Les parcours scolaires à l’école élémentaire en ZEP et hors ZEP (Cerc)

21 novembre 2006

Extrait du bulletin du CERC, le 21.11.06 : Les inégalités de réussite à l’école élémentaire : construction et évolution

Les inégalités de réussite à l’école élémentaire : construction et évolution

Jean-Paul Caille et Fabienne Rosenwald

Résumé : Au cours des vingt dernières années, les redoublements ont fortement baissé. Les scolarités à l’école élémentaire restent néanmoins marquées par d’importantes disparités sociales de retard scolaire et de réussite aux évaluations nationales.
D’une part, les élèves entrent au cours préparatoire avec des niveaux de compétences déjà différenciés socialement. D’autre part, les progressions à l’école primaire diffèrent selon le milieu d’origine de l’élève, y compris à niveau initial comparable, si bien que les écarts se creusent au fur et à mesure de l’avancée dans la scolarité élémentaire. On peut estimer qu’à la fin de celle-ci, la moitié des inégalités sociales de réussite est due aux différences de compétences que présentaient les élèves à l’entrée au cours préparatoire.
Par ailleurs, on n’observe pas de meilleure réussite, en fin de scolarité primaire, des élèves scolarisés à deux ans par rapport à ceux entrés à l’école maternelle à trois ans. Enfin, les élèves qui redoublent parviennent rarement à se redresser durablement

(à noter que ce même bulletin indique la publication du rapport des inspections générales sur l’éducation prioritaire : enfin un média qui en parle ! )

Un extrait :

Des acquis à l’issue du primaire moins élevés pour les élèves en ZEP

Le maintien de fortes inégalités sociales de réussite est également lié au fait que les élèves fréquentent des écoles qui accueillent des élèves de milieux sociaux et de niveaux scolaires souvent très différents, en raison notamment de la ségrégation sociale de l’habitat et des stratégies d’évitement scolaire mises en oeuvre par certaines familles.

Globalement, les différences de carrière scolaire et d’acquis cognitifs selon le contexte scolaire sont très prononcées. Ainsi, seulement 26 % des écoliers ayant effectué toute leur scolarité élémentaire dans une école classée en zone d’éducation prioritaire (ZEP) atteignent la médiane en français aux évaluations nationales de sixième et seulement 22 % d’entre eux obtiennent un tel résultat en mathématiques.
Les disparités d’acquis selon le pourcentage moyen d’élèves étrangers dans les classes fréquentées au cours de la scolarité élémentaire sont aussi très fortes : lorsqu’il y avait en moyenne 30 % ou plus d’élèves de nationalité étrangère dans leur classe, seulement le quart des élèves atteignent la médiane aux évaluations nationales de sixième.
Les parcours scolaires donnent lieu à des écarts de réussite moins prononcés, mais qui restent néanmoins marqués : seulement les deux tiers des écoliers ayant été scolarisés dans des classes comptant en moyenne 30 % d’élèves de nationalité étrangère et 72 % de ceux qui ont effectué toute leur scolarité élémentaire en ZEP parviennent en sixième sans avoir redoublé.

Bien évidemment, ces disparités ne sont pas indépendantes du fait que les élèves qui connaissent de tels contextes scolaires sont aussi très différents des autres écoliers en terme d’origine sociale, de situation familiale ou encore d’acquis à l’entrée au CP. Elles ne sont pas le reflet d’une différence intrinsèque lié au fait d’être scolarisé en ZEP ou au pourcentage d’élèves étrangers.

Aussi, à caractéristiques démographiques et familiales comparables, l’impact du contexte scolaire apparaît plus mesuré. En particulier, les différences de contexte pèsent toujours moins sur la réussite que les caractéristiques individuelles.
À niveau de compétences à l’entrée au CP et autres caractéristiques comparables, les écoliers scolarisés pendant toutes leurs études élémentaires dans une école de ZEP quittent l’école élémentaire avec des acquis en français et en mathématiques plus faibles que les autres élèves. En français comme en mathématiques, leur déficit d’acquis est très proche de celui mis en évidence entre les élèves fréquentant des écoles au recrutement social défavorisé ou favorisé : il atteint 3 points sur 100 en français et cinq points en mathématiques.
En revanche, sans doute parce que les décisions de redoublement prennent aussi en compte le niveau relatif de l’élève par rapport à ses pairs, les écoliers ayant effectué toute leur scolarité en ZEP parviennent toutes choses égales par ailleurs plus souvent en sixième sans redoubler.

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