L’absentéisme, les allocations familiales et le concept de "populisme éducatif" (Xavier Pons dans les Cahiers pédagogiques, 2018)

31 juillet 2023

Un populisme éducatif en France ? Soyons sérieux…

Dans l’Éducation nationale, les réformes se suivent parfois à un rythme effréné, au gré des changements de majorité politique, dans un temps court peu compatible avec le temps de l’école. On se prend à rêver d’un consensus national qui permettrait d’installer une réforme dans un temps long. C’est peut-être faire fi de ce que Xavier Pons appelle le « populisme éducatif ».

[...] ITINÉRAIRE D’UNE CONCEPTUALISATION
En 2011-2012, je débute une vaste enquête sur les dynamiques du débat public en éducation en France. Mon objectif est de comprendre les ressorts de la « dicibilité publique » : qu’est-ce qu’il est possible de dire publiquement sur l’éducation en France, comment et à quelles conditions ? Je choisis trois thèmes au degré de publicisation variable (PISA, la LOLF -loi organique relative aux lois de finances- et la lutte contre l’absentéisme scolaire des élèves) et j’étudie la façon dont on en débat au Parlement, dans la presse écrite nationale, entre acteurs institutionnels et dans le milieu académique. L’enquête consiste alors à croiser des entretiens auprès d’acteurs de ce débat (responsables éducatifs, membres de cabinet, journalistes, sondeurs, experts, chercheurs…) avec des corpus de documents conséquents (comptes-rendus de débats parlementaires, articles de presse, dépêches AEF et articles scientifiques) et la documentation institutionnelle disponible sur le sujet.

L’enquête sur l’absentéisme met rapidement en évidence une très forte politisation du débat public. Entre 2002 et 2013, ce dernier se focalise en effet sur une mesure spécifique proposée par la droite gouvernementale et la controverse qu’elle suscite : la suspension-suppression des allocations familiales versées aux parents d’enfants absentéistes. À partir du moment où cette solution politique est proposée, elle occupe l’essentiel du débat public malgré les indignations répétées de divers acteurs (partis d’opposition, syndicats d’enseignants et de chefs d’établissement, associations de parents d’élèves, Union nationale des associations familiales, universitaires…). [...]

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 30.08.18

 

Note du QZ : Ce texte de 2018, que la rédaction des Cahiers vient opportunément de retwitter, peut s’appliquer aussi à la question de l’uniforme à l’école relancée par le nouveau ministre

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