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Xavier Darcos parle de la carte scolaire au congrès de la PEEP

22 mai 2007

Extrait de « L’Expresso » du 22.05.07 : Darcos : assouplir la carte scolaire ?

Peut-on assouplir la carte scolaire sans creuser les inégalités sociales ? "Nous ferons en sorte que l’excellence soit la même partout, pour tous. Cela implique, notamment, d’assouplir la carte scolaire dont trop de familles s’estiment prisonnières et dont elles ne le sont vraiment, en réalité, que lorsqu’elles n’ont pas les connaissances ou les moyens nécessaires pour la contourner". Lors du congrès de la Peep, Xavier Darcos est revenu sur le thème de la carte scolaire renouvelant l’intention du gouvernement de "l’assouplir". Et sur France Info, il a précisé que l’assouplissement concernerait "de 10 à 20% des affectations concernées par cette carte". La déclaration ne surprend pas : elle faisait partie du programme du candidat Sarkozy. Le volume annoncé semble d’ailleurs modeste. S’il est difficile d’estimer nationalement le taux de contournement de la carte scolaire, on sait qu’à Paris, dans le 6ème arrondissement, il atteint déjà 15%.

La mesure est-elle susceptible d’améliorer globalement l’efficacité du système éducatif ? Il semble que non. Si l’on en croit l’universitaire Christian Maroy, "toutes les études américaines concluent à un effet faible ou nul de la dérégulation scolaire sur les résultats des élèves. L’idée que la libre concurrence améliore les performances de l’ensemble des élèves est donc peu pertinente".

La suppression de la carte scolaire augmente-elle les inégalités ? Là aussi écoutons C. Maroy. "La majorité des études convient que lorsque le libre choix des parents se combine à une autonomie accrue des écoles, leur permettant de différencier leur offre scolaire et de « trier les élèves », cela conduit à une ségrégation et à des inégalités sociales accrues. Par exemple, les élèves de familles à faible revenu sont de plus en plus surreprésentés dans tel ou tel établissement scolaire.... Cette distribution inégale engendre des effets négatifs pour cette population et contribue ainsi à la structuration d’un rapport social inégalitaire entre les groupes ainsi ségrégués". Or c’est bien la différenciation que veut X. Darcos en promettant "l’école n’est belle que lorsqu’elle est diverse". A en croire les études, supprimer la carte scolaire ne ferait qu’encourager un vaste "sauve qui peut" des familles des classes moyennes et aggraver la situation des établissements des zep. Alors X. Darcos veut-il aggraver les inégalités sociales ?

On trouve dans son discours deux garde-fous. Le plus curieux concerne ce souhait de voir l’école redevenir "le creuset de la nation". "Nous demanderons aux établissements de veiller à la diversité sociale et géographique de leurs effectifs". Cette vision républicaine est contradictoire avec l’idée de l’assouplissement de la carte scolaire. Faut-il y lire un désaccord entre la vision présidentielle et celle du ministre de l’éducation nationale ?

L’autre limite interroge encore davantage. " La priorité sera de mettre fin aux disparités qui existent d’un établissement à l’autre" promet le ministre. "Dans les établissements qui offrent aux élèves les perspectives de réussite les plus faibles, nous n’hésiterons pas, si cela devait être nécessaire, à diviser les effectifs par deux et à constituer des équipes d’enseignants volontaires, bien formés et spécialement rémunérés, auxquelles nous donnerons toute latitude de mettre en œuvre les méthodes qu’ils estiment nécessaires à la réussite de leurs élèves". Cette belle intention ressemble plus à une promesse électorale qu’à une décision ministérielle. Mais serait-elle exécutée, suffirait-elle à instaurer l’égalité entre les élèves ?

Non. Car ce qui manque dans le projet de X. Darcos c’est la politique de lutte contre la ségrégation urbaine et la ghettoïsation. Impossible pourtant de séparer politique d’éducation prioritaire et lutte contre les ségrégations locales. Comme son prédécesseur, X. Darcos oublie le poids de ce qui entoure l’Ecole et préfère évoquer une "égalité des chances" qui reste incompatible avec e droit à l’éducation pour tous.

Le discours de Xavier Darcos


Un extrait de ce discours :

"L’éducation prioritaire doit l’être réellement. Au lieu de disperser les moyens dans des zones d’éducation aux tracés toujours contestables pour des résultats toujours incertains, nous concentrerons les moyens sur les établissements qui en ont le plus besoin. L’établissement doit devenir l’échelle de référence de toute politique éducative, car c’est en réalité le seul niveau que les parents connaissent et qu’ils peuvent rencontrer physiquement. Dans les établissements qui offrent aux élèves les perspectives de réussite les plus faibles, nous n’hésiterons pas, si cela devait être nécessaire, à diviser les effectifs par deux et à constituer des équipes d’enseignants volontaires, bien formés et spécialement rémunérés, auxquelles nous donnerons toute latitude de mettre en œuvre les méthodes qu’ils estiment nécessaires à la réussite de leurs élèves.

"Enfin, dans chaque établissement, des études dirigées seront proposées aux élèves pour leur permettre de réaliser leurs devoirs dans les meilleures conditions possibles. Trop de parents, même lorsqu’ils souhaitent sincèrement aider leurs enfants, n’en ont ni le temps, ni les compétences. Le soutien scolaire ne doit pas être une charge pour les familles et un luxe pour les élèves : c’est un devoir de la République envers tous que notre école se propose d’aider à progresser.

"Enfin, l’école n’est belle que lorsqu’elle est diverse. Dans le cadre de l’assouplissement de la carte scolaire, nous demanderons aux établissements de veiller à la diversité sociale et géographique de leurs effectifs, afin que l’école redevienne le creuset de la cohésion nationale. Nous ferons aussi en sorte que les progrès déjà importants réalisés dans l’accueil des enfants handicapés se poursuivent, et que chaque enfant puisse faire valoir ses droits à être scolarisé en milieu ordinaire."

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