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Atteintes à la laïcité : - les établissements en EP nettement plus exposés (sondage Ifop) - Un communiqué de la Ldh

12 décembre 2022

Sondage 08/12/2022
Les enseignants face à l’expression du fait religieux à l’école et aux atteintes à la laïcité
Etude publiée à l’occasion de la journée nationale de la laïcité (9 décembre)

« Pour répondre à ce phénomène, encore faut-il bien le mesurer et bien l’évaluer à l’échelle nationale » déclarait Pap Ndiaye à propos des entorses à la laïcité à l’Ecole mesurées chaque mois par son Ministère. A l’occasion de la journée nationale de la laïcité (9 décembre), l’Ifop publie donc pour la revue mensuelle Ecran de Veille une grande enquête visant à évaluer l’ampleur et l’évolution de ces atteintes au principe de neutralité religieuse dans l’espace scolaire. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 enseignants du primaire et du secondaire, cette étude montre que la loi interdisant les signes religieux à l’Ecole (2004) n’empêche pas une montée des manifestations identitaro-religieuses aussi bien en classe que durant d’autres moments de la vie scolaire (ex : cantine, sorties scolaires…).
Permettant de mesurer des problèmes qui ne sont pas signalés à l’administration, cette étude tend ainsi à montrer que les signalements recensés par les équipes du Ministère (ex : VALEREP) ne sont que la partie émergée de l’iceberg d’une poussée du religieux beaucoup plus large : la « stratégie d’entrisme salafo-freriste » signalée par le CIPDR (L’Express, 23 août 2022) au mois d’août semblant porter ses fruits si l’on en juge par une hausse des revendications vestimentaires (ex : abayas) qui n’affecte que les zones d’éducation prioritaire.

[...] Les établissements en zone d’éducation prioritaire nettement plus exposés que la moyenne

A noter que comme on pouvait déjà le voir dans de précédentes enquêtes (IFOP-CNAL 2018, IFOP-FJJ 2020), les professeurs exerçant en zone d’éducation prioritaire (REP/REP+) apparaissent deux à trois fois plus exposés que les autres à ces contestations pour des motifs religieux.

Ils sont par exemple deux fois plus nombreux à avoir été confrontés à des contestations de cours portant sur la mixité filles-garçons (51%, contre 25% hors REP) ou la lutte contre les stéréotypes de genre (52%, contre 26%). De même, ils y sont deux fois plus exposés à des contestations de cours portant sur la laïcité (51%, contre 25% hors REP) ou des cours d’EMC (50%, contre 25% hors REP).

Extrait de ifop.com du 08.12.22

 

Pour une laïcité de liberté et d’mancipation
Communiqué commun dont la LDH est signataire

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la Fédération nationale de la Libre pensée, la Vigie de la Laïcité, Solidarité laïque et l’Union rationaliste n’ont cessé de rappeler leur attachement à la loi du 9 décembre 1905, loi de liberté et d’émancipation. Leur opposition à toute modification substantielle remettant en cause l’esprit de ce texte fondateur de l’identité républicaine s’inscrit dans une perspective plus large de défense de toutes les libertés publiques.

Or, force est de constater que, sous la pression d’une lecture idéologique imposée par une partie de la classe politique et par certains chroniqueurs ou polémistes, relayée par des médias à la ligne éditoriale douteuse, se confirme une dérive sécuritaire, parfois même teintée de xénophobie, qui n’a rien à voir avec la laïcité telle que reprise par notre Constitution en 1958.

Pour certains, la laïcité doit se muer en marqueur identitaire au travers d’un élargissement de la neutralité de l’administration publique à, potentiellement, l’ensemble du champ social.

Ainsi la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République », dite « loi séparatisme », vient encore renforcer les contraintes, imposées au nom d’un ordre public, à l’exercice des libertés fondamentales réduites à de simples proclamations. Elle ne modifie pas moins de 17 codes et un certain nombre de lois essentielles. Nombre de libertés publiques s’en trouve affectées : liberté de conscience et de culte, liberté d’expression, liberté d’association, droit à l’instruction, libre administration des collectivités territoriales. Le déféré « laïcité » qui vient, ironiquement, prendre place à côté du référé « liberté » accroît la capacité offerte aux préfets de contrôler les actes et décisions des collectivités territoriales ; le « contrat » d’engagement républicain (CER), que toute association qui sollicite une subvention publique doit signer, vient contredire le caractère libéral de la loi de 1901 ; les nouveaux contrôles pesant sur les associations cultuelles tendent vers un régime d’autorisation préalable contre-productif et attentatoire au principe de séparation.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), la Fédération nationale de la Libre pensée, la Vigie de la Laïcité, Solidarité laïque et l’Union rationaliste s’inquiètent sur le devenir d’une laïcité devenue aux yeux des pouvoirs publics un instrument de contrainte et de conformation. Plus que jamais, elles dénoncent les dévoiements et dérives qu’elles constatent dans le débat public et affirment leur volonté de défendre la pleine laïcité, principe non partisan de liberté et de paix civile.

Signataires : Fédération nationale de la Libre pensée, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Solidarité laïque, Union rationaliste, Vigie de la Laïcité

Paris, le 8 décembre 2022

Extrait de ldh-france.org du 08.12.22

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