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Des profs de ZEP - RAR mécontents à Bobigny (93)

30 septembre 2006

Extrait de « L’Humanité » du 29.09.06 : Quand la réforme des ZEP ne tient pas ses rares promesses

On les annonçait volontaires et expérimentés : au collège République de Bobigny, les professeurs référents ne sont ni l’un ni l’autre.

Elle s’était préparée à une rentrée décevante. « Mais la réalité dépasse toutes mes craintes », déplore Séverine, prof d’anglais au collège République de Bobigny. Emplois du temps désordonnés, permanences saturées, changement de salles à chaque heure. « Dans un collège de 1 000 personnes, vous imaginez ce que ça donne dans les couloirs... » Surtout, la réforme des ZEP (1) ne se passe pas comme promis.

Le collège a été classé « ambition réussite ». Il devait se voir attribuer entre 10 et 12 assistants pédagogiques (2). Ils ne sont que trois, arrivés cette semaine. Mais c’est avant tout la nomination des professeurs référents qui pose problème. La réforme en prévoit quatre en moyenne par établissement classé EP1, chargés de coordonner le travail des équipes. Selon Gilles de Robien, ces postes devaient être attribués à des enseignants volontaires et expérimentés. Deux qualificatifs qui n’ont pas cours ici.

« Un poste était supprimé en technologie, un autre en anglais : à moins d’être envoyés ailleurs, les deux profs n’avaient d’autre choix que d’accepter », poursuit Séverine. Une prof de maths était aussi dans cette situation. Ne bénéficiant que d’un an d’expérience, sa candidature n’a pas été retenue. « Au moins, c’était cohérent. » Mais le jour de la rentrée, personne n’occupait le poste. Deux semaines après, arrivait enfin la prof référent attendue. « Une néo-titulaire », pointe Séverine. Traduction : une jeune femme qui, l’an passé, était encore stagiaire. Quant au 4ème professeur référent, il enseignait dans le primaire jusqu’à l’année dernière. « On lui demandait de faire cours de français à des élèves de 4ème ». Les bidouillages internes ont finalement permis de s’arranger autrement. Au prix d’incohérences : une classe de 6ème se retrouve avec deux profs de français. « On demande à ces enseignants de faire un travail de coordination, mais on ne leur permet pas de l’assumer ».

L’an dernier, ce collège s’était mis en grève en apprenant qu’il était classé ambition réussite. Il y a deux semaines, des profs l’ont occupé toute une nuit. Séverine, militante mais non syndiquée, a hésité à se joindre au mouvement d’aujourd’hui. « J’avais peur d’alimenter l’image du prof toujours en grève. » Finalement, les mots d’ordre lui ont semblé justifiés. Elle ne sait dire combien de ses collègues auront fait le même choix. « Mais je peux dire qu’on est majoritairement mécontents. »

(1) Engagée l’an dernier, elle vise à concentrer les moyens financiers sur les 249 collèges classés EP1, ou « ambition réussite ».

(2) Étudiants chargés d’aider les élèves dans leur travail scolaire.

M.-N. B.

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