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Le site « Oumma.com » dénonce les Programmes de réussite éducative

8 mars 2007

Extraits du site « Oumma.com », le 06.02.07 : La prévention de la délinquance : un instrument du pouvoir local (2/2)

Comment surveiller les « familles issues de l’immigration » pour mieux gouverner les villes de banlieues ?

(...)

3. Une conception de la prévention anticipée par les municipalités

En réalité, la philosophie de la prévention qui se dégage du projet de loi est déjà effective dans les quartiers. En effet, les municipalités se sont dotées d’un ensemble d’outils de prévention comme les cellules de veille, les comités restreints de sécurité, les commissions de rappel à l’ordre. Ces politiques stigmatisent les familles issues de l’immigration. Par ailleurs, les inégalités se creusent de décennies en décennies et ces habitants s’enfoncent dans des difficultés indicibles. Au lieu d’être au centre d’une politique sociale et éducative d’envergure, elles sont assujetties à une gouvernance locale dont un certain nombre de dispositions du projet de loi vont légaliser les pratiques déjà en œuvre.

En effet, les maires n’ont pas attendu le législateur pour créer les « conseils des droits et devoirs des parents ». Le contrôle des familles populaires existait déjà sous d’autres formes au niveau local. L’enfant en est le cœur de cible. Le Programme de Réussite Éducative (PRÉ) vient circonscrire un peu plus sa « liberté surveillée ».Les nouveaux dispositifs contractuels ont d’ailleurs déjà contraint des professionnels de l’action sociale à adopter des procédures de contrôle et de rentabilité de leur activité.

Les éducateurs spécialisés, malgré des résistances, tentent dans quelques communes de faire barrage à cette politique du contrôle mais sombrent parfois dans des fonctions de surveillance (dans les villes où le club de prévention a été municipalisé). En dehors des postes occupés notamment par des travailleurs sociaux dans les CAF, départements et fonctions d’encadrement, les nouveaux emplois de coordination des PRÉ, apparaissent en rupture par rapport à l’éthique et aux logiques professionnelles qui caractérisent le travail social.

Le PRÉ a et va encore imposer un véritable bouleversement des pratiques professionnelles. Tant et si bien qu’avant d’entamer des parcours individualisés, avec des élèves du premier degré le plus souvent, il est question de repérage et non plus de signalement ou « d’informations signalantes ». Afin de préserver la déontologie professionnelle, une charte du secret professionnel est établie pour rassurer les familles plutôt que pour protéger l’identité des personnes. Le principe devient alors le secret professionnel partagé. Cette notion de partage de l’information est à géométrie variable. Ă ce sujet, écoutons plutôt une assistante sociale qui nous dit ce qu’elle en pense :

« (...) c’est un sujet brûlant. Je pourrais donner des milliers d’exemple où il n’est pas respecté parce que faut aussi le dire, c’est pas toujours facile de le respecter. Mais c’est vrai que dans certaines situations, on peut pas le respecter. Et, je crois pas que ce soit nouveau, peut-être qu’aujourd’hui il pèse trop de responsabilités sur le dos des travailleurs sociaux ... donc pour pas risquer l’erreur professionnelle on se protège dans le partage de l’info (...) On discute souvent avec les enseignants, la police et les élus, ils veulent tout savoir, surtout les élus.

Par exemple un élu qui veut avoir des infos sur une personne qui touche le RMI sur qui il y a suspicion de vie commune avec une femme qui touche l’API [Allocation de Parent Isolé], y’a que les AS qui peuvent le savoir, et les CCAS, mais la plupart du temps le président c’est ou le maire ou un élu, et là, les élus, ils voudraient qu’elles crachent le morceau, juste pour une question de fric ou pour gérer de près les situations des habitants de leur ville, ils veulent fliquer les habitants et leur mettre des étiquettes.

J’ai entendu parler d’une demande de la mairie pour que les travailleurs sociaux fassent remonter leurs fichiers et les transmettre. Là c’est clair, c’est du contrôle, et ça vient de la mairie ! Le prétexte c’etait une histoire de recensement ou je sais pas quoi ! (...)

On peut donner des informations si tu donnes pas d’infos qui permettent de savoir qui sait. Pour les mineurs par exemple, si t’as un mineur qui deale et qui se confie à toi ou alors il vole, ou je sais pas quoi d’autres, tu dois pas donner l’info, par contre tu dois le prévenir et l’informer des risques » (*)

(*) Les différents entretiens mis en exergue dans cet article ont été menés dans le cadre de notre livre en cours : « Les animateurs dans l’action municipale : enquête sur les enjeux sociopolitiques du recrutement des animateurs d’origine étrangère issus des quartiers populaires ».

(...)

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