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Extraits de « L’Express », le 04.02.07 : La FSU lance un appel aux candidats à la présidentielle
La Fédération syndicale unitaire (FSU), majoritaire dans l’Education nationale et la fonction publique d’Etat, a lancé un appel pour l’éducation et les services publics à destination des candidats à l’élection présidentielle.
Sans surprise, l’organisation a réélu Gérard Aschieri au poste de secrétaire général, à l’issue d’un congrès organisé cette semaine à Marseille.
"Je souhaite que l’éducation soit un enjeu important de l’élection et que l’on débatte de projets", a expliqué Gérard Aschieri à Reuters.
"Cet appel est une synthèse de nos travaux, il va servir à mener campagne dans l’opinion et à interpeller les candidats", a-t-il ajouté.
La FSU propose de porter l’âge de la scolarité obligatoire à 18 ans - contre 16 actuellement - de développer l’aide sociale et les bourses, de créer des formations initiales sous statut scolaire dans tous les lycées et un service publique de la formation tout au long de la vie.
Elle plaide également pour une "relance ambitieuse" des zones d’éducation prioritaire (ZEP), pour la garantie d’une "véritable mixité sociale" et pour une augmentation du financement de la recherche.
"Tout ce qui concerne l’éducation prioritaire et les ZEP est essentiel car c’est là que l’éducation est particulièrement fragilisée", a expliqué Gérard Aschieri.
"L’idée est d’avoir une répartition inégalitaire des moyens pour pouvoir travailler autrement dans les ZEP : en plus petits groupes, avec des équipes pluridisciplinaire comprenant des enseignants, des assistantes sociales, des infirmières, des conseillers d’éducation...".
Pour la FSU, ces mesures nécessitent "une forte augmentation" des budgets de l’éducation et de la recherche, un plan pluriannuel de recrutement et l’arrêt des privatisations des services publics.
L’organisation syndicale souhaite également une hausse du Smic et de la valeur du point d’indice pour la fonction publique et l’ouverture de négociations sur les salaires.
Seul candidat en lice, Gérard Aschieri a été réélu pour trois ans à la tête de la FSU avec 91,2% des voix. Ce troisième mandat consécutif sera également le dernier selon le syndicat.
Le site de la FSU
Congrès FSU - Marseille - du 29 janvier au 2 février 2007
La FSU entend contribuer à construire des alternatives aux politiques aujourd’hui mises en œuvre. Elle appelle à bâtir ces alternatives autour de quelques axes centraux : éducation, services publics et fonctions publiques, protection sociale.
Maintenant et pour l’avenir, la FSU appelle à une rupture radicale avec la politique éducative actuelle et à relever le défi de la démocratisation du service public d’éducation afin d’augmenter le niveau général de formation et de qualification de tous les jeunes.
La FSU propose pour cela dix engagements pour une vraie priorité au Service Public d’Education :
– 1 un service public laïque d’éducation transformé qui garantit : la réussite de tous les jeunes une véritable culture commune pour tous ; la prévention et les réponses aux difficultés scolaires de la maternelle à l’université ;
– 2 une scolarité obligatoire portée à 18 ans et permettant aux familles de scolariser leurs enfants dès 2 ans ;
– 3 la garantie d’une véritable mixité sociale,
– 4 une relance ambitieuse des ZEP ;
– 5 la gratuité, le développement de l’aide sociale, des bourses et d’allocations d’études ;
– 6 le développement pour tous de formations initiales sous statut scolaire dans les lycées professionnels, technologiques et généraux, ce qui s’oppose à l’apprentissage ; sa sur-revalorisation, son expansion ; aux formations alternées privées ;
– 7 le développement harmonieux d’enseignements supérieurs, fortement articulés avec la recherche, sur tout le territoire et une amélioration du taux d’encadrement des 1ers cycles universitaires ;
– 8 une urgente priorité de la recherche et une augmentation de son financement ;
– 9 un service public en charge de la Formation Tout au Long de la Vie ;
– 10 le maintien et le développement de services publics et de structures laïques agréées assurant l’accompagnement à la scolarité et l’accès du plus grand nombre à l’éducation populaire, à la culture, aux sports, ... ;
Cela passe par :
- Une forte augmentation de la part du PIB consacrée, dans le budget de l’Etat, à l’éducation et à la recherche.
- Un plan pluri-annuel de recrutement de personnels statutaires pour répondre aux besoins,
- une amélioration de leur formation initiale et continue, - le respect de leur qualification et de leurs missions,
- l’attribution des moyens pour développer le travail collectif,
- la revalorisation matérielle et morale des métiers de l’éducation, de la recherche et de la culture ;
- une politique nationale de péréquations assurée par l’Etat pour compenser les inégalités territoriales
La FSU appelle à une politique qui assure à tous une véritable égalité d’accès aux droits fondamentaux. La consolidation et l’amélioration du rôle des services publics en France comme en Europe sont des priorités.
Les services publics jouent un rôle majeur de cohésion sociale, d’égalité entre les citoyens en mettant à la disposition de tous des biens essentiels qui ne doivent pas être pris en charge par les intérêts privés doivent respecter les principes de laïcité. Ils doivent être développés et accessibles par tous, sur tout le territoire. Ils participent de la répartition et de la production des richesses.
Les services publics doivent reposer sur une véritable démocratie sociale, être contrôlés par les usagers, les élus, les salariés des Services Publics et les organisations syndicales avec des moyens d’action étendus. Ils en constituent en retour un des éléments moteurs.
La FSU demande l’arrêt des privatisations et des ouvertures à la concurrence, la reconstitution des conditions de véritables services publics répondant en particulier aux nouveaux besoins.
La FSU s’oppose à ce que soit envisagée une nouvelle étape de décentralisation. Elle demande que soit fait un réel bilan de l’ensemble des mesures de décentralisation mises en œuvre depuis plus de vingt ans et, dans l’immédiat, que soit rendue effective la possibilité de réversibilité pour les mesures contestées, notamment le transfert des personnels et de leurs missions.
La FSU appelle au développement d’une protection sociale de haut niveau, assurant une véritable égalité et une véritable solidarité qu’il s’agisse de santé ou de retraite, et qui revienne sur les réformes imposées ces dernières années et caractérisées par l’individualisation et la marchandisation, porteuses de régressions majeures et d’inégalités
La FSU appelle à une politique ambitieuse des salaires, des pensions, de l’emploi tant dans le privé que le public. L’augmentation immédiate du SMIC et de la valeur du point d’indice pour la Fonction publique, l’ouverture de négociations sur les salaires et la reconstruction de la grille sont des besoins pour la société toute entière. Elle se bat pour le rattrapage des pertes du pouvoir d’achat et sa progression pour les actifs et les retraités de la Fonction Publique.
Répondre aux besoins de service public passe par des fonctionnaires en nombre suffisant, aux niveaux de qualification appropriés dont les métiers doivent être mieux reconnus et rémunérés. Loin d’être un coût, la politique de l’emploi public qui s’impose constituerait un facteur de relance de créations d’emplois et de réduction des déficits. La précarité est inacceptable pour les personnels et nuit au bon exercice des missions de SP. C’est pourquoi la FSU fait de la lutte contre la précarité et de l’exigence de recrutements de titulaires à la hauteur des besoins un des axes essentiels de son action syndicale. Elle combat la conception managériale de la gestion des personnels qui soumet le déroulement normal des carrières à un « mérite supposé » et remet en cause les statuts.
La FSU appelle à l’extension des droits et libertés, à la lutte contre toutes les discriminations, contre le racisme, la xénophobie et le sexisme sous toutes ses formes. Elle s’oppose résolument à la répression et la criminalisation des mouvements sociaux. Elle exige l’arrêt des expulsions des enfants et des jeunes scolarisés et de leurs familles et une régularisation massive des sans papiers. Elle dénonce les politiques du tout sécuritaires qui privilégient la répression et l’incarcération plutôt que l’éducation particulièrement vis-à-vis des jeunes les plus en difficulté.
La FSU appelle à une réforme immédiate des règles régissant la représentativité et le dialogue social en la fondant sur une représentativité déterminée par le vote librement exercé par les salariés et sur le principe d’accords dont la validité reposerait sur la signature d’organisations représentant une majorité des salariés concernés. Elle appelle à la défense et à l’amélioration de tous les droits syndicaux. Elle s’opposera à toute limitation du droit de grève.
C’est autour de ces axes précisés et développés dans les textes votés par son congrès que la FSU mènera ses luttes et interviendra dans le débat public.
Sur toutes ces questions tout comme sur l’avenir du syndicalisme, elle appelle l’ensemble du mouvement syndical sans exclusive à débattre et travailler ensemble pour échanger les points de vue et construire des convergences et des actions communes. Elle prendra toutes les initiatives dans ce sens.
Extraits de « L’Humanité », du 03.02.07 : École : la riposte par l’offensive
Défendre l’école en avançant des solutions alternatives : c’est ce qui se dégage de l’orientation de la FSU en matière d’éducation.
Avancer des alternatives aux politiques libérales dont est victime l’école : le postulat sur lequel ont bûché les syndicats la FSU donne le la des orientations adoptées. En résumé, la meilleure défense, c’est l’attaque et l’heure de l’offensive a sonné. Tout, dans les politiques mises en oeuvre, contribue à briser l’école publique, ont rappelé les délégués. La loi d’orientation sur l’école, qui fait porter sur chaque élève la responsabilité de son échec.
La « prétendue relance des ZEP », qui offre comme unique horizon le socle commun de connaissances aux élèves des collèges EP1 (Ambition réussite) ; les politiques régionales, qui font la part belle à l’apprentissage privé. Explosion du marché du soutien scolaire, mise à bas du sport scolaire ou du système d’orientation... la liste s’étend encore.
Le contexte est singulier, donc, qui explique inquiétude et colère. Mais le texte d’orientation 2007, approuvé par 89 % des congressistes, se distingue par ses propositions. En jeu : la réussite de tous, sans exclusion, ce qui n’est pas mince quand l’école laisse 20 % des jeunes sur le carreau. Avec, en sus, la transformation nécessaire d’un système poussé à répondre aux nouvelles exigences de la société que sont la citoyenneté, la formation continue ou encore le développement durable.
« À elle seule, l’école ne peut pas tout , résumait Catherine Remermier, secrétaire nationale du SNES. Mais une palette de solutions existe pour avancer. »
Obligation scolaire portée à dix-huit ans, développement d’un service public de soutien scolaire, défense et amélioration de l’éducation prioritaire font parties des classiques portés par la FSU, laquelle expose par le détail sa vision d’une culture commune apte à « former des personnes libres et épanouies ». La fédération plaide ainsi pour que la philo soit enseignée dans les filières professionnelles, insiste sur la défense des langues régionale ou encore l’intégration des élèves handicapés.
Enfin, la FSU, dont les composantes se sont élargies, depuis 2003, au-delà des seules organisations de l’éducation, affirme de façon inédite que l’école n’est pas le seul service public à même de répondre aux défis éducatifs. Jeunesse et sport ou collectivités territoriales sont ainsi mis en avant, avec une dédicace spéciale à l’adresse de l’éducation populaire.
Marie-Noëlle Bertrand
Extraits de « L’Humanité », du 03.02.07 : Clément Dirson, professeur de français à Drancy (Seine-Saint-Denis), membre du SNES
De l’école de la République à l’entreprise de tri social
Quand je repense aux conditions de travail qui étaient les nôtres il y a cinq ans, à mon arrivée dans le collège ZEP du 93 où j’enseigne, elles me semblent presque luxueuses. À l’époque, nous avions les moyens de proposer des projets pédagogiques originaux pour intéresser davantage nos élèves, quelques heures de soutien et des groupes en maths et en français pour les sixièmes et les cinquièmes.
Aujourd’hui les heures de soutien ne concernent que les maths et ont été sous-traitées à une association qui ne peut prendre en charge tous les élèves qui en auraient besoin. Les projets pédagogiques ont été supprimés et nos cours en groupes réduits sont menacés pour la rentrée prochaine. Les dispositifs qui permettaient d’aider tous les élèves sont peu à peu remplacés par d’autres qui sont réservés à quelques-uns.
J’ai tous les jours sous les yeux le résultat d’une politique qui n’est pas seulement un renoncement à l’ambition de faire réussir tous nos élèves. C’est aussi, de manière silencieuse, dissimulée derrière la reprise systématique et malhonnête de nos mots d’ordre et de nos revendications, une révolution libérale qui s’attaque à l’école. Au nom de « l’égalité des chances », l’âge de la scolarité obligatoire a, de fait, été ramené à quatorze ans avec « l’apprentissage junior ». Au nom de la reconnaissance du mérite, on rationne les heures d’aide et de soutien pour ne les proposer qu’à quelques « bons pauvres ». La démagogie et l’agitation médiatique ont masqué aux yeux du grand public la recherche systématique de nouvelles économies et la transformation de l’école de la République en une entreprise de tri social.
La ZEP, pour moi, c’est un élève de moins en moyenne par classe par rapport au collège d’à côté, de trop rares heures de cours en plus à proposer aux élèves et 10 000 euros donnés au collège pour financer des sorties culturelles.
Pour l’État, l’éducation prioritaire, c’est moins de 1,2 % du budget de l’Éducation nationale à répartir entre 20 % des élèves. C’est peu de choses et c’est énorme à la fois. Y renoncer, comme s’y prépare la droite en se cachant derrière la publicité faite aux collèges dits « ambition réussite », c’est renoncer à quelques moyens concrets. C’est aussi le signe du désir chez certains politiques de fabriquer une école où chacun est seul responsable de sa réussite ou de son échec et en concurrence avec tous les autres.
Avec le remplacement d’un départ à la retraite sur deux chez les professeurs, la suppression de dizaines de milliers de postes, la possibilité, à partir de la rentrée prochaine, d’obliger un prof à enseigner dans une matière où il n’est pas formé, c’est la qualité de l’enseignement que reçoivent tous les élèves qui sera dégradée.
&bnsp
La "prétendue relance des ZEP" dans le discours de clôture