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Regards sur l’éducation 2025 : France
Ocde, 9 septembre 2025
Cette note par pays présente un aperçu des principales caractéristiques du système éducatif en France à partir des données de Regards sur l’éducation 2025. Conformément au thème retenu cette année, elle met l’accent sur l’enseignement supérieur tout en couvrant d’autres parties du système éducatif. Les données de cette note correspondent à la dernière année disponible. Les lecteurs souhaitant connaître les années de référence des données sont invités à se reporter aux tableaux correspondants dans Regards sur l’éducation 2025.
Extrait de oecd.org du 09.09.25
La France est rattrapée par le déterminisme social et les faibles compétences de base
L’édition 2025 du rapport « Regards sur l’éducation de l’OCDE », publiée le 9 septembre, accorde une attention particulière à l’enseignement supérieur. Parmi les grands constats : une hausse du niveau de formation, un déterminisme social toujours marqué dans les pays de l’OCDE mais aussi un manque d’attractivité des domaines scientifiques. Décryptage.
Le poids du milieu social : un déterminisme éducatif fort
Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, les enfants de parents diplômés ont significativement plus de chances de l’être eux-mêmes. Le milieu social reste un facteur clé de réussite scolaire, malgré la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur.
En France, 75 % des 25-34 ans dont au moins un parent est diplômé obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 32 % pour ceux dont les parents n’ont pas terminé le deuxième cycle du secondaire. L’écart de 43 points entre ces deux groupes place la France dans la moyenne des pays de l’OCDE, où l’écart atteint 44 points.
Niveau de formation en hausse
Dans les pays de l’OCDE, 48 % des jeunes adultes sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. En France, cette proportion atteint 53 %, en hausse de 5 points depuis 2019. Parallèlement, la part des jeunes adultes sans diplôme du deuxième cycle du secondaire continue de baisser : 13 % en moyenne OCDE, contre 11 % en France.
Diplôme, emploi et salaires : des écarts marqués
En 2024, dans les pays de l’OCDE, 12,9 % des jeunes adultes sans diplôme sont au chômage, contre 6,9 % pour les titulaires d’un diplôme du 2e cycle secondaire, et 4,9 % pour ceux ayant un diplôme du supérieur. En France, la situation est plus contrastée et le taux plus élevé dans toutes les catégories : 18,5 % des jeunes adultes sans diplôme sont au chômage, contre 9,9 % pour ceux avec un diplôme du secondaire, et 6,3 % pour les diplômés du supérieur.
Le niveau de ddiplôme en restant fortement lié au milieu d’origine réduit le risque de chômage et influence fortement aussi les perspectives d’emploi. Le diplôme protège, mais moins en France qu’ailleurs, surtout pour les niveaux intermédiaires.
Des écarts de revenus importants, surtout pour les diplômés du supérieur
Le diplôme du supérieur reste un levier de mobilité sociale, bien que moins efficace pour les niveaux inférieurs.
Côté revenus, l’écart salarial entre un travailleur diplômé du secondaire et un non-diplômé est de 17 % en moyenne OCDE, contre 14 % en France.
Mais l’écart est plus marqué en France entre diplômés du supérieur et titulaires du secondaire, atteignant 60 %, contre une moyenne inférieure dans l’OCDE.
Compétences : des écarts persistants selon le niveau de diplôme
Les inégalités se retrouvent aussi dans les compétences en littératie. Selon l’enquête PIAAC de l’OCDE, en 2023, les adultes diplômés de l’enseignement supérieur en France obtiennent en moyenne un score supérieur de 47 points en littératie par rapport à ceux qui ne le sont pas — un écart plus important que la moyenne OCDE (34 points).
Plus largement, les compétences en littératie restent faibles. En France, 30 % des adultes (25-64 ans) ont des compétences de niveau 1 ou inférieur (contre 27 % en moyenne OCDE),
Cette proportion monte à 70 % chez les adultes sans diplôme du secondaire. Même parmi les diplômés du secondaire, 36 % ont un niveau faible en France (contre 30 % en OCDE). Chez les diplômés du supérieur, ce chiffre tombe à 8 % en France.
Ces chiffres soulignent que l’accès à l’éducation ne garantit pas l’acquisition de compétences solides.
Choix de filières : un manque d’attractivité des filières scientifiques
En France, 34 % des étudiants choisissent les filières commerce, administration et droit.
À l’échelle de l’OCDE, ce sont les filières STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) qui dominent, suivies du commerce/droit (23 %).
Accès record au supérieur mais un taux de réussite faible
La France affiche le taux d’accès au supérieur le plus élevé de l’OCDE : 95 % des candidats obtiennent une place. Mais le rapport souligne que seuls 34 % obtiennent leur licence en 3 ans (contre 43 % en OCDE) et 46 % en 4 ans (contre 59 % en OCDE). A noter des écarts de réussite genrés les filles réussissent mieux que les garçons. Cet écart est particulièrement marqué en France (39% pour les filles et 25% pour les garçons) dans la réussite de la licence en 3 ans. L’écart est plus faible en Angleterre ou en Islande.
Plus de diplômés de master en moyenne, 1 sur 4
Avec 26 %, contre 16 % en moyenne dans l’OCDE, la France compte une proportion plus élevée d’étudiants diplômés de master.
Le rapport Regards sur l’éducation 2025 de l’OCDE confirme une élévation du niveau de diplôme en France, mais aussi la persistance d’inégalités éducatives profondes. Le diplôme reste un levier de réduction du chômage et d’amélioration du revenu. Le rapport pointe également que l’acquisition de compétences en littératie, comme l’attractivité des filières scientifiques, reste un défi majeur.
Djéhanne Gani
Extrait de cafepedagogique.net du 09.09.25
OCDE : quelques singularités françaises : moins de redoublements, plus d’étudiants, des enseignants moins bien payés (Regards sur l’éducation)
"La transition vers une économie à plus forte intensité de numérique et de savoir accroît la demande de compétences avancées", estime l’OCDE qui publie l’édition 2025 de son "Education at a glance" (Regards sur l’éducation) : 48 % des jeunes adultes des pays de l’OCDE sont désormais diplômés de l’enseignement supérieur (y compris à bac+2, ndlr), contre 27 % en 2000. Mais "le fait d’être titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur n’est pas toujours synonyme de compétences solides. Dans les 29 pays et autres économies participant à l’enquête, 13 % des adultes diplômés de l’enseignement supérieur n’ont même pas atteint le niveau en littératie de compétence de base, ce qui signifie qu’ils ne comprenaient que des textes courts sur des sujets familiers." A noter que parmi les diplômés de niveau bac, 30 % ne dépassent pas le niveau 1 ! Le niveau monte pourtant. Les 25-34 ans diplômés de l’enseignement supérieur (au moins bac+2, "tertiaire" pour l’OCDE, ndlr) obtiennent de meilleurs résultats en littératie que les 45-54 ans. Mais il baisse entre 2015 et 2023 de 9 points (7 points en France).
Autre enseignement, "seuls 26 % des jeunes adultes issus de familles ayant un faible niveau d’études ont achevé des études tertiaires, contre environ 70 % des jeunes adultes issus de ménages très instruits", mais l’Angleterre, le Danemark et la Communauté flamande de Belgique ont pu réduire cet écart "grâce à des interventions ciblées". Au Danemark, le taux de diplômés de l’enseignement supérieur parmi les jeunes adultes dont les parents n’ont pas l’équivalent du baccalauréat a augmenté de 20 points de pourcentage depuis 2012, pour atteindre 49 %.
Toujours en ce qui concerne l’ensemble des pays de l’OCDE, la publication fait état des difficultés de recrutement, ou de maintien dans l’emploi des enseignants : "En moyenne, près de 7 % des enseignants de l’enseignement secondaire dans les pays de l’OCDE ne sont pas pleinement qualifiés", au Danemark, en Estonie et en Angleterre "près de 10 % des enseignants démissionnent chaque année" ; en France comme en Grèce et en Irlande, c’est moins de 1 %.
En France donc, 53 % des jeunes adultes (25-34 ans) sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur (contre 48 % en moyenne OCDE) : 26 % des 25-34 ans détiennent un master ou un diplôme équivalent (16 % en moyenne OCDE) mais le niveau en littératie de l’ensemble de la population est faible, 70 % des 25-64 ans qui n’ont pas le baccalauréat sont au niveau 1 ou en dessous (61 % en moyenne OCDE).
Autre caractéristique française, des taux de redoublement particulièrement faibles : le pourcentage de collégiens redoublants "est passée de 2,3 % en 2015 à 1,1 % en 2023" alors que la moyenne de l’OCDE est à 2,5 %. La proportion de collégiens "ayant au moins deux ans de plus que l’âge attendu pour leur niveau varie fortement selon les pays de l’OCDE, allant de quasiment nulle dans certains pays à plus de 10 % dans d’autres. En France, cette proportion se situe dans la partie inférieure de la distribution de l’OCDE en 2023, à 0,4 %".
La France se singularise aussi par les orientations dans l’enseignement supérieur. Alors que dans les autres pays de l’OCDE, les jeunes choisissent prioritairement des études scientifiques ou "commerce, administration, droit" (23% pour chacun des deux domaines au niveau licence), en France, "le commerce, l’administration et le droit arrivent en tête avec 34 % des diplômés, suivis des arts et sciences humaines, sciences sociales, journalisme et information (26 %)", les sciences, technologie, ingenierie et mathématiques attirent moins de 20 % des jeunes. Si 95 % des candidats à une place dans l’enseignement supérieur s’en voient proposer une, le taux le plus fort parmi 20 pays de l’OCDE et si 83 % poursuivent effectivement leurs études, "seuls 34 % des nouveaux inscrits dans les universités publiques obtiennent leur licence dans la durée théorique du programme" (43 % en moyenne OCDE).
La France consacre 12 321 $ par élève de l’enseignement scolaire, ce qui la situe au milieu de la fourchette des pays. La France dépense 13 % de moins que la moyenne de l’OCDE par élève dans l’enseignement préélémentaire et élémentaire (11 135 USD contre 12 730 USD), 5 % de moins dans le premier cycle du secondaire (13 622 USD contre 14 315 USD), mais 24 % de plus dans le deuxième cycle du secondaire (18 127 USD contre 14 562 USD).
Les enseignants vieillissent plus vite en France : 39 % des enseignants du secondaire sont âgés de 50 ans ou plus en 2023 (38 % en moyenne OCDE), ils n’étaient que 31 % dans ce cas en 2013 alors qu’ils étaient 36 % en moyenne OCDE. Ils sont aussi moins bien payés si on compare leurs revenus à ceux d’autres salariés diplômés de l’enseignement supérieur : - 26 % pour les enseignants du premier degré et - 18 % au niveau collège contre - 17 % et - 13 % en moyenne dans l’OCDE. Les enseignants titulaires comptant 15 ans d’ancienneté gagnent en France 49 462 $ par an aux niveaux préélémentaire et élémentaire, et 53 086 $ au niveau secondaire (contre un peu moins ou un peu plus de 60 000 en moyenne OCDE pour les deux niveaux).
Les élèves ont davantage d’heures de cours en France, 864 par an dans l’enseignement élémentaire et 973 au niveau collège (804 et 909 en moyenne l’OCDE), en élémentaire, 6 heures sur 10 sont consacrées aux matières fondamentales en 2025 (38 % à la lecture, l’écriture et la littérature, et 21 % aux mathématiques), 3 sur 10 au collège. En moyenne OCDE, "41 % du temps d’instruction obligatoire dans l’enseignement élémentaire est consacré à ces matières (25 % à la lecture, l’écriture et la littérature, et 16 % aux mathématiques), et 27 % dans le premier cycle du secondaire (14 % et 13 % respectivement).
Les jeunes Français ont 16 semaines de vacances par an en France (toutes périodes de congés confondues), contre 13,5 semaines en moyenne dans l’OCDE. Alors que "la taille moyenne des classes dans les établissements publics et privés au niveau élémentaire n’a pas changé depuis 2013, restant à 21 élèves" en moyenne OCDE, elle a baissé en France de près de deux élèves et s’établit à 21,6.
Le site de l’OCDE ici