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L’éditorial et un supplément du « Monde » sur les banlieues

26 octobre 2006

Extrait du « Monde » du 26.10.06 : La vraie fracture

La crise des banlieues n’a pas commencé le 27 octobre 2005. Non plus que lors des échauffourées de Vénissieux, en 1981, première explosion des conflits qui n’ont cessé d’agiter périodiquement les quartiers où la République loge la grande masse des Français les moins favorisés, ouvriers et employés, souvent immigrés ou d’origine immigrée.

Ce qui s’est passé il y a un an à Clichy-sous-Bois n’a été qu’un épisode de plus sur la liste des incidents dramatiques mettant aux prises, dans les "zones urbaines sensibles" de la nomenclature administrative, des policiers et des jeunes. Deux garçons, de 17 et 15 ans, sont morts électrocutés après s’être réfugiés dans l’enceinte d’un transformateur pour échapper à une possible interpellation par des fonctionnaires en patrouille. L’accident, à l’origine de plusieurs semaines d’émeutes, face auxquelles le premier ministre, Dominique de Villepin, a exhumé une loi d’exception pour instaurer l’état d’urgence, a rappelé une situation qui est au coeur de la réalité nationale française.

D’un côté, des jeunes désoeuvrés subissent l’attraction de bandes qui prospèrent sur des trafics de toutes sortes ; de l’autre, des policiers, exposés à des violences incessantes, perdent parfois la maîtrise de leurs interventions. Les habitants de ces quartiers subissent les conséquences multiples de cette confrontation, qui pèse sur leur vie quotidienne. Elle se nourrit de la crise sociale autant qu’elle l’aggrave. Elle éloigne de ces quartiers les emplois qui y sont déjà trop rares. Conséquence de l’échec scolaire, elle contribue à l’alourdir en compliquant la tâche des enseignants.
Le paroxysme de 2005 a obligé les acteurs politiques, économiques et sociaux à revoir leur action.

La loi sur l’égalité des chances, dont M. de Villepin a pris l’initiative, a donné une vraie priorité au combat contre les inégalités. Sous la présidence de Louis Schweitzer, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité devient un outil efficace contre les ségrégations qu’entraîne le racisme. L’Agence nationale pour l’emploi et les missions locales, aiguillonnées par Jean-Louis Borloo, ministre de la cohésion sociale, se sont mobilisées massivement pour aider les chômeurs à trouver ou à retrouver le chemin du travail. Des moyens supplémentaires ont été donnés à l’éducation nationale, et une réforme des zones d’éducation prioritaire a été engagée. Le plan de rénovation de l’habitat, déjà substantiel, a été considérablement étendu.

Ces efforts vont dans le bon sens, et il faut souhaiter que la société assume la responsabilité de réduire la vraie fracture - sociale, éducative, culturelle avant d’être "ethnique" - qui la divise. Il faudra, pour cela, que la mobilisation méthodique de tous les acteurs soit prolongée et amplifiée. C’est l’oeuvre d’une génération.

Le supplément du « Monde » sur les banlieues

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