastrophique et une situation sociale dramatique des étudiants. Si ce décalage existe, ce n’est pas parce que l’on donne le Bac à tout le monde mais parce que l’université n’est pas équipée pour traiter les différences de diplômes.
20 minutes : Selon vous, quelles sont aujourd’hui les chantiers prioritaires de l’Education ?
Gérard Aschieri : Nous avons besoin de personnes plus diplômées. Mais il nous faut penser l’avant. La fracture est d’abord socioculturelle et géographique : Créteil, qui obtient les plus mauvais résultats de réussite au Bac, est une des zones qui cumulent le plus de difficultés sociales. Nous devons redonner aux zones d’éducation prioritaires les moyens d’exercer. Cela passe par plus de personnel d’éducation, d’orientation et des assistantes sociales. A l’échelle nationale, il faut généraliser le travail en équipe, entre les différents intervenants scolaires, et assurer un meilleur suivi individuel de l’élève.
Améliorer la formation des enseignants me semble également nécessaire. Lors de leur première année d’enseignement, ils se retrouvent « lâchés » dans une classe sans bagages suffisants. Je préconise donc un allègement de leur temps de cours, lors de cette première année, pour leur permettre d’alterner terrain et formation. Ils pourraient ainsi confronter la théorie aux situations rencontrées sur le terrain.
Propos recueillis par Sandrine Cochard