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Extrait de « Témoignages » du 26.09.06 : Intersyndicale, parents et étudiants ensemble dans l’action
À l’appel de l’Intersyndicale de l’Éducation nationale, de la FCPE et de l’UNEF, jeudi sera une journée de grève et de manifestation pour arrêter les suppressions massives de postes et les restrictions budgétaires qui pénalisent les conditions de travail des élèves et des personnels.
L’intersyndicale FSU, SAIPER-PAS974, Sgen-CFDT, Sgpen-CGTR, Snudi-FO, Sud-Education, Unsa-Education, ainsi que la FCPE et l’Unef appellent à la grève jeudi prochain. L’objectif de cette lutte unitaire est de stopper la casse du service public de l’éducation nationale.
La politique menée par le gouvernement a de graves conséquences pour la qualité de l’enseignement. Ce sont des milliers de postes qui sont supprimés, et c’est le recours massif à la précarité que les organisations syndicales, rejointes par les parents d’élèves et les étudiants, comptent dénoncer jeudi. Deux manifestations sont prévues. Dans le Nord, le rendez-vous est fixé à 9 heures au Jardin de l’État. Le défilé se fixe comme objectif d’atteindre la préfecture, où des prises de paroles sont prévues. C’est devant la mairie de Saint-Pierre que doit s’élancer la manifestation prévue jeudi dans le Sud, à destination de la sous-préfecture où les différentes organisations feront part des revendications.
8.700 emplois supprimés
C’est l’emploi qui est la cible principale de la politique de casse du gouvernement. Sur la plan national, 8.700 postes ont été supprimés à la rentrée. Résultat : "on compte davantage de vacataires et de précaires", indique Claude Belhôte du Sgen-CFDT, "sur 18.000 départ en retraite, le gouvernement prévoit 12.000 recrutements". Et comme le nombre de titulaires est insuffisant pour faire fonctionner le service public, le recours à la précarité explose. "Et les contrats sont de plus en plus précaires", poursuit le responsable syndical. "Auparavant, les maîtres auxiliaires assuraient les remplacements des postes non pourvus, ils ont été remplacés par des contractuels, puis par des vacataires qui ne peuvent travailler que 200 heures maxi par an", précise-t-il. Au delà du personnel enseignant, la situation est aussi grave pour les TOS et pour la vie scolaire. Dans ce dernier service, les surveillants ont été supprimés. À la place, les assistants d’éducation, puis les assistants pédagogiques et maintenant les contrats de vie scolaire avec à la clé toujours moins de garantie pour le personnel.
Élèves et étudiants : quel avenir ?
Alors que les besoins sont immenses, le nombre de postes mis au concours sont en diminution. Une baisse moyenne de 33% avec des coupes sombres pour l’EPS, les conseillers principaux d’éducation et les conseillers d’orientation psychologue. Pour ces trois dernières disciplines, la diminution est de 50%. Cela ne peut que contribuer à assombrir l’avenir de nombreux étudiants qui se préparent aux concours de l’enseignement. Ces jeunes se sont engagés dans des études pensant pouvoir faire leur carrière dans l’Éducation nationale, mais les règles sont en train de changer. Alors que peuvent faire par exemple ceux qui, à force de travail et de sacrifice, ont pu obtenir le diplôme permettant de concourir et qui voient les portes de la fonction publique se refermer brutalement.
Pour les élèves, les classes surchargées deviennent le quotidien. Et le taux de scolarité en maternelle est en berne. Or, affirme Claude Belhôte, "quand on est issu d’un milieu socialement défavorisé, on aura davantage de chances de réussir si on a droit à une scolarité précoce". Mais les moyens ne sont pas réunis pour répondre à cette mission du service public, "c’est une injustice par rapport à l’école".
Refuser de donner les moyens suffisant au service public d’éducation pour que chacun, quelque soit son origine sociale, puisse travailler dans les mêmes conditions remet en cause le principe d’égalité. Tout est fait comme si cette casse vise à empêcher l’école de jouer le rôle d’ascenseur social qu’elle a pu remplir pendant des décennies, ce qui de fait ne ferait du système scolaire qu’une machine à reproduire voire amplifier les intolérables inégalités qui fracturent notre société.
Contre la dégradation des conditions de travail des élèves et des personnels, pour un service public fort ayant les moyens suffisant de mener à bien ses missions : gageons qu’ils seront nombreux jeudi à Saint-Denis et à Saint-Pierre pour amplifier la mobilisation.
Les familles passent à la caisse
En 2006, tous corps confondus, c’est une baisse de 33% des recrutements du second degré, soit 12.000 postes pour 18 000 départs en retraite ! Avec 50% de postes en moins aux concours, les conseillers principaux d’éducation, les conseillers d’orientation-psychologues et les enseignants d’éducation physique et sportive sont les plus touchés.
Ces restrictions se traduisent, pour les élèves et les familles, de la manière suivante :
- Importante baisse de la scolarisation des 2/3 ans (37% à 25% depuis 2003).
- De moins en moins de remplacements dans le premier et le second degré.
- Réduction des options dans les collèges et lycées.
- Réduction des filières dans la voie professionnelle.
- Classes de plus en plus chargées, suppressions de dédoublements...
Renoncement à faire réussir tous les élèves avec le retour de l’apprentissage à 14 ans. Et les élèves ? et leur intérêt ?
Faute de moyens indispensables, ce sont les familles et les jeunes que l’on sollicite : l’État se défausse d’une partie de plus en plus grande de ses responsabilités en matière de financement, en augmentant par exemple chaque année les frais d’inscription en université.
Des réformes sans moyens
Claude Belhôte ne peut que constater que la mise en place de toute une série de réforme s’accompagne d’une diminution des moyens alloués pour les faire fonctionner. "On lance de nouvelles réformes sans évaluer les réformes précédentes", ajoute le syndicaliste qui cite l’exemple de l’expérience des Zones d’éducation prioritaires.
Le manque de moyen ne permet pas par exemple aux enseignants d’être formés à des méthodes qui sont censées améliorer la lutte contre l’échec scolaire. Alors jusqu’à quand persister dans une telle politique ?
M. M.