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Mixité scolaire : un idéal absent et une ségrégation bien réelle
Le Syndicat national des enseignements de second degré a réalisé un séminaire sur la mixité sociale et scolaire, plusieurs acteurs étaient présents comme des sociologues et professeurs des universités durant ses deux jours pour exposer leurs idées sur un sujet épineux.
La ville de Perpignan à un taux de pauvreté de 73%. Dans certains quartiers, plus de sept habitants sur dix vivent avec moins de 1200 euros par mois. Difficile alors de parler de mixité sociale ou scolaire : « en tant qu’enseignants, on se doit d’apporter et de donner à tous les élèves une égalité des chances de réussir. Et le constat qu’on fait aujourd’hui, c’est qu’on a des établissements qui sont ségrégés par des questions spatiales, par des questions territoriales, par des questions de logement. Et on sait très bien que ces élèves ont beaucoup moins de chances de réussir que les élèves qui vont se retrouver dans d’autres établissements » témoigne Ignacio Valenzuela, enseignant histoire et géographie.
Dans les établissements scolaires, on parle de ségrégation quand la composition sociale est déséquilibrée. Par exemple, quand un établissement accueille 80% d’élèves issus de l’immigration. « La ségrégation c’est une séparation spatiale et sociale, ce n’est pas forcément politique, c’est un constat » explique le sociologue Choukri Ben Ayed, invité au séminaire.. Cette situation à des conséquence sur les établissements « en premier, ils ont des difficultés, parce que très souvent, ceux qui sont ségrégués, abritent plutôt des populations modestes qui ne sont pas forcément françaises, ou des familles qui n’ont pas forcément un capital social, culturel aussi important que d’autres foyers pour les accompagner dans l’éducation. Ensuite, c’est l’effet de stigmatisation, qui a un rôle extrêmement fort, donc elle fait fuir… Cet effet répulsif va alimenter aussi des stratégies de contournement de la part des familles et des stratégies aussi parfois de collectivités locales qui vont plus ou moins aider ces établissements » explique David Giband, Professeur des Universités, Urbanisme et aménagement du territoire à l’UPVD.
Aucune politique en faveur de la mixité
Perpignan abrite les collèges les plus pauvres de France comme Pons [REP+] et Pagnol [REP+] qui figurent en haut du palmarès des IPS (Indice de Positionnement Social ) les plus faibles de France. Mais parallèlement dans les environs, on trouve également les IPS les plus élevés avec Saint-Louis de Gonzague qui est privé. « Il n’y a pas de politique de mixité scolaire, ni affichée, ni revendiquée, ni même assumée, alors que c’est la ville dans laquelle vous avez les plus fortes inégalités » déclare David Giband. À l’échelle départementale, l’ancienne rectrice de l’académie s’était engagée à créer un observatoire de la mixité. À l’heure actuelle, le syndicat demande le renouvellement de cet engagement à la nouvelle rectrice qui « met en lien avec l’éducation, les chercheurs, les élus, les enseignants, les syndicats, les autorités académiques. Pour permettre d’arriver à des constats communs, un diagnostic permet par la suite de mener des actions ou des expérimentations » affirme Ignacio Valenzuela. Du côté des professeurs dans le département, il y a un manque de moyens pour accompagner ces populations. En effet, il faudrait une cinquantaine d’enseignants supplémentaires pour pouvoir accompagner correctement les élèves.