Un nouvel éditorial de « L’Expresso » sur la carte scolaire

21 juin 2007

Extrait de « L’Expresso » du 21.06.07 : Carte scolaire et mixité sociale : le défi impossible de Darcos

"A terme, chaque établissement devra contribuer à la mixité. Je ne veux pas employer le mot de quota parce qu’il est horrible, mais nous allons essayer d’encourager la mixité géographique et sociale au niveau de chaque établissement. Au plus tard en 2010, nous aurons vraiment donné la liberté de choix aux familles. ". Cette promesse, Xavier Darcos est-il capable de la tenir ? Il nous semble que la mixité et la liberté parentale pourraient se fracasser sur deux obstacles.

Pour la mixité il faut accepter l’hétérogénéité. Ce n’est un secret pour personne qu’il y a un lien statistique entre la catégorie sociale des parents et le niveau scolaire de l’élève. Dans cette perspective, on ne peut mettre en place une réelle mixité sociale que si on prend le risque d’une réelle hétérogénéité en classe. Or l’expérience de la FCPE de Paris (cf. ci-dessous) montre que le risque d’hétérogénéité est justement un argument utilisé pour justifier la sélection dans certains établissements au titre que les enseignants ne sauraient pas faire face à un public différent.

Si le gouvernement voulait la mixité sociale, il lui faudrait donc engager des moyens supplémentaires pour former et accompagner les enseignants des établissements les plus recherchés dans l’accueil d’élèves d’établissements plus populaire. En 2004, un rapport de l’Inspection générale sur l’académie de Paris montrait que "les maîtres parisiens sont plutôt moins innovants et impliqués" que la moyenne ; les méthodes d’enseignement seraient "fortement marquées par les modèles magistraux". Résultat : "un écart s’installe très tôt entre les bons élèves, issus des milieux favorisés et les plus faibles".

Le second obstacle c’est bien sûr la place des parents à l’Ecole. On sait que le système éducatif français s’est construit dans la méfiance envers les parents. Le discours gouvernemental pourrait donner à penser que les parents pèsent plus lourd à l’école. Là aussi, les observations de la FCPE de Paris montrent comment l’administration gère les affectations des élèves en "oubliant" les parents. Très spontanément, elle traite le problème seule.

Pour tenir sa promesse, X. Darcos devrait par conséquent engager une double bataille. Celle des moyens pour former les enseignants à gérer des classes hétérogènes et à accepter tous les enfants. Celle de la culture professionnelle pour que les parents soient acceptés à l’Ecole. Sans ces efforts la suppression de la carte aboutira simplement à davantage de ségrégation.

Le Rapport de l’IGEN sur Paris

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Extrait de la « L’Expresso » du 21.06.07 : Carte scolaire : La FCPE 75 dénonce une "arnaque" gouvernementale

"C’est l’atmosphère des soldes". La veille de l’ouverture du grand "marché aux élèves" parisien, la FCPE 75 s’est exprimée sur la suppression de la carte scolaire. L’association de parents d’élèves assiste en observatrice à la réunion de proviseurs où s’effectue, pour les lycées généraux et technologiques, la répartition des élèves. Pour la FCPE cela tient plutôt du marché. Chaque chef d’établissement sélectionne ses élèves en fonction des résultats.

Aussi l’association dénonce-t-elle l’écart entre les annonces gouvernementales et la réalité du terrain. Alors que le rectorat dispose des outils d’analyse sociologique des établissements, pour la FCPE, ils ne sont pas utilisés. Le système d’affectation n’est pas piloté. Quant aux vœux des parents ils viennent se fracasser sur un système bien rodé. Faire miroiter le libre choix relève de "l’arnaque" pour Michel Sangam.

La FCPE 75 demande une politique réelle de mixité sociale. Elle souhaite également ne plus être oubliée par le rectorat...

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Rappel : la position de l’OZP sur la carte scolaire

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