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L’efficacité des méthodes d’enseignement de la lecture.
Les apports de l’enquête Formalect.
Notes du Csen, n°11, juin 2024, 7p.
Résumé
Près d’un élève sur deux à l’entrée au CE1 lit moins de 50 mots par minute, l’objectif attendu officiellement. Et un sur cinq se situe même très loin de cet attendu en lisant moins de 25 mots par minute. Ces constats interrogent l’efficacité des méthodes d’enseignement de la lecture actuellement en usage en France. L’enquête Formalect, réalisée en 2021 auprès d’un vaste échantillon représentatif des classes de CP, a permis de répondre aux questions suivantes : quelles sont aujourd’hui les modalités d’enseignement de la lecture mises en œuvre en début d’année au CP en France, et quels sont les effets de ces différentes méthodes d’enseignement sur les résultats des élèves ?
L’objet de cette note est d’apporter une réponse synthétique à ces deux questions.
Les données de l’enquête indiquent que la mise en œuvre d’une méthode phonique synthétique stricte, c’est-à-dire centrée sur un enseignement du code de correspondances graphèmes-phonèmes sans aucune activité annexe de mémorisation ou reconnaissance globale de mots non décodables, est plus efficace pour l’acquisition d’une bonne fluence et pour la compréhension écrite. La différence d’efficacité est visible dès le mois de janvier de l’année de CP et toujours présente en septembre de l’année de CE1, et elle est encore plus prononcée pour les élèves qui ont des fragilités en début d’année de CP et pour ceux qui sont scolarisés dans les écoles à recrutement social populaire. Cette méthode phonique synthétique stricte étant à l’heure actuelle rarement mise en œuvre dans les classes, les marges de progression du système éducatif en matière d’apprentissage de la lecture sont potentiellement très importantes.
Jérôme Deauvieau, professeur des universités à l’École normale supérieure et Paul Gioia, doctorant à l’École normale supérieure et à l’Institut national d’études démographiques.