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"La mobilisation contre la réforme de la formation mérite mieux que cela !" (Philippe Watrelot)

28 mai 2024

La mobilisation contre la réforme de la formation mérite mieux que cela !
La réforme de la formation des enseignants devrait être mise en œuvre à la rentrée prochaine. Mais les textes ne seront présentés aux syndicats que le 11 juin ! On s’achemine vers une énième usine à gaz dans l’improvisation et la confusion. Mais pendant ce temps là, on débat sur la place des concours et une supposée « régression » du niveau de recrutement. Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu.

De bonnes raisons d’être contre, mais…

Beaucoup a déjà été écrit sur cette réforme impulsée par Emmanuel Macron, qui fantasme sur « les écoles normales du XXIème siècle ». On pointe à juste titre un calendrier démentiel, emblématique de la « fast-politique » qui frappe le domaine de l’éducation et qui méprise les personnels. Comment préparer sérieusement des contenus de formation dans ces conditions ? Comment impliquer les différentes parties prenantes ?

Sur ce point, on sent bien que ce n’est pas la préoccupation du pouvoir. Les délais le prouvent mais aussi la gouvernance qui se met en place. De fait, il s’agit pour le Ministère de reprendre la main sur la formation en marginalisant (et à terme en faisant disparaitre), les INSPÉ et leurs formateurs. C’est une remise en cause du long mouvement d’« universitarisation » de la formation des enseignants.

On va assister à une superposition de différentes structures. Pour reprendre une expression de Marie-Christine Corbier dans Les Échos, c’est une sorte de ménage à trois, voire à quatre, qui se prépare. Par exemple, une licence préparatoire au professorat des écoles pourrait être portée par une composante non universitaire (les fameuses écoles normales ENSP), tout en étant accueillie dans l’université dans laquelle évoluent pour l’instant les INSPÉ. S’y ajoute un potentiel quatrième acteur, dans la mesure où les ENSP pourraient être pilotées par un conseil national de la formation initiale, présidé par les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, et chargé de définir les objectifs nationaux et les maquettes. Une vraie usine à gaz dont la structure illisible et l’improvisation seront cause de souffrances pour les personnels et les futurs enseignants. Je peux en témoigner pour avoir subi un très grand nombre de réformes et de changement de « maquettes » durant seize ans passés (en temps partagé) à l’IUFM/ESPÉ/INSPÉ !

Enfin, même si on prévoit de payer les étudiants et stagiaires (ce qui, de fait, était déjà le cas pour la réforme actuelle) cette réforme va se faire à moyens constants. Les universités vont devoir créer sans moyens supplémentaires ces licences prévues sans aucun respect pour leur autonomie. Une meilleure formation supposerait des moyens et du temps qu’on refuse aux enseignants

Pour finir, on peut également émettre des doutes sur les effets de cette réforme sur l’attractivité du métier. Celle ci est multi-factorielle. C’est à la fois une question de rémunération, de conditions de travail et d’évolution de carrière, d’image du métier et ... de formation

On vient d’énumérer de nombreuses raisons de se mobiliser pour exiger au minimum un report de la réforme et plus largement du temps pour remettre en chantier ce dossier.
Mais pendant ce temps là...

Enseigner est un métier qui s’apprend [...]

Extrait de blogs.mediapart.fr du 18.05.24

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