Verbatim sur la carte scolaire chez les présidentiables

20 septembre 2006

Extrait du « Monde » du 19.09.06 : Nicolas Sarkozy, la carte scolaire et les valeurs de la gauche

Voici des extraits des discours et des réponses aux militants prononcés par les candidats potentiels à l’investiture du PS pour l’élection présidentielle de 2007.

Ségolène Royal

Agir à gauche c’est combattre sans relâche les inégalités, changer le rapport de force entre le capital et le travail pour qu’enfin le travail soit moins taxé que le capital (...), c’est regarder la France telle qu’elle est pour ne plus avoir peur des mutations. (...) L’emploi, la famille, l’économie, le logement, tout se tient, et si un maillon vient à manquer, c’est tout l’édifice qui est fragilisé.

(...) Un élève sur cinq est maintenant inscrit dans une école privée. Je revendique pour l’école publique la reconquête de ces élèves qui fuient vers le privé. Aujourd’hui, qui pourrait nier qu’il y a des ghettos ? La carte scolaire fixe les choses, cristallise les inégalités. Je demande un assouplissement, le choix entre trois écoles. Sur les établissements délaissés, nous pourrons concentrer les moyens. La reconquête de l’égalité scolaire nous oblige à faire preuve d’imagination.

Lionel Jospin

L’élection de 2007 sera cruciale car celle de 2002 a été escamotée. (...) Le futur candidat de l’UMP est dangereux par ses idées et inquiétant par sa personnalité. (...)

Nous devons donner de la force à notre pays dans la compétition mondiale, muscler notre économie, parier à fond sur l’Université et la recherche, défendre avec l’Europe nos intérêts légitimes face aux géants à bas salaires et à exploitation féroce. Et replacer l’idée de progrès.

(...) Il faut mieux affirmer le rôle de la France dans la vie internationale. Nous ne pesons pas lorsque les responsables du pays colportent des positions solitaires et lorsque des dirigeants comme Nicolas Sarkozy viennent s’excuser à Washington.

(...) Notre candidat devra porter les valeurs de la gauche. (...) Incarner le PS, c’est être choisi par lui, être attentif à ses militants, innover en restant fidèle à l’esprit qui a fait la grandeur du socialisme.

(...) (En réponse à une question sur le repérage précoce des délinquants :) Nous ne croyons pas qu’il y ait chez les enfants une marque, un sceau génétique, social et culturel. Je ne suis pas pour un déterminisme pseudoscientifique.

Laurent Fabius

Oui, M. Sarkozy est un homme dangereux, mais le danger est encore plus grand quand il est assorti de moyens et des médias. M. Sarkozy est réactionnaire. Se posant en hélicoptère au Medef, il a attaqué le droit de grève, supprimé les 35 heures, et en semaine de rattrapage dénoncé les régimes spéciaux de retraite. C’est un communautariste, quelqu’un qui se fixe comme programme d’être le futur caniche du président des Etats-Unis.

(...)
J’ai l’intention d’être candidat à l’investiture, je m’y suis préparé et je me sens la capacité, comme d’autres, de l’être. (...) Il y a un débat sur la carte scolaire. Mon idéal n’est certainement pas de la supprimer. L’aménager, oui, mais encore faut-il mesurer les conséquences. (...) La gauche et la France sont deux causes superbes et cela vaut qu’on y consacre toute sa vie.

Dominique Strauss-Kahn

Nous sommes un parti de salariés et c’est aux salariés que nous devons principalement apporter des réponses. Il faut attaquer les inégalités à la racine, (...) avec des pouvoirs nouveaux aux régions. Je vous propose d’ouvrir un nouvel âge du socialisme.

(...) C’est en s’affirmant social-démocrate, en étant fiers d’être socialistes, que nous pourrons emmener les autres. (...) Je suis l’élu de Sarcelles, peut-être le symbole de la banlieue. La lutte contre les discriminations est une grande valeur que nous devons porter.

(...) Nous ne pouvons pas permettre que l’industrie s’en aille. Nous ne pouvons pas faire vivre un pays sur les services. Les Français ont besoin d’un président de la République qui soit un président protecteur, protecteur de notre Sécurité sociale, protecteur de notre éducation, protecteur de notre environnement et en même temps bâtisseur d’un monde nouveau.

Martine Aubry

Les Français se retrouveront eux-mêmes s’ils s’ouvrent aux autres. (...) N’ayons pas la tentation de faire plaisir sur l’immigration ou la sécurité. Développons nos valeurs. (...) Face à la violence, face aux inégalités, un seul mot : la justice. Il n’y a pas d’ordre sans justice et quand on est de gauche, on ne doit faire aucune compromission.

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Extrait de « Yahoo actualités » du 18.09.06 : Les présidentiables n’en finissent pas de s’affronter sur la carte scolaire

Paris (AFP) - Maintien, suppression ou aménagement de la carte scolaire : les présidentiables s’affrontent sans relâche sur cette question ultra-sensible qui divise à droite comme à gauche.

Lancé par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, le débat sur une remise en cause de la carte scolaire, qui détermine selon leur domicile l’établissement où écoliers et collégiens doivent s’inscrire, ne cesse de rebondir à sept mois de la présidentielle.

Intervenant pour la première fois dans la polémique, Jacques Chirac a affirmé lundi sur Europe 1 qu’"il ne serait ni réaliste ni juste de supprimer" le dispositif, tout en jugeant qu’il faut en "assouplir les règles".
"La carte scolaire, c’est la garantie de la mixité sociale", a assuré le président de la République.

Il prenait ainsi le contre-pied de Nicolas Sarkozy qui plaide pour la suppression de la carte scolaire, un système "favorable à ceux qui ont plus de relations et plus d’argent" et "défavorable aux plus modestes".
Le président de l’UMP, favori des sondages à droite, prône le "libre choix par les parents de l’établissement scolaire de leur enfant". Dans une tribune publiée dans Le Monde, il a proposé de créer "un organisme d’évaluation de chaque établissement scolaire" afin de remédier aux contournements de la carte.

Dominique de Villepin avait déjà réagi aux déclarations de M. Sarkozy en annonçant une "concertation" avec enseignants, syndicats, parents et élus locaux pour "aménager" la carte scolaire. Même si elle connaît des "problèmes évidents", elle ne doit pas, selon lui, être "totalement supprimée".

Le ministre de l’Education nationale Gilles de Robien doit commencer ces concertations à partir du 20 septembre.

De son côté, Ségolène Royal a suscité un tollé au Parti socialiste en estimant que la suppression de la carte scolaire "serait l’idéal", suggérant à tout le moins d’en "desserrer la contrainte".

L’ex-ministre déléguée à l’Enseignement scolaire, star des sondages à gauche, a ainsi proposé de laisser "le choix entre deux ou trois établissements". Elle a demandé davantage de moyens pour les établissements les plus en difficulté.

Pour l’ancien Premier ministre Laurent Fabius également candidat à l’investiture socialiste, une telle modification aboutirait à "introduire la concurrence entre établissements, c’est-à-dire rapidement la marchandisation, et vous n’avez plus aucune mixité sociale".

Quant à Lionel Jospin, il a estimé qu’abroger la sectorisation scolaire provoquerait "un formidable phénomène d’inégalité dans notre pays".

Un autre ancien ministre de l’Education nationale et présidentiable socialiste Jack Lang s’est, lui, déclaré partisan de la carte scolaire, tout en prônant des mesures pour l’améliorer et la rendre plus "contraignante".

Il faut "faire respecter la carte scolaire", a jugé de son côté, Dominique Strauss-Kahn en appelant à "renforcer les moyens" mis en oeuvre pour "lutter contre l’échec scolaire".

"Donner plus de choix aux familles ne règle rien sur le fond", a tranché Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, préconisant une "politique d’aide aux familles en difficulté" et une augmentation des moyens des écoles.

François Bayrou, président de l’UDF et lui aussi ancien ministre de l’Education nationale, a suggéré "des marges de souplesse" dans la sectorisation, mais s’est dit opposé à la suppression de la carte scolaire.

Thomas Morfin


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