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Les ZEP dans un débat du « Monde » avec Gilles de Robien

13 septembre 2006

Extrait du site du « Monde » du 11.09.06 : L’école a-t-elle les moyens de lutter contre l’échec scolaire ?

Takeo : "Ségolène Royal a récemment surpris beaucoup de monde en proposant une réforme de la carte scolaire pour lutter contre l’échec scolaire. Qu’en pensez-vous ?"

Gilles de Robien : D’abord, je pense qu’on a le droit de se poser la question de la pertinence de la carte scolaire telle qu’elle existe. Ensuite, Ségolène Royal a d’abord dit qu’il fallait la supprimer, et devant le tollé de son propre parti, est revenue sur ses déclarations
Troisièmement, j’ai déjà apporté à cette rentrée des dérogations à la carte scolaire pour une plus grande égalité des chances, en permettant à des jeunes issus de quartiers sensibles qui ont un vrai projet scolaire d’insertion professionnelle et d’excellents résultats en classe de déroger à la carte scolaire en allant dans le lycée de leur choix pour accomplir leur vocation.
En résumé, l’initiative de déroger à la carte scolaire revient à ce gouvernement, et ayant reçu pour mission du premier ministre d’engager la concertation avec les partenaires sociaux sur des assouplissements possibles de la carte scolaire, j’engage ce travail sous huit jours.
Les invitations sont parties auprès des fédérations de parents d’élèves, des responsables syndicaux d’enseignants, des directeurs d’établissement, et les grandes associations d’élus locaux, les maires, les départements et les régions, car ce sont eux qui ont en charge la compétence de la construction et de la maintenance des locaux et de la sectorisation pour le premier degré et les collèges, et les transports pour les départements. Il est donc normal que, si cette question de la carte scolaire doit être discutée, ils y soient pleinement associés.

(...)

Mad : Quel bilan tirez-vous des zones d’éducation prioritaire (ZEP), vingt-cinq ans après leur lancement ?

Christine : L’école à deux vitesses est là. Les bons d’un côté, les autres de l’autre. On peut concevoir que les élites souhaitent transmettre leurs privilèges à leurs descendants. Mais sachant que l’intelligence n’est pas une caractéristique génétique, ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, que la France court ainsi à sa perte ?

Gilles de Robien : D’une part, l’éducation prioritaire a le mérite d’exister. Il y a eu une prise de conscience au début des années 1980 qu’il était nécessaire, devant le retard scolaire et les difficultés sociales des familles de certains quartiers, de mettre des besoins spécifiques dans certains établissements qui devenaient ainsi prioritaires.

Le temps a passé, a étiolé ce caractère prioritaire. Celui-ci s’est affadi, et les efforts se sont plutôt dispersés. Dès mon arrivée au ministère, connaissant bien cette problématique dans la ville où je suis élu, j’ai annoncé la relance de l’éducation prioritaire, pour éviter de répondre à des critiques qui risquaient de menacer cette belle idée.

Voilà pour le bilan.

Le constat vingt-cinq ans après, ayant entendu beaucoup d’enseignants des ZEP qui me disaient qu’ils n’étaient pas assez épaulés et qu’ils avaient besoin d’être accompagnés par des enseignants ayant plus d’expérience, car beaucoup de jeunes enseignants sortant d’IUFM étaient envoyés dans les ZEP, j’ai décidé plusieurs mesures qui sont effectives dès cette rentrée : 1 000 professeurs référents supplémentaires pour 249 collèges "ambition réussite" ; 3 000 assistants pédagogiques qui arrivent dans les jours qui viennent à peu près en même temps que la rentrée universitaire, car ce sont souvent des étudiants en 2e ou 3e année de licence qui se destinent à l’enseignement, et qui vont pouvoir accompagner l’équipe éducative des réseaux "ambition réussite", notamment pour des études accompagnées en faveur des enfants dans ces établissements.

D’autres mesures ont été prises, comme le recrutement d’infirmières. Avec ces moyens supplémentaires, et avec la grande qualité des équipes éducatives qui exercent en ZEP, je suis sûr que la notion d’éducation prioritaire va retrouver tout son sens. J’en profite pour exprimer toute ma confiance aux équipes.

(...)

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