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Un projet inter-degrés autour de la médiathèque de Montreuil
Un projet de lecture à voix haute a réuni des élèves de maternelle et des collégiens de Montreuil qui fréquentent génération après génération la bibliothèque du quartier Daniel Renoult. Cette initiative a permis de créer des échanges autour de la littérature de jeunesse entre lecteurs et futurs lecteurs.
La bibliothèque : lieu de rencontres intergénérationnelles
Les enfants fréquentent en fratries la bibliothèque. Les plus âgés y accompagnent leurs frères et sœurs. Là, chacun se dirige vers sa section pour trouver des livres, toutes sortes de livres, dans les bacs ou sur les rayonnages. De ce lieu qui rassemble, les bibliothécaires ont fait naître une synergie en échangeant avec Madame Inial, anciennement professeure de français au collège [REP] Georges Politzer et initiatrice de ce rapprochement pédagogique.
Petit à petit, les bibliothécaires ont incité les aînés à accompagner davantage les plus jeunes, à favoriser les échanges sur le dessin d’une première de couverture, à lire un titre puis une histoire, à emprunter un album qui plaît et qui sera relu à la maison. Les parents n’ont pas forcément ce temps ou cette possibilité. Ce chemin s’est poursuivi avec les écoles maternelles [REP] Paul Lafargue et [REP] Daniel Renoult. Petite, moyenne et grande sections, toutes ont été concernées par ce projet en lien avec les élèves de 6e et leurs enseignants de français. L’objectif était de donner corps à des lectures faites par des grands qui s’adressaient à des élèves plus petits.
La directrice, les enseignants du primaire et du secondaire ont ainsi monté un projet qui a donné aux nouveaux collégiens la responsabilité de porter, à voix haute, des récits vers les jeunes élèves de la petite à la grande section, créant là une continuité dans les apprentissages et les relations avec les familles. « À notre niveau, les nouveaux collégiens sont les élèves de CM2 de l’an passé », commente Céline Mansouri, directrice en école élémentaire.
Devenir passeur de lecture
Revenir dans leur ancienne école a signifié pour les élèves de 6e qu’ils avaient grandi. Ils ont pu le réaliser à l’occasion de cette expérience. Tout ce travail leur a effectivement permis d’approfondir les textes afin de les faire comprendre. Il faut clarifier le vocabulaire, s’approprier les émotions et, par conséquent, le sens des histoires. C’est pourquoi les bibliothécaires ont sélectionné des classiques accessibles et des albums de littérature de jeunesse exigeants. Pour se préparer, les élèves ont travaillé en classe à la fois le sens et la lecture explicite. Ils ont dû identifier les personnages, se sont investis dans des duos, ont joué des saynètes et ils se sont tour à tour mis à la place du lecteur et du public pour mieux appréhender les ressentis des plus jeunes. Ce dispositif a permis des apprentissages réciproques : les petits ont mieux compris les histoires et les plus grands ont compris, que pour lire une histoire et être écouté, il faut se mettre en position de responsabilité face à un groupe classe.
Madame Mansouri, directrice de l’école maternelle P. Lafargue et de monsieur Cuisinier, professeur de français au collège Politzer, ont souligné tout l’intérêt et la portée de ce projet, aussi bien au niveau des élèves du collège et de ceux de maternelle, qu’au niveau des familles, du quartier et de la citoyenneté.
Se projeter comme lecteur avec les albums de jeunesse
« Le support de l’image est rassurant pour tout le monde, c’est attrayant pour les petits », développe madame Mansouri. Elle relève le côté bénéfique de la venue des élèves de monsieur Cuisinier. L’école reçoit également une association Lire et faire lire qui vient tous les jeudis. Les enfants sont en attente d’histoires. Quand l’une s’achève, c’est le mot « Encore ! » qui est spontanément prononcé. Les grandes sections se projettent ainsi davantage vers le cours préparatoire et l’apprentissage de la lecture en autonomie car les lectures faites par leurs pairs rendent cet apprentissage plus concret. « Je vais devenir lecteur, je vais pouvoir raconter des histoires... », c’est ce que les GS verbalisent à l’issue d’une visite des collégiens. Le professeur de français souligne quant à lui, l’importance de montrer les contraintes de la lecture à voix haute, mais qu’il est aussi formateur de se confronter à la difficulté de capter l’attention des jeunes enfants.
Cette expérience a suscité une motivation nouvelle chez les élèves : les uns ont pris plaisir à lire, les autres à écouter, et tous se sont ensemble projetés dans un univers façonné par la voix et les regards partagés.