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Séminaire OZP du 11 octobre 2025
Le collectif de travail et la formation
Intervention d’Arlette Toussaint,
membre du Conseil scientifique de l’OZP
Propos liminaire
Dans un premier temps, je poserai le contexte dans lequel s’inscrit notre réflexion d’aujourd’hui.
Dans un second temps, je tenterai d’illustrer la problématique du jour en m’appuyant sur l’expérience qui a été la mienne comme enseignante de collège en éducation prioritaire, puis comme formatrice et directrice adjointe à l’IUFM/ÉSPÉ/INSPÉ.
Le contexte
Pour aborder la problématique du jour Travailler en collectif, travailler en collectif professionnel, il me parait important de rappeler le contexte dans lequel s’inscrit notre réflexion d’aujourd’hui et de nous poser la question suivante : est-ce que les collectifs de travail sont plébiscités ? soutenus ?
Ce contexte est d’abord un contexte d’économies budgétaires, annoncées par le gouvernement Bayrou, contexte qui ne favorise guère la relance d’une politique éducative, d’une politique éducative qui se soucie de l’égalité des chances et de la réussite de tous les élèves.
Lors de la rencontre OZP du 24 septembre dernier, dont le thème était : « Où va l’éducation prioritaire ? », il a été rappelé que la politique d’éducation prioritaire avait été créée pour contrer les effets d’une absence de mixité sociale, là où les services publics ne pouvaient plus remplir leur mission et que cette politique ne devait surtout pas être diluée dans d’autres politiques.
Les recommandations de la Cour des Comptes
Dans les textes parus récemment, le rapport de la Cour des Comptes, publié le 7 mai 2025, à la demande de la commission des finances du Sénat, mérite d’être lu avec attention. Ainsi que Marc Douaire le rappelait le 24 septembre, dans ce rapport, la Cour des Comptes considère que la politique d’éducation prioritaire est aujourd’hui « complexe et illisible » et que, au vu de l’augmentation des moyens accordés, ses impacts sur la réussite des élèves sont limités.
La Cour des Comptes déduit de ce constat que cette politique « doit être repensée au profit d’une logique d’action plus globale et au service de la réussite des élèves ». Il est difficile, ici, de ne pas voir dans ces lignes le présupposé suivant : la politique d’éducation prioritaire n’est pas au service de la réussite des élèves.
De fait, le rapport poursuit : « L’éducation prioritaire apparait aujourd’hui comme une politique publique qui segmente le service public de l’éducation, qui s’éloigne des objectifs initiaux en termes de réussite des élèves et aboutit à un système peu lisible et peu efficient ». Concluant que « L’éducation prioritaire doit aujourd’hui être inclue (sic) dans une logique d’action plus globale, plus efficiente et davantage intégrée, au service de la réussite des élèves », la Cour des Comptes préconise une réforme, « sans délai », en suivant deux orientations : « mettre en cohérence l’ensemble des moyens concourant à la mixité sociale et à l’égalité des chances » et « simplifier les mécanismes d’allocation des moyens pour permettre une meilleure lisibilité et davantage de progressivité dans la mise en œuvre de cette politique. »
Ce programme de simplification s’apparente fort à un programme d’économie, d’autant plus inquiétant qu’il ne présente pas de propositions visant à s’attaquer aux inégalités et risque de pénaliser en premier lieu les élèves des classes populaires.
Dans ce même rapport, les cités éducatives sont présentées en quelque sorte comme une réponse au problème posé : « Une autre « démarche », lancée avec le ministère chargé de la ville, les cités éducatives, institutionnalise le partenariat local que l’instauration de l’éducation prioritaire visait et que la refondation n’est pas parvenue à relancer. (…) Ces trois nouvelles modalités de pilotage (cités éducatives, contrats locaux d’accompagnement et territoires éducatifs ruraux) (…) se surajoutent (…) au dispositif d’éducation prioritaire, donnant l’impression d’un patchwork plutôt que d’une politique d’éducation territorialisée concertée ».
S’agit-il de remplacer les REP par les cités éducatives ? Voilà qui ressemble fortement à un programme de simplification, d’économie.
Les recommandations de la Commission des finances du Sénat
C’est bien la direction que prend la Commission des finances du Sénat, lorsqu’elle formule les recommandations suivantes :
« mettre en œuvre une véritable progressivité des moyens consacrés à la politique d’éducation prioritaire pilotée au niveau académique, en refondant l’ensemble des dispositifs existants (cités éducatives, contrats locaux d’accompagnement, territoires éducatifs ruraux, REP et REP +) en un seul continuum de moyens alloués aux établissements selon certains indicateurs socio-économiques (ministère de l’éducation nationale). » (Recommandation n°3)
« renforcer le pilotage concerté entre le ministère de l’éducation nationale, le ministère chargé de la politique de la ville, les préfectures, les collectivités territoriales et les acteurs locaux de l’insertion concernant la politique de l’éducation prioritaire, sur le modèle des cités éducatives (ministère de l’éducation nationale, ministère chargé de la politique de la ville, collectivités, préfecture) ». (Recommandation n°5)
Convergence, donc, entre les orientations de la Cour des Comptes et les recommandations du Sénat.
Quelles conséquences pour les élèves issus de milieux populaires ?
Il s’agirait alors de l’abandon pur et simple d’une politique nationale de lutte contre les inégalités scolaires et la fin de la politique des réseaux d’éducation prioritaire.
Les conclusions du rapport de la Cour des Comptes de mai dernier peuvent d’autant plus surprendre que, dans son rapport d’octobre 2018, la même Cour des Comptes présentait et saluait l’éducation prioritaire comme la seule politique publique engagée contre les inégalités scolaires.
Il est difficile de croire que la « réforme sans délai » de la Cour des Comptes puisse permettre de répondre aux objectifs annoncés de mixité et de lutte contre les inégalités sans une réflexion sur le système éducatif, une réflexion sur la ségrégation sociale.
Marc Bablet soulignait, lors de la rencontre du 24 septembre dernier, qu’on ne peut « prôner l’égalité des chances sans se préoccuper de l’égalité des conditions ni de l’égalité des droits ». De fait, les phénomènes de ségrégation résidentielle et scolaire, de concentration des populations les plus paupérisées se sont aggravés, comme l’attestent les deux textes suivants.
Une étude de l’INSEE publiée le 11 janvier 2023 pointait déjà, notamment, une baisse de la mixité dans les quartiers prioritaires avec, depuis 2004, une augmentation de la part des 40 % des habitants les plus modestes et une diminution de la part des 40 % les plus aisés.
La dernière synthèse de la DEPP (L’éducation prioritaire - Synthèse de la DEPP n° 6 – Juillet 2022 - mise à jour septembre 2025) souligne que « La répartition des collèges en EP n’est pas uniforme sur le territoire » (p.15) et précise : « Les collégiens de l’éducation prioritaire sont très massivement d’origine sociale défavorisée : sept élèves de REP+ sur dix et 56 % des élèves de REP ont des parents ouvriers ou inactifs, contre 35 % dans les établissements publics hors éducation prioritaire et 17 % dans les collèges privés sous contrat (…) Les collèges de l’éducation prioritaire se caractérisent par la concentration d’élèves de milieu social défavorisé. Ainsi, 83 % des collèges en REP+ et 32 % des collèges en REP accueillent au moins 60 % d’élèves d’origine sociale défavorisée contre seulement 2 % des collèges publics hors éducation prioritaire et moins de 1 % des collèges privés sous contrat » (p.17)
C’est bien parce que notre société est ce qu’elle est que la politique d’éducation prioritaire est non seulement souhaitable, mais nécessaire dans ces territoires où la ségrégation sociale est importante.
Mais il est bien évident que cette politique ne peut en aucun cas se substituer à une politique globale sur l’ensemble du système éducatif, indispensable pour une meilleure réussite de tous les élèves, dont les élèves issus des milieux populaires, où qu’ils soient scolarisés.
En attendant l’avènement d’une telle politique, il est primordial de maintenir une politique d’éducation prioritaire, que cette politique soit nationale, qu’elle soit pilotée par le ministère de l’Éducation nationale.
Qu’en est-il du côté de l’Éducation nationale ?
. Un rapport demandé par Élisabeth Borne
Dans une interview donnée à Ouest-France, en juin 2025, la ministre de l’Éducation nationale d’alors, Élisabeth Borne, a annoncé avoir demandé un rapport sur l’évaluation de la politique d’éducation prioritaire à l’Inspection générale avec pour objectif « d’évaluer plus finement les résultats des élèves et de regarder s’il y a lieu d’adapter la carte des établissements et la répartition des moyens ». Le rapport définitif est attendu pour décembre 2025.
On notera l’objectif : révision éventuelle de la carte / révision de la répartition des moyens. Quid des objectifs pédagogiques ?
. Audition de l’OZP par la mission de l’IGESR relative à cette commande sur l’éducation prioritaire (28 08 25)
Cette audition a permis de faire apparaître quelques points d’accord, non négligeables, notamment :
que l’Éducation prioritaire ne devait pas être transférée aux régions et aux recteurs,
qu’elle devait rester une politique nationale,
que la politique des Cités éducatives devait demeurer dans le champ du travail partenarial et ne saurait se substituer à une politique d’EP
et, enfin, que l’élément premier de l’EP n’était pas la carte, mais une politique éducative et pédagogique.
Mais les questions fondamentales que sont, pour l’OZP, le travail en réseau (lire, sur le site de l’OZP -Rencontre du 24 septembre 2025-, l’intervention de Michèle Coulon « Le réseau, une utopie dépassée ?), les pratiques professionnelles, les collectifs professionnels, la reconnaissance institutionnelle du travail des équipes n’ont pas fait l’objet de propositions, ni de perspectives, quelles qu’elles soient.
En outre, lors de cette audition, la mission n’a pas fait référence aux rapports établis précédemment par l’IG, ce qui interroge.
. Rapport de l’IGESR portant sur « Les pratiques collaboratives au service des apprentissages »
Je vais m’intéresser maintenant à un rapport, directement lié à la problématique du séminaire d’aujourd’hui, daté de décembre 2022 (publié en janvier 2023). Il répondait – je cite la lettre de désignation - à une « mission inscrite au programme annuel de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche 2020-2021 ». Son intitulé : « Les pratiques collaboratives au service des apprentissages, de l’école au lycée : entre élèves, entre adultes (enseignants, CPE, AED, intervenants extérieurs, équipe de direction), entre élèves et adultes ».
Il ne s’agit pas d’un rapport sur l’EP, mais il est bien évident que son objet intéresse tout particulièrement l’EP.
Dès le sommaire, on constate que les mots « éducation prioritaire » apparaissent une seule fois sous l’intitulé : « Le référentiel de l’éducation prioritaire ». Nous y reviendrons.
Dans l’introduction, les auteurs notent que « les pratiques collaboratives sont portées par les valeurs de la République et mises en avant dans les textes législatifs et réglementaires (…) Les pratiques collaboratives ne cessent d’être préconisées, expérimentées, mises en œuvre, remises en question, discutées, sans pour autant trouver véritablement leur place. »
Les auteurs précisent plus loin que « la mission a choisi d’aborder la question des pratiques collaboratives en se concentrant exclusivement sur les apports de ces pratiques en termes d’apprentissages des élèves. (…) elle a (…) porté une focale particulière sur les pratiques de classes, mais (…) elle l’a élargie aux pratiques collaboratives des adultes ».
On s’attend donc, au vu de la place qu’occupent les pratiques collaboratives en EP, à des observations d’écoles, d’établissements en éducation prioritaire.
Les observations des auteurs sont présentées sous forme d’« exemples » de pratiques collaboratives, dans de courts encadrés.
En fait, seuls deux exemples, sont issus de l’EP, deux « expériences » observées dans le même réseau, le Réseau des Provinces, à Cherbourg-en-Cotentin.
La première est présentée sous l’intitulé : « Une expérience d’enseignants à l’origine d’une dynamique collective - Collège Les Provinces, Cherbourg-en-Cotentin - un MOOC sur l’apprentissage coopératif ». (p.11) La seconde sous l’intitulé : « Réseau des Provinces, Cherbourg-en-Cotentin - Apprentissages coopératifs et estime de soi » (p.19).
Ces « exemples », qui apparaissent dans un chapitre intitulé : « Des initiatives locales qui visent directement les apprentissages », ne sont pas présentés comme des pratiques menées dans le cadre d’un réseau d’EP. La précision apparait dans la présentation de l’expérience comme secondaire, accessoire : « Dans ce collège REP+, la réflexion autour des apprentissages coopératifs est née des interrogations d’un petit groupe de professeurs (…) Le projet s’est déployé au collège ainsi que dans les écoles maternelles et élémentaires du réseau. »
Ces exemples sont tout à fait intéressants, mais pourquoi ne pas parler du réseau d’EP et de ce que le réseau a pu favoriser (ou pas) ? de ce qu’il peut y avoir de spécifique (ou pas) dans les observations réalisées en EP ?
En dehors de ces deux exemples, il faut noter que, lorsque le mot « réseau » apparait dans le texte, il n’est pas suivi de « éducation prioritaire ». Il est question, par exemple, de « réseau de professeurs ressources ou de référents », de « réseaux à visée pédagogique », de « réseaux apprenants ».
Le mot « réseau » apparait une fois suivi de « éducation prioritaire » : « On retrouve des structures similaires aux circonscriptions apprenantes évoquées ci-dessus à d’autres échelles, impliquant la collaboration interdegrés, notamment dans les réseaux d’éducation prioritaire. »
Toutefois, les exemples donnés ensuite sur le travail en réseaux ne concernent pas les réseaux d’EP, mais des « réseaux apprenants », comme l’indique ce titre : « Circonscriptions, bassins, réseaux apprenants ».
Je reviens au « référentiel de l’éducation prioritaire », nommé dans le sommaire et à la partie concernée dans le corps du rapport. Cette partie apparait comme une reconnaissance du travail collaboratif en EP, une reconnaissance de l’intérêt du référentiel de l’EP et du bien-fondé des principes qu’il porte :
« Dans les réseaux d’éducation prioritaire, les pratiques collaboratives au sein des équipes pédagogiques, et plus généralement de l’ensemble de la communauté éducative, sont particulièrement courantes. (…)
Le référentiel de l’éducation prioritaire, dont l’ambition est d’offrir un cadre structurant à l’ensemble des acteurs, se base notamment sur l’expérience des réseaux, l’expertise des personnels, des apports de la recherche et des constats et analyses de l’inspection générale. Les expériences et expertises des différents acteurs ont permis de dégager des leviers d’efficacité en éducation prioritaire, notamment l’importance de la dimension collaborative du travail, des élèves et des adultes, au service des apprentissages et de la réussite de tous les élèves.
Ce référentiel (dont les principes valent pour toute situation d’apprentissage) accorde ainsi une place importante aux pratiques collaboratives, d’une part pour les élèves (…) d’autre part, pour les équipes (…). » Les auteurs renvoient explicitement aux priorités 1, 3 et 4.
L’OZP ne peut que saluer cette reconnaissance. Le déclaratif est, ici, tout à fait rassurant. Mais les recommandations et la conclusion ne reprennent pas ces différents constats.
Si les recommandations des auteurs, classées en trois groupes - les premières à destination des enseignants, les deuxièmes à destination des chefs d’établissement et des équipes de direction, les troisièmes à destination des autorités académiques et nationales – méritent d’être prises en considération, elles sont lacunaires. Aucune, en effet, ne concerne spécifiquement l’Éducation prioritaire, malgré le déclaratif sur le référentiel. Aucune ne reprend précisément des éléments de ce référentiel.
Concernant les liaisons inter-degrés, les auteurs affirment clairement qu’il faut « renforcer les liaisons inter degrés autour de la question des pratiques collaboratives afin d’éviter les ruptures », ce qui est incontestable. Les liaisons inter-degrés sont indéniablement nécessaires, mais il conviendrait de préciser que l’objectif de ces liaisons est la continuité des apprentissages et comment atteindre cet objectif, ce qui est particulièrement crucial pour les élèves issus de milieux populaires.
C’était une recommandation claire dans le rapport de Jacky Simon – Catherine Moisan (1997) : Les déterminants de la réussite scolaire en ZEP : « Atténuer les ruptures, installer une continuité éducative » (p.69) - « Préciser et organiser ensemble la progression des compétences (les cycles à l’école par exemple) et la complémentarité des différentes disciplines au collège » (p.72)
On retrouve également cette recommandation en 2006, dans la conclusion du rapport d’Anne Armand et Béatrice Gille : La contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves : « Il n’y a pas de fatalité de l’échec. Des observations croisées conduisent à une hypothèse : les écoles où les résultats sont les meilleurs sont celles où la continuité des apprentissages est bien recherchée et régulée par un travail d’équipe organisé et constant (…). Le même propos vaut pour le collège : il n’y a pas de déterminisme avéré de l’échec scolaire. Les analyses de résultats aux évaluations nationales, à l’examen du Brevet (…) montrent des disparités alors même que les indicateurs de difficultés sociales sont comparables. » (p.46, 47)
On peut s’étonner qu’il ne soit pas fait mention explicite de ces rapports de l’Inspection générale sur l’Éducation prioritaire dans le rapport -de l’Inspection générale- publié en janvier 2023.
Comme si la politique d’EP s’était arrêtée. Il est difficile de ne pas voir là le signe d’une absence de pilotage national sur la question.
Je terminerai par un zoom sur le dernier paragraphe de la conclusion de ce rapport : « Sans tomber dans une naïveté qui verrait dans les pratiques collaboratives la solution à tous les problèmes pédagogiques et didactiques et sans passer sous silence la nécessité de formations appropriées, la mission reconnaît l’intérêt des pratiques collaboratives. »
L’objet de la mission était-il de répondre à la question : Les pratiques collaboratives présentent-elles un intérêt ? La mission avait-elle à le montrer ? Ne savait-on pas déjà que les pratiques collaboratives étaient un élément clé dans la réussite scolaire des élèves ? Les rapports précédents de l’IG semblent enterrés. Il en est de même s’agissant des recherches proposant une réflexion de fond sur la question de la réussite scolaire en milieu défavorisé. On peut citer les travaux de Gérard Chauveau, notamment sur les facteurs pédagogiques de la réussite scolaire dans les milieux populaires, ceux de Bernard Charlot, ou encore de Jean-Yves Rochex et Élisabeth Bautier.
La question (les questions) qui nécessite(nt) d’être traitée(s) n’est-elle (ne sont-elles) pas plutôt :
En quoi les pratiques collaboratives présentent-elles un intérêt ?
En quoi le travail collaboratif entre enseignants favorise-t-il davantage la réussite des élèves dans leurs apprentissages ?
Quelles conditions doivent être requises pour développer ce travail : pilotage, formation, moyens, évaluation... ?
C’est bien la problématique de ce jour.
J’ajouterais une autre question :
Que faut-il entendre par travail collaboratif dans un réseau d’éducation prioritaire ? Comment permettre et construire ce travail en articulation avec le référentiel et le projet du réseau d’Éducation prioritaire ?
Une expérience professionnelle des pratiques collaboratives
Dans ce second temps, je propose d’illustrer, sur la base de mon expérience professionnelle, en collège d’abord, à l’IUFM, ESPÉ, INSPÉ ensuite, la problématique du jour.
a - En tant que professeur de français en collège
J’ai été nommée, pour mon premier poste, professeur de français, à Gennevilliers, au collège Edouard Vaillant, un collège classé ZEP dès la création des ZEP en 1981, et y suis restée, par choix, pendant vingt ans.
Avant la création des ZEP
J’avais été nommée dans ce collège un peu avant la création des ZEP. Très vite, j’avais ressenti la nécessité de travailler en équipe, consciente, en tant qu’enseignante débutante, que l’expérience de mes collègues pouvait m’être précieuse, consciente aussi qu’enseigner ne pouvait être un acte individuel, consciente qu’il était difficile de s’atteler seule aux difficultés que rencontraient les élèves.
J’avais fait un appel en ce sens, lors d’une réunion de rentrée, en direction des collègues de français dans un premier temps. Trois collègues ont répondu. Ce ne pouvait être que sur la base d’une sorte de volontarisme, d’une même vision du travail d’enseignant et de la conviction que le travail collaboratif pouvait être fructueux.
Notre objectif : échanger sur nos pratiques, nous mettre d’accord sur la progression suivie dans les différents domaines du français, sur le choix dans les œuvres littéraires du programme, proposer des évaluations communes, parfois échanger les travaux des élèves pour l’évaluation, avoir les mêmes exigences. Nous avons aussi, parfois, « échangé » nos classes, intervenant dans la classe de l’une ou l’autre lorsque le hasard des emplois du temps de nos classes le permettait.
L’une des collègues a abandonné relativement vite. Pourquoi ? Trop de pratiques, de choix personnels remis en cause. Trop de « compromis » à accepter. Trop de temps à consacrer à ce travail d’équipe sans que celui-ci soit pris en compte dans le service et, surtout, sans qu’il soit facilité de quelque façon que ce soit dans l’établissement.
Les avantages :
côté enseignants : un travail enrichi par l’apport de chacune, un travail globalement plus cohérent. Une plus grande efficacité pour réfléchir aux difficultés des élèves, pour aider les élèves à dépasser ces difficultés.
côté élèves : une sorte de « confiance ». Les plus grands, les 3èmes, savaient combien, d’une classe à l’autre, les contenus, les exigences pouvaient être différents. Ils avaient eu le temps de l’expérimenter… Là, ils voyaient que, quelle que soit la classe dans laquelle ils se trouvaient, les contenus, les attentes, les exigences étaient les mêmes, ce qu’attestaient, notamment, nos évaluations, toutes communes.
Si ce travail collaboratif était bénéfique tant pour les élèves que pour nous, il me semblait limité pour deux raisons : il ne prenait pas en compte les autres champs disciplinaires, il manquait ce que j’appelais « la dimension horizontale » ; s’agissant des élèves de 6ème plus spécifiquement, il manquait « la dimension verticale » : il ne permettait pas de travailler la cohérence entre le travail de l’école et celui du collège.
J’ai donc proposé des rencontres avec les enseignants des écoles dont nous recevions les élèves.
Problème : pas de cadre institutionnel. Réponse de la principale d’alors : « Pas d’ingérence des enseignants du primaire dans le collège ». (Même réponse, d’ailleurs, quand j’avais suggéré que des parents participent à l’aide aux devoirs que je proposais de mettre en place : « Pas d’ingérence des parents d’élèves dans le collège ».)
Ne pouvant donc faire un appel officiel, j’ai contacté personnellement des enseignants du 1erdegré que je connaissais et fait ma proposition. Quelques collègues ont répondu favorablement, les rencontres se déroulaient dans une école ou chez moi. Les échanges étaient intéressants, ont permis de mettre en lumière un certain nombre de décalages (contenus, attentes, exigences…) mais n’ont pu aboutir à un projet, étant totalement informels et ne réunissant qu’un nombre réduit de collègues de chaque école concernée et du collège.
Et après la création des ZEP ? Est-ce que la création des ZEP a apporté des changements notables ?
Lorsque les ZEP ont été créées, le collège ayant été classé en ZEP, on pouvait s’attendre à ce que des initiatives de cet ordre soient facilitées. Cela n’a pas été vraiment le cas, côté collège en tout cas. Pourtant, en 1982, pour la première fois, deux circulaires insistent sur la notion de « projet », qui, disent les circulaires, « doit être à la base de l’action éducative en ZEP ». Et, en 1983, est rappelée « la nécessité d’un projet dans chaque zone ».
En réalité, ce sont d’abord les Programmes et instructions pour le collège de 1985, puis de 1987, et la mise en place de l’évaluation 6ème (1989) qui ont permis d’avancer sur la question du travail collaboratif dans le collège.
Les IO de 1985 (focus sur « l’importance du français pour toutes les disciplines ») et de 1987 (« Rôle des professeurs de toutes les disciplines » dans le développement de compétences en matière de lecture) constituaient une base pour mettre en avant la nécessité de travailler de manière complémentaire, donc collaborative, au niveau du collège. La mise en place de l’évaluation 6ème, elle, a donné un cadre pour faire des propositions de travail collaboratif entre l’école et le collège.
J’ai été, à cette époque, sollicitée par la MAFPEN pour participer au travail de l’équipe des « professeurs ressources » de l’académie de Versailles. Le travail consistait, dans un premier temps, à nous interroger sur les résultats nationaux des cahiers (en français), à repérer les items qui posaient le plus de difficultés, à chercher quelles réponses apporter aux difficultés observées. Dans un second temps, il s’agissait d’intervenir dans différents collèges après avoir analysé les résultats de leurs élèves et de réfléchir, avec l’ensemble des collègues, aux causes de ces difficultés et aux pratiques qu’il conviendrait de mettre en œuvre.
Pas de différence, ici, entre établissements ZEP et établissements non ZEP dans les propositions d’intervention. Mais l’objet affiché dans les courriers adressés aux chefs d’établissement par la MAFPEN (courriers qui avaient pour objectif la mise en place de temps de sensibilisation puis de temps de stage), à savoir : « L’opération "Evaluation 6ème" s’inscrit dans une politique générale de lutte pied à pied contre l’échec scolaire », concernait au premier chef les collèges ZEP. Nous avons, en effet, été sollicités prioritairement par ces établissements. Et nous avons constaté qu’il y avait une véritable attente du côté des collègues.
Quel effet de la première relance de l’éducation prioritaire en 1990 ? et de la création des fonctions de « responsable de ZEP » et de « coordonnateur » ?
Le principe de « discrimination positive », qui avait été introduit en 1981 est alors rappelé. L’accent est mis sur l’objectif de réussite scolaire. L’objectif premier, l’« amélioration significative des résultats scolaires des élèves, notamment des plus défavorisés » est lui aussi rappelé.
Il était plus facile alors de faire reconnaitre, dans les établissements de notre ZEP (écoles et collège), l’intérêt de projets pédagogiques qui visaient précisément, en prenant appui sur les évaluations nationales, l’amélioration significative des résultats scolaires et de mettre en avant que ces projets nécessitaient un travail collaboratif, au sein du collège et entre les écoles et le collège.
Le coordonnateur de la ZEP a très certainement facilité le travail côté écoles, mais nous l’avons peu vu au collège. Il est probable que les résistances déjà évoquées ne s’étaient pas éteintes, mais, surtout, il ne devait pas être simple pour un collègue du 1er degré d’intervenir dans un établissement du 2nd degré, à une époque où les liaisons école-collège n’existaient pas, n’étaient pas institutionnalisées.
Le contexte, toutefois, était différent. J’ai profité de ce contexte pour proposer, à partir de la rentrée 92, d’analyser les résultats obtenus par les élèves du collège et de les présenter dans le cadre de réunions de travail réunissant les enseignants du premier et du second degrés de la Z.E.P.
Nous avons alors pu constituer, à partir de septembre 93, un groupe de réflexion, inter catégoriel et interdisciplinaire. Nous avons choisi de travailler, en particulier, sur une tâche complexe, la justification d’une réponse, quotidien d’un élève de 6ème, tâche face à laquelle, au vu des résultats nationaux (français et math), tout élève de 6ème se trouve en difficulté, mais plus encore les élèves de milieu populaire. Nous avons élaboré des séquences pédagogiques, utilisables du cycle 3 à la 6ème, pour outiller les élèves sur cette question. Nos travaux ont contribué à définir par la suite les grandes lignes du projet d’établissement du collège. Ce projet a été approuvé par l’inspecteur général Jacky Simon, qui l’avait découvert en assistant à l’un de mes cours de français et à un cours d’histoire de l’une de mes collègues, lors de sa visite dans la ZEP des Grésillons, dans le cadre de son enquête sur les ZEP, en vue de l’élaboration du rapport sur les déterminants de la réussite scolaire en ZEP. Cette approbation a sans aucun doute facilité davantage encore la reconnaissance du travail engagé.
Dès la première année, l’expérience a été concluante dans les classes du collège où le projet avait été conduit. Tous les élèves avaient progressé, mais plus encore ceux dont les résultats avaient été particulièrement faibles aux items appelant à « justifier ». Il est certain qu’un tel résultat n’aurait pu être obtenu si des professeurs de disciplines différentes n’avaient pas travaillé de façon conjointe et convergente. Dès l’année suivante, le travail qui avait été mené par les enseignants de CM2 « se voyait », en classe de 6ème, chez les élèves qui en avaient bénéficié.
Quels enseignements ai-je tirés de cette expérience ?
. Sans une réflexion collective, sans un travail collectif, l’amélioration des résultats scolaires d’élèves en difficulté s’avère extrêmement difficile, pour ne pas dire quasiment impossible.
. Sans une politique favorisant la réflexion collective, la mise en place de collectifs de travail et la mise en œuvre de pratiques collaboratives rencontrent un nombre d’obstacles qu’il est difficile de dépasser.
Une autre phase s’ouvre avec la création des réseaux d’éducation prioritaire en 1997. Mais je ne peux dire, en me plaçant du point de vue d’une enseignante ZEP, en quoi les réseaux ont favorisé le travail collaboratif, ayant quitté le collège cette même année.
b - En tant qu’intervenante dans la formation initiale des enseignants
Après avoir, de 1993 à 1997, contribué à la formation initiale des professeurs du 2nd degré, pour 1/3 temps, j’ai été nommée, à la rentrée 1997, à l’IUFM de l’académie de Versailles, à plein temps, pour la formation des professeurs des écoles. J’ai ensuite été chargée de mission à la direction adjointe 1er degré de l’IUFM, puis directrice adjointe 1er degré de l’IUFM, puis de l’ESPÉ, puis de l’INSPÉ en charge de la formation des enseignants du 1er degré (PE 1 et PE2 puis étudiants Master 1er degré).
J’ai très vite constaté que la question des pratiques collaboratives, du collectif de travail, d’une part, la prise en compte des élèves de milieux populaires, des élèves scolarisés en éducation prioritaire, d’autre part, n’étaient pas, il faut le reconnaitre, des questions traitées de façon prioritaire.
Quels étaient, quels sont les obstacles ?
Du côté des étudiants
Que ce soit à l’IUFM, à l’ÉSPÉ ou à l’INSPÉ, dans les années de concours (anciens PE1 ou PLC 1 et étudiants en 1ère année de master 1er ou 2nd degré avant le déplacement du concours fin M2), les attentes des étudiants étaient d’abord du côté de la préparation au concours.
Pour les anciens PE 2 ou PLC 2 et les étudiants en 2nde année de master 1er degré ou 2nd degré (avant le déplacement du concours fin M2), les attentes étaient, très clairement, du côté des contenus disciplinaires et de la proposition de séquences et séances didactiques.
Depuis le déplacement du concours fin M2, les étudiants de 2nde année de master (1er ou 2nd degré) sont sous la pression et du concours et de la réussite de leur master.
S’agissant des attentes liées à la proposition de séances et séquences, il fallait expliquer (et convaincre) qu’il ne peut y avoir de séances ou séquences « clés en mains », que la construction de séances/séquences ne peut faire abstraction des élèves, qu’elle est fonction des élèves de la classe que l’on a en charge, des savoirs qu’ils ont acquis et de leurs difficultés.
En outre, proposer aux stagiaires ou étudiants en charge de classe pour une période donnée de chercher à échanger avec les enseignants de l’école, voire à travailler en collaboration avec leurs collègues (on n’en est pas encore à la continuité école-collège…) recueille difficilement l’adhésion. Les étudiants ont, en effet, déjà bien du mal à conjuguer préparation au concours, travail pour l’obtention du master, travail pour la classe (périodes de stage).
Du côté des enseignants
Les échanges en équipe, le travail collaboratif sont devenus extrêmement difficiles après les IUFM. La première raison en est que les PIUFM (professeurs d’IUFM) pour le 1er degré étaient, pour la quasi-totalité, des enseignants à plein temps à l’IUFM. Les échanges entre formateurs, le travail en équipe étaient plus aisés qu’aujourd’hui, où nombre d’enseignants assurent une partie de leur service en dehors de la formation initiale des futurs enseignants du 1er ou du 2nd degré. Ils interviennent pour beaucoup dans des formations, des masters différents, voire des lieux de formation différents. Le travail collaboratif s’en trouve entravé.
La seconde raison en est que l’horaire de formation initiale global a été tellement réduit que les enseignants sont très réticents à l’idée de consacrer du temps, sur ce temps réduit, pour traiter de questions non disciplinaires, sauf les collègues intervenant dans des domaines non disciplinaires (« formation générale » du temps de l’IUFM), « connaissance du métier » aujourd’hui).
Des possibles qui ne le sont plus
Lors de la formation IUFM, il était possible de mettre en place, pour les stagiaires, lors de périodes dédiées, ce que nous appelions des « modules ». Durant ces périodes, les emplois du temps habituels des professeurs stagiaires étaient totalement modifiés. Ces modules étaient proposés tant aux stagiaires du 1er degré (PE2) qu’aux stagiaires du 2nd degré (PLC2).
Dans le site de formation où je travaillais, il avait été ainsi proposé, à plusieurs reprises, un « module ZEP », dans lequel intervenaient différentes catégories de personnels, sur des problématiques différentes, par exemple : Utilisation d’une démarche de recherche en ZEP. L’école maternelle en ZEP. Le lien école/collège. La relation aux familles. Les mathématiques en ZEP. Existe-t-il une spécificité de l’enseignement en ZEP ?
Ces problématiques étaient proposées par des intervenants divers : PIUFM, IEN, PEMF, CPC, coordonnateur ZEP, médiateur, membre du CEFISEM.
Avec le passage de l’IUFM à l’ÉSPÉ puis INSPÉ, cette organisation de travail est devenue difficile.
Lors de la dernière réforme de la formation des enseignants que j’ai connue en étant en poste, qui avait conduit, en 2020-2021, à l’élaboration de nouvelles maquettes, fortement contraintes (réduction horaire globale, obligation d’intégrer des champs spécifiques avec horaire minimal), ce type de travail est devenu quasiment impossible.
Pour les dernières maquettes dont j’ai piloté l’élaboration, nous avions conçu plusieurs propositions au sein d’un groupe de travail (groupe constitué de directeurs d’étude ou responsables du master PE dans les différentes universités, intervenant tous dans la formation PE). Ces propositions avaient ensuite été présentées à l’ensemble des enseignants intervenant dans le master 1er degré des différentes universités de l’académie afin de solliciter l’avis de l’ensemble des collègues intervenant dans le master PE.
Voici quelques avis, qui donnent une idée des obstacles rencontrés :
. « Désaccord sur la ventilation et les %, qui conduisent à une diminution des volumes horaires dans les disciplines et domaines autres que les « fondamentaux ». (Avis de tous les sites de formation)
. « Difficultés de rentrer dans une nouvelle idéologie, qui n’est pas cohérente (un concours disciplinaire, des programmes scolaires disciplinaires vs une volonté de décloisonner les disciplines tout en privilégiant les disciplines maths/français). (Avis des enseignants intervenant en master 1er degré d’une université)
. « Le nombre d’heures des disciplines « non fondamentales » a diminué drastiquement en raison d’un effet de dilution dans d’autres éléments constitutifs plus généraux. Les renforcements disciplinaires sont parfois totalement absents. » (Avis d’un site de formation)
. « Problème de la diminution des heures en arts / sciences / HG-EMC alors que les disciplines sont à l’écrit du concours ; la nouvelle maquette accentue le déséquilibre de la maquette actuelle, ce qui est perçu comme une aberration et la « mort » de la polyvalence et de l’École ». (Avis d’un autre site de formation)
. « La pédagogie de projet, c’est très bien, mais les besoins sur les connaissances disciplinaires sont criants ». « Personne ne devrait perdre d’heures et pourtant tout le monde pense en perdre. » (Avis d’un autre site de formation)
. « Au fond, il faut le souligner : les collègues n’ont guère le souhait de se prononcer sur la pertinence du choix de telle ou telle version d’une maquette dont ils récusent les principes fondateurs. Et ce en dépit de leur reconnaissance du travail acharné des collègues qui ont eu la tâche de les élaborer. » (Avis d’un département disciplinaire)
mais aussi des ouvertures :
. « Le constat d’une baisse de 19 h en français (sur l’ensemble du master) doit être pondéré par l’économie globale de la maquette et les espaces de collaboration interdisciplinaires qui permettront de travailler les compétences de base comme la transversalité de la langue (Lire, dire, écrire dans toutes les disciplines. D’un langage à l’autre. Mesurer, calculer, raisonner dans toutes les disciplines), les analyses de pratiques didactiques et les projets d’éducation artistique et culturelle. » (Avis d’un autre département disciplinaire)
Quels enseignements ai-je tirés de cette expérience ?
Est-ce que cela signifie que les collègues refusent de changer leurs pratiques, de travailler de manière collaborative, de proposer aux étudiants eux-mêmes de réfléchir aux pratiques collaboratives et à ce qu’elles peuvent apporter aux futurs enseignants en formation ?
Je ne le pense pas. Mais Le public en formation PE aujourd’hui a changé. Il faut tenir compte de la nécessité de permettre aux étudiants de « revoir » des contenus de base, de se les ré(approprier). Or, le temps dédié aujourd’hui à la formation initiale est tel qu’il ne peut conduire qu’à des crispations et des réactions comme celles évoquées ci-dessus.
Pourtant, un nombre non négligeable de formateurs continue, en INSPÉ, à chercher à travailler autrement, malgré le temps réduit, malgré les contraintes imposées par les maquettes.
Bon nombre restent persuadés qu’il faut convaincre les futurs collègues qu’enseigner ne se réduit pas à « un maitre, une classe, une discipline », restent persuadés qu’il est indispensable de préparer les futurs enseignants, dès la formation, à travailler dans un cadre collectif afin d’assurer la continuité et la cohérence des savoirs.
Mais, sans une formation initiale digne de ce nom, qui se fasse sur un temps raisonnable/suffisant et, comme pour l’éducation prioritaire, sans une politique de formation ambitieuse, sans un cadre ministériel facilitant, c’est un peu mission impossible.
Arlette Toussaint
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