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L’analyse de la rentrée scolaire par « L’Humanité »

30 août 2006

Extrait de « L’Humanité » du 29.08.06 : Rentrée des claques en perspective

Éducation .

À l’orée de la rentrée scolaire et syndicale, le discours de Dominique de Villepin, jeudi, a fait grimper l’irritation des organisations.

La reprise s’annonçait glissante. Dominique de Villepin a ripé dès la première marche. En consacrant sa rentrée politique, jeudi, à l’éducation, et plus singulièrement à l’aide sociale étudiante, le premier ministre faisait un geste éloquent. Crise du CPE, précarité des jeunes... les attentes sont, en la matière, très fortes. D’autant que, début juillet, le rapport Wauquiez confirmait le besoin de réformer un système d’aide sociale étudiante, caduc et insuffisant. Après quoi le gouvernement avait annoncé l’imminence d’une allocation de rentrée pour les 500 000 boursiers. Laquelle s’est transformée, jeudi, en une allocation pour l’installation étudiante (ALINE) à destination des seuls boursiers emménageant pour la première fois hors de chez leurs parents. Soit 80 000 personnes.

Son montant, plus élevé que celui prévu initialement - on parlait de 268 euros en juillet et de 200 euros fin août -, n’a pas suffi à satisfaire les représentants étudiants. Traditionnellement peu frondeuse, et cette fois encore prudente, la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) y voit une « bouffée d’air » mais regrette « que le nombre de bénéficiaires n’a pas été élargi ».
L’UNEF (Union nationale des étudiants de France), qui présente ce matin une enquête sur le pouvoir d’achat des étudiants, est nettement plus sévère. « Aline est une mesurette indécente » au regard des besoins et des promesses, estime le syndicat, qui déplore, en outre, qu’elle soit l’unique disposition mise en oeuvre.
Durant le mouvement anti-CPE, le premier ministre avait garanti le prolongement des bourses trois mois après la fin des études. Et la semaine dernière, une information circulait selon laquelle les étudiants locataires du secteur privé devaient être exonérés de la taxe d’habitation. Rumeur démentie, depuis, par le gouvernement.
Ennuyeuses, également, pour le premier ministre, les réactions des syndicats de personnels de l’éducation, dont une bonne partie effectue sa rentrée médiatique cette semaine.

La fin de l’année scolaire les avait laissés furibonds. Le gouvernement révélait, alors, un projet de budget 2007 visant la suppression de 7 500 postes d’enseignants - portant à plus de 20 000 le nombre de postes supprimés depuis 2003. Les grandes fédérations de syndicats promettaient, elles, une grève pour septembre.

Le premier ministre a eu beau se faire rassurant, il ne les a pas endormies. Au contraire. S’engageant « à tout faire pour que cette rentrée scolaire 2006 se passe bien », jurant avoir pour objectifs de « ne laisser personne - et certainement pas un enfant - au bord du chemin » ou encore de « corriger les inégalités de la société » en concentrant « les efforts sur l’école », il les a irritées un peu plus.

« Il préfère l’incantation à la réalité, commente l’UNSA éducation, mais son discours ne peut dissimuler les faits. » La FSU, elle, estime qu’il « ignore la réalité des besoins pour l’école et des conséquences de ses mesures budgétaires ».

Restriction du nombre d’établissements classés prioritaires, suppression d’une demi-heure de cours pour les cinquièmes et quatrièmes, retour à des choix éducatifs nostalgiques... Les fédérations ont ainsi égrené leurs griefs.

La tension n’est donc pas retombée. Elle pourrait, en outre, s’accentuer au vu des nouveaux objectifs, déjà évoqués et cette fois confirmés par le premier ministre. Notamment celui de mettre en place, dès cette rentrée, un « schéma national d’orientation et d’insertion professionnelle » afin d’« adapter davantage la carte des formations à celle de l’emploi ».

Une question cruciale, quand le système d’orientation est parfois décrié comme producteur d’inégalités. Mais un terrain glissant, là encore, quand le gouvernement ne cache pas sa volonté de le réformer au profit exclusif de l’insertion professionnelle. Et - c’est du moins ce que redoutent les professionnels de l’orientation -au détriment de la construction du parcours scolaire des élèves et des étudiants.

Marie-Noëlle Bertrand

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