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Le rapport du Sénat (19) : la suite des conclusions du rapporteur

1er mars 2007

Extraits du site du Sénat, le 05.02.07 : La rapport sur le nouveau pacte de solidarité pour les quartiers

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Conclusions du rapporteur

Partie « éducation » (suite) :

b) Des conditions d’enseignement au rabais ?

L’échec des ZEP n’est pas seulement le fait d’un manque de moyens. Les formidables résultats constatés dans certains établissements montrent bien que la qualité de l’enseignement est le premier déterminant de la réussite, en ZEP plus qu’ailleurs.

Ainsi, comme la représentante de la Ligue de l’enseignement l’a souligné devant la mission, l’ « effet établissement » et l’ « effet maître » exercent une influence démultipliée sur les élèves les plus défavorisés. Or, les ZEP font souvent jouer ces effets en sens inverse :

 d’une part, la taille excessive de certains établissements a un impact négatif sur le climat général de vie scolaire et sur les résultats des élèves ; celle-ci devrait être plafonnée, afin de conserver une « dimension humaine » ;

 d’autre part, en dépit des primes ou bonifications de carrière mises en place au profit des personnels, les ZEP peinent à attirer et retenir les professeurs les plus expérimentés : Versailles et Créteil sont ainsi des académies de « début de carrière » pour la population enseignante « captive » -et déracinée- sortant d’IUFM * ; or, la solidité et la stabilité des équipes se mesure en général à l’équilibre entre un noyau d’enseignants chevronnés et le renouvellement par la venue de plus jeunes ; c’est pourquoi ces personnels devraient être mieux accompagnés à leur arrivée, notamment dans leur recherche de logement, et le mérite de ceux qui s’engagent à rester exercer plusieurs années dans des établissements difficiles devrait être plus fortement valorisé, en termes d’avancement de carrière et de perspectives professionnelles notamment.

Par ailleurs, la concentration de publics en difficulté a conduit à prôner un « allègement » des exigences scolaires qui a abouti, de fait, à entériner un nivellement par le bas. Or, « il n’y a pas deux écoles, l’une ou l’on étudie, l’autre où l’on résout des problèmes sociaux » ** ; les apprentissages scolaires sont en effet le premier levier d’intégration.

C’est justement pour les enfants qui ne bénéficient pas, dans leur environnement familial, du suivi et des « codes » culturels valorisant le sens du travail et de l’effort scolaires, que ces exigences sont passées au second plan : elles se sont parfois diluées, sous l’effet d’une « illusion pédagogiste » qui s’est focalisée sur l’attractivité et la variété des activités, l’innovation de méthodes modernes, ludiques et « actives » d’apprentissage.

Aussi bien les éducateurs que les chefs d’entreprises rencontrés par la mission lui ont dit en constater à présent les conséquences désastreuses :

 un grand nombre de jeunes sortent du système éducatif sans avoir une solide maîtrise de la langue à l’écrit comme à l’oral ; si 15 % des élèves éprouvent des difficultés en lecture à l’entrée en classe de sixième, ils sont deux voire trois fois plus nombreux dans ce cas en ZEP ;

 en outre, certains n’ont pas assimilé les codes élémentaires de comportement nécessaires à la vie en société et à l’entrée dans la vie active.

L’Éducation nationale aurait-elle oublié les leçons du passé ? C’est en effet par la rigueur dans les apprentissages, la « séduction de la difficulté », la transmission de valeurs morales et de règles de discipline que les « hussards » de la République ont fait de l’école l’instrument de promotion sociale, d’intégration et d’insertion dans la société qu’elle doit redevenir.

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* La proportion d’enseignants âgés de moins de 30 ans est de 24,3 % dans les collèges situés en ZUS (soit 8,3 points de plus qu’hors ZUS) -cette proportion pouvant atteindre 60 % dans certains collèges- et de 21,7 % dans les écoles en ZUS (soit 7,3 points de plus qu’hors ZUS).

** « Les déterminants de la réussite scolaire en ZEP », Catherine Moisan, Jacky Simon, Inspection générale de l’éducation nationale, 1997.

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