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Silence sur les ZEP dans le projet de loi Fillon (L’Express)

22 novembre 2004

Extrait de « L’Express » du 22.11.04 : silence sur les ZEP dans le projet de loi Fillon, observe Philippe Meirieu.

La méthode Fillon : pas de révolution, mais un retour aux fondamentaux de l’école. Le ministre choisit le pragmatisme.

Des mots fédérateurs à la Chevènement : République, autorité, réussite pour tous. Une trilogie simple : « Une école plus efficace, juste et ouverte ». Et un saupoudrage de mesures jouant sur une dialectique prudente et habile : assez générales pour ne pas ébranler le « mammouth », après la déroute de Ferry et la fronde du printemps 2003, assez précises pour flatter à la fois l’encolure professorale et l’opinion. Le 18 novembre, sur France 2, le ministre de l’Education nationale a dévoilé les contours de son projet de loi d’orientation, qui doit clore le Grand Débat sur l’école. Et « adapter » la loi Jospin de 1989. François Fillon l’avait martelé : pas question de la torpiller, pas de révolution. Et pour cause. Difficile de s’attaquer à un totem et aux « 80 % au bac », maintenus dans le projet. Qui en réaffirme un objectif tombé dans l’oubli : 100 % de jeunes qualifiés.

« Il veut être l’homme qui saura réformer l’Education nationale »

Pour la première fois, souligne l’historien Claude Lelièvre, le pouvoir politique s’emparera donc de cette idée de « socle commun », requis par quinze ans de rapports sur l’école : un recentrage sur les « fondamentaux », exigibles chez tous les élèves au terme de l’école obligatoire et validés par un brevet des collèges rénové. Mais quid des élèves qui échoueront au brevet ? A quel niveau d’exigence hissera-t-on ce « socle », taxé de « Smic culturel » par certains ? Tout reste à voir.

Parmi les nouveautés, chargées de symbole pour les familles : des bourses au mérite, du soutien pour les élèves en difficulté, les langues dès le primaire, le remplacement des professeurs absents - qui hérisse les syndicats. Mais les enseignants voient, en contrepartie, leur « liberté pédagogique » gravée dans le marbre, un geste qui vise à redonner du lustre et de l’autorité à la figure du prof. Emblématique, aussi, le redoublement : à tous les étages, les enseignants reprennent la main.

On va en recruter 150 000 sur cinq ans. Voilà qui devrait calmer leurs ardeurs insurrectionnelles. Tout comme le tempo, serré, de la loi - elle s’appliquera à la rentrée 2006. « Le gouvernement veut en tirer, légitimement, les dividendes un an avant la présidentielle, observe le pédagogue Philippe Meirieu. Du coup, le projet ne s’attelle pas à des chantiers ambitieux : carte scolaire, ZEP, recrutement des enseignants... » Ce poste, Fillon ne le convoitait pas.

Sous la tutelle de Matignon et de l’Elysée, qui a élevé ce projet au rang de « priorité », il joue là une carte maîtresse. « Déterminé, il veut être l’homme qui, après les retraites, saura réformer l’éducation », indique un proche. « Il joue sur les équilibres, à petits pas, note un inspecteur général. Il raisonne en politique, pas en visionnaire. Mais un homme qui aspire à un destin national a-t-il intérêt à l’être dans ce secteur difficile ? »

Delphine Saubaber.

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