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Mixité sociale et enseignement privé : une tribune du Cnal dans Marianne

10 janvier 2023

"Imposer la mixité sociale et scolaire pour faire nation à travers l’école"
Tribune

Par Rémy-Charles Sirvent
Dans une tribune, Rémy-Charles Sirvent, secrétaire général du Comité national d’action laïque (CNAL), explique pourquoi, selon lui, l’Éducation nationale doit s’attaquer au financement de l’école privée pour favoriser la mixité sociale.

« Le service public de l’éducation veille à la mixité sociale des publics scolarisés dans les établissements d’enseignement. » Cette déclaration n’est pas issue d’un programme politique, ni d’une revendication syndicale ou d’une demande associative. Elle est inscrite dans le premier article du code de l’Éducation. Mais dans les faits, la mixité sociale n’a aucune réalité concrète pour des dizaines de milliers d’élèves scolarisés dans des établissements ghettos, ni pour d’autres qui fréquentent des établissements sélectifs. Autrement dit, des jeunesses françaises grandissent sans se croiser. Cette séparation contribue à enraciner chez eux l’idée que l’autre est vraiment un autre. Un crève-cœur qui contredit le troisième terme de notre devise républicaine, contrevient en pratique au principe de laïcité et pénalise la réussite de tous les élèves.

Récemment, contraint par le tribunal administratif, le ministère de l’Éducation nationale a publié les IPS (indices de positionnement social) de chaque école et collège, public et privé sous contrat. Désormais, chacun peut observer, chiffres à l’appui, les méfaits de la ségrégation sociale dans notre système éducatif, notamment liés à la contribution de l’enseignement privé – essentiellement religieux – au maintien de l’entre-soi scolaire des plus favorisés. Même si quelques contre-exemples existent, le constat est globalement accablant.

HÉRITOCRATIE
Sur le plan national, les tableaux des IPS montrent que les établissements privés sous contrat concentrent un public scolaire favorisé. En collège, alors que la moyenne nationale des IPS est de 103,3, celle des 1 662 collèges privés sous contrat est de 114,2 points. La moyenne des IPS des 5 305 collèges publics est de 99,9 points. Dans les écoles élémentaires, la moyenne nationale des IPS dans les écoles est de 102,7, celle des 4 242 écoles privées sous contrat est de 112 points. La moyenne des IPS des 27 548 écoles publiques est de 101,2 points. Ainsi, le rôle central de l’enseignement privé dans la ségrégation scolaire est un fait quantifié et incontestable. La publication des indices de positionnement social vient objectiver cette situation et le constat est sans appel : l’enseignement privé regroupe les élèves issus des milieux favorisés. C’est peut-être aujourd’hui sa principale raison d’être. [...]

[...] Disons-le tout net, le CNAL n’est pas hostile à l’existence d’un enseignement privé. La liberté d’enseignement est un principe fondamental que nous respectons. Mais rien ne devrait obliger la nation à financer la concurrence à son propre service public, qui entrave la mixité et génère tant d’inégalités scolaires. [...]

Extrait de marianne.net du 08.01.23

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