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Le débat sur la discrimination positive aux Etats-Unis

2 juillet 2007

Extrait du « Monde » du 30.06.07 : La Cour suprême limite la discrimination positive à l’école

La Cour suprême américaine a infligé un revers aux partisans de la discrimination positive, jeudi 28 juin, en rejetant les règles d’admission d’un lycée de Seattle (Etat de Washington) et d’une école de Louisville (Kentucky), qui étaient fondées sur la race et destinées à imposer une mixité entre élèves blancs et noirs. Dans ces villes où les deux communautés vivent séparées, ces critères d’admission visaient à prévenir un retour de la ségrégation au sein de l’éducation publique. La décision pourrait limiter le champ d’action de nombreux autres établissements à travers le pays.

« Ce n’est pas parce que les districts scolaires poursuivent des objectifs louables qu’ils sont pour autant libres de faire de la discrimination sur la base de la race pour y arriver", a affirmé le président de la cour, le juge John Roberts, au nom d’une majorité de cinq juges contre quatre. "Pour mettre un terme à la discrimination fondée sur la race, il faut arrêter de faire de la discrimination sur le fondement de la race", a-t-il estimé.

Les plaintes avaient été déposées par des parents dont les enfants n’avaient pas pu se rendre dans les écoles de leur choix. Parmi les plaignants figurait Crystal Meredith, une femme blanche vivant à Louisville et élevant seule un garçon de cinq ans, qui s’était vu refuser l’admission dans l’école la plus proche de chez lui, où les enfants noirs étaient sous-représentés. L’administration Bush avait pris le parti des plaignants.

Les partisans de la discrimination positive voient toutefois une lueur d’espoir dans l’avis rédigé par le juge Anthony Kennedy. Tout en votant avec la majorité pour juger excessive l’utilisation du critère racial dans les établissements de Seattle et Louisville, il a affirmé que la décision rendue ne devait pas être interprétée comme une interdiction absolue de prendre en compte la race dans les politiques d’admission. Les ténors du Parti démocrate ont unanimement condamné la décision.

En 2003, la Cour suprême s’est prononcée contre l’attribution automatique de points supplémentaires pour les étudiants issus de minorités et candidats à l’entrée dans des universités, mais a autorisé la prise en compte de la race, parmi d’autres facteurs, lors de l’évaluation individuelle des dossiers. La juge Sandra Day O’Connor, qui avait alors fait pencher la balance en faveur de la discrimination positive, a depuis été remplacée par un juge plus conservateur, Samuel Alito, nommé par le président Bush.

Philippe Bolopion

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Extrait de « Yahoo actrualités », le 01.07.07 : USA : la Cour suprême contre la discrimination positive à l’école publique

Washington (AFP) - La Cour suprême américaine a estimé jeudi que les écoles, collèges et lycées publics ne pouvaient pas utiliser la discrimination positive pour garantir la mixité raciale des établissements, une décision très contestée par les juges progressistes de cette institution.

"La recherche par les écoles d’un objectif estimable ne veut pas dire qu’elles sont libres d’effectuer une discrimination sur la base de la race pour l’atteindre", a écrit le président de la Cour, John Roberts, dans la décision rendue par cinq voix contre quatre.

Cependant, l’un des juges de la majorité, Anthony Kennedy, n’a pas adhéré à l’ensemble des arguments du juge Roberts, expliquant qu’à ses yeux, les écoles pouvaient prendre en compte la race des élèves, mais à la condition absolue que ce ne soit qu’un critère parmi de nombreux autres.

La Cour avait été saisie par des parents qui contestaient les règlements régulant les inscriptions dans les lycées de Seattle (Etat de Washington, nord-ouest) et dans les écoles primaires de Louisville (Kentucky, centre-est), deux villes où Blancs et minorités ne vivent pas dans les mêmes quartiers.

A Seattle, la race a été le critère qui a empêché 300 adolescents - 200 Blancs et 100 Noirs, Hispaniques ou Asiatiques - d’aller dans le lycée de leur choix, qui avait plus de candidats que de places. A Louisville, un petit garçon n’a pas pu aller à la maternelle la plus proche de chez lui, où il restait des places, parce qu’il y avait déjà trop de Blancs.

Pour les parents d’élèves, soutenus par le gouvernement, ces mesures étaient tout aussi discriminatoires que la politique de ségrégation interdite par la Cour suprême en 1954.

En 2003, la Cour avait autorisé les universités à prendre en compte la race dans leurs critères d’admission afin de favoriser la diversité dans leur recrutement, à condition que cela soit un élément parmi d’autres, et qu’il ne soit pas question de quotas.

Mais la décision avait été rendue par cinq voix contre quatre et la juge qui avait alors fait pencher la balance, la centriste Sandra Day O’Connor, a laissé sa place l’année dernière au conservateur Samuel Alito.

"C’est une décision que la Cour et le pays vont regretter", a dénoncé le juge Steven Breyer, au nom des quatre juges progressistes, dans une longue déclaration dépourvue des habituelles formules de politesse et insistant sur la réalité du manque de mixité raciale dans les écoles américaines.

Le doyen des neuf sages, John Paul Stevens, a ajouté qu’il était "fermement convaincu" qu’aucun des juges qui siégeaient lorsqu’il a rejoint la Cour en 1975 "n’aurait été d’accord avec la décision d’aujourd’hui".

En revanche, le juge Clarence Thomas, le seul juge noir de la Cour, a rappelé son opposition de principe à la discrimination positive. S’il y a un déséquilibre entre les races, "ce n’est pas la ségrégation", a-t-il expliqué, ajoutant que l’intégration forcée ne garantissait pas que les groupes ethniques se mélangent dans la cour de récréation.

Cette décision "est atterrante", a réagi le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid. Depuis la décision interdisant la ségrégation en 1954, "c’était une loi établie que la Constitution réclamait la mixité raciale dans les écoles", a-t-il estimé, alors que de nombreuses associations de défense des minorités exprimaient leur déception.

"C’est un triste jour", a déclaré le président de la Ligue urbaine de Seattle, James Kelly, tout en s’engageant à trouver de nouvelles solutions pour offrir une bonne éducation à tous les enfants de la ville.

Fanny Carrier

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Extrait du site « Agora Vox », le 30.06.07 : Etats-Unis : la Cour suprême refuse la discrimination positive à l’école

La Cour suprême américaine a estimé jeudi que les écoles publiques ne pouvaient pas utiliser la discrimination positive pour garantir la mixité raciale des établissements. Cette décision, approuvée par cinq voix contre quatre, s’applique même quand la race n’est qu’un élément parmi d’autres, selon la Cour suprême.
L’information relatée par la dépêche AFP (voir ci-dessus)

Qu’en est-il vraiment de l’affirmative action ?

La discrimination positive ou affirmative action comme l’appellent les Américains a été mise en place à l’université, dans la Fonction publique et pour l’attribution des marchés publics dans les années 1960. Des places sont strictement attribuées en fonction de la « race » : blanc, noir, hispanique et asiatique.

Le fait de vouloir mettre en place des quotas pour les "minorités visibles" relèvent purement et simplement du racialisme.

Le racialisme, c’est considérer qu’il existe des races au sein de l’espèce humaine, et que chaque individu pris au hasard est défini de manière incontestable et essentielle par son appartenance à la supposée race.

Le racisme, c’est postuler la hiérarchisation des races, et mettre en place un modèle social s’appuyant sur cette classification.

On le voit bien, il n’y a qu’un pas entre le racialisme et le racisme.

La discrimination positive, qui prétend vouloir corriger la racialisation socioprofessionnelle, procède d’une démarche racialiste, puisqu’elle prône une représentation raciale au sein des classes sociales strictement égale à la répartition raciale au sein de la population totale.
Cela signifie que les individus, indépendamment de leurs qualités intellectuelles, culturelles, personnelles, etc. doivent être rangés dans une case qui leur est réservée, au détriment ou bien au bénéfice d’un autre individu n’appartenant pas à la même race. C’est ignoble.

Les Américains ont répondu au racisme par le racialisme compensatoire. Ces mesures ont aidé à l’émergence d’une classe moyenne afro-américaine et permis l’accès de personnes de couleur à de hautes responsabilités (Powell, Rice, etc.). Le racisme et les inégalités n’en ont pas pour autant régressé. Le problème de la discrimination positive, c’est qu’elle s’attaque aux effets et non pas aux causes de la stigmatisation.

Efficacité limitée, effets pervers et entorse grave au principe d’égalité des chances, l’affirmative action n’est assurément pas la solution. Le véritable enjeu est de mettre fin à la reproduction sociale et de restaurer l’égalité des chances. Mais cela ne peut se faire que sur des critères exclusivement sociaux.

La France, elle, ne reconnaît que les inégalités socio-économiques ou territoriales, refusant d’ailleurs toute référence à l’origine ethnique des individus dans les statistiques démographiques. La mise en place de zones d’éducation prioritaires, la mixité sociale, les conventions ZEP, etc. vont certes dans le bon sens, mais les effets sont marginaux.

Il faut faire preuve de lucidité : un cercle vicieux s’est malheureusement mis en place : ghettoïsation de l’immigration, non-intégration, discrimination, non-intégration, discrimination, non-intégration, etc. La racialisation socioprofessionnelle est en marche, et elle va s’amplifier avec la mondialisation.

Il est probablement trop tard pour contenir la conception racialiste de la société vue par les Américains et notamment par un de leurs disciples, Nicolas Sarkozy. Ce dernier déclare : « Je veux nommer un préfet musulman », « Rachida, ça compte qu’elle s’appelle Rachida ». Il y a certes du volontarisme et de l’audace dans ces nominations, mais ces gesticulations ostentatoires ne sauraient à elles seules masquer le désarroi des populations concernées. Azouz Begag le disait très bien : « Je ne suis pas l’Arabe qui cache la forêt ».

Que faire ?

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