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De la ZEP de Bondy (93) à Sciences-Po (témoignage)

2004

Extrait du « Parisien » du 14.07.04 : de la ZEP de Bondy (93) à Sciences-Po

« Pourquoi pas directrice d’hôpital ou magistrate ? »
« C’était le rêve de ma vie ! » Nadjia, jeune Française d’origine algérienne, intégrera l’Institut d’études politiques de Paris à la rentrée, comme son amie Angèle. Elles étaient hier rue Saint-Guillaume pour s’imprégner de l’esprit des lieux. Les deux jeunes filles qui ont passé leur bac au lycée Jean-Renoir de Bondy (Seine-Saint-Denis) ont donc transformé l’essai. Elles ont bénéficié de la convention que leur établissement a signée avec la prestigieuse école parisienne.
« Tous les intervenants nous ont motivées »

Aujourd’hui, sept lycées de Seine-Saint-Denis ont passé cet accord qui avait provoqué une vive polémique lors de sa mise en place il y a quatre ans (les élèves sélectionnés par leurs profs sont dispensés du très sélectif concours d’entrée). « Les élèves issus de la convention ZEP (zone d’éducation prioritaire) ont un excellent potentiel, explique le responsable de la formation à Sciences-po, Cyril Delhay. Ils sont porteurs de valeurs très fortes. Ils ont des personnalités marquées au point de réussir à captiver pendant quarante minutes les membres du jury constitué d’éminents chercheurs, de célébrités et de politiciens. » Son bac économique en poche, Nadjia a passé un entretien jeudi. La jeune musulmane a présenté un dossier sur la laïcité au président de la commission du même nom, Bernard Stasi. « Je me sens concernée par la question. J’ai expliqué mon point de vue, celui des musulmans endormis qui pratiquent leur religion, croient et sont pourtant intégrés », commente-t-elle. Sur les questions difficiles, notamment en économie, Nadjia a trouvé la parade : « J’ai systématiquement répondu avec des éléments pris dans l’actualité », raconte celle qui aimerait ensuite se présenter à l’École nationale de la magistrature.
Plus réservée, Angèle est tout aussi motivée. « J’aimerais intégrer des fonctions dans la haute administration de la santé, devenir, par exemple, directrice d’un centre hospitalier », confie la jeune Française d’origine camerounaise, titulaire d’un bac sciences médico-sociales (mention assez bien), qui dit aimer la rigueur et fuir la monotonie. « J’aime aller de découverte en découverte », poursuit l’ancienne déléguée au conseil de vie de son lycée. « Je ne connaissais même pas l’existence de Sciences-po. Je pensais commencer par être infirmière pour pouvoir assurer mes arrières et passer ensuite les concours internes », poursuit la jeune femme qui travaille, cet été, dans une maison de retraite.
Les deux jeunes filles ont été sélectionnées au printemps sur un premier dossier. Elles ont reçu tout au long de l’année une formation, ponctuée d’interventions extérieures. « Tous les intervenants nous ont motivées. En gros, leur discours, conclut Nadjia, c’était de nous dire : ce que j’ai fait c’est accessible à tous. Ça fait du bien de se l’entendre dire... »

Marie-Pierre Bologna.

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