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Un "X" fait son stage dans le lycée ZEP de Mantes-la-Ville (L’Informateur)

7 novembre 2004

Extrait de « L’informateur » du 04.11.04 : un « X » dans la ZEP de Mantes-la-Ville

L’Eudois, Loïc Batté a fait son entrée à Polytechnique
L’Informateur (Eu, Le Tréport, Mers,région Petit-Caux et Vimeu)

L’évènement n’est pas courant : ils ne sont que 400 par an en France à intégrer la plus prestigieuse école supérieure française, l’X, l’école polytechnique qui forme l’élite nationale tant dans le domaine de l’industrie que parfois dans celui de la politique puisqu’un certain nombre des élèves de l’ENA ont fréquenté les classes et amphis de l’école de Palaiseau.

Parmi ces 400 élèves, cette année (auxquels viennent s’ajouter cent élèves étrangers), Loïc Batté, un jeune Eudois de 19 ans (il les a eus le 17 août) que nous vous avions présenté il y a un peu plus de deux ans puisqu’il avait alors été le seul élève a obtenir une mention très bien au baccalauréat au lycée Anguier. Depuis le jeune homme a encore grandi, ce qui laisse présager qu’il portera le GU (ne pas prononcer géhu), le Grand Uniforme que portent depuis plus de deux siècles les générations d’X.

Après son bac, Loïc a intégré les classes préparatoires du lycée Corneille à Rouen, deux années de travail intensif : “environ 35 heures de cours par semaine auxquelles il faut ajouter les devoirs surveillés et le travail personnel le soir de 18 h à 22 ou 23 h. Pendant ces deux ans, les loisirs sont plutôt limités, un peu de sport pour se maintenir en forme et une sortie de temps en temps le week-end pour décompresser”.

Le but de ces deux années est de préparer l’entrée dans une grande école, l’objectif suprême étant l’X, la plus renommée, la référence. L’examen d’entrée se passe en deux temps : en mai l’écrit avec toutes les matières étudiées en prépa. Un candidat sur 8 ou 10 est retenu pour passer l’oral avec à nouveau les mêmes matières auxquelles s’ajoutent un oral de chimie et une épreuve de sport. Pour l’anecdote, l’X étant une école militaire, l’examen se déroule dans une caserne. Loïc Batté passe avec succès l’écrit (“toutefois je n’avais que quelques points d’avance” souligne-t-il avec beaucoup de modestie) puis l’oral et le 23 juillet, c’est la joie d’apprendre qu’il sera de la promotion 2004 de l’école Polytechnique : joie mais surtout “soulagement d’être sorti de ces deux années de prépa. C’était vraiment dur et éprouvant” avoue le jeune homme. La fierté, elle est surtout dans les yeux des parents qui ont accompagné Loïc tout au long de ses études.

Stage dans l’Education Nationale

L’intégration à l’X est avant tout militaire : Accueil à l’école, premiers rudiments militaires (à leur sortie les élèves de l’X ont le grade de lieutenant et font partie de l’armée de réserve) puis stage à Barcelonette dans les Alpes au centre d’entraînement des chasseurs alpins. Au menu, entraînement au tir et marches en montagne pour constituer cet esprit de groupe et de corps qui caractérise chaque promotion de l’X. Pas de bizutage dans la vénérable institution, l’intégration se fait essentiellement par le travail. Au retour de Barcelonnette, nouveau stage dans la gendarmerie cette fois : c’est à cette arme que Loïc Batté restera rattaché.

Quelques jours de vacances en famille pour la Toussaint lui auront permis de digérer cette entrée en matière avant d’entamer un stage beaucoup plus long appelé de formation humaine. Une grande partie des polytechniciens l’effectuent dans l’armée mais Loïc Batté, fils d’enseignants, a préféré le faire dans l’éducation nationale. Il va donc être au service d’un lycée situé en ZEP à Mantes-la-Ville. Sa tâche : encadrer les élèves et assurer des cours de soutien en maths et en physique. C’est seulement à l’issue de ce stage, sur le terrain, que Loïc intégrera pour trois ans l’école de Palaiseau, pour y travailler dans ses domaines de prédilection, les maths ou la physique mais également pour découvrir d’autres domaines tels que l’économie par exemple. Son avenir, Loïc ne l’entrevoit pas encore avec précision : ingénieur, dirigeant d’entreprise plutôt que haut fonctionnaire ou chercheur, “mais, s’empresse-t-il d’ajouter, tout cela peut changer et je peux découvrir à Polytechnique de nouveaux centres d’intérêt. C’est ce qui est passionnant”.

Pendant ses vacances, Loïc Batté aura revu avec beaucoup de plaisir ses copains de lycée, fiers de voir la réussite de leur camarade, une réussite qu’il est heureux de partager avec d’autres camarades de classe : “On était une bonne promotion, puisque Thibaut Dewavrin intègre HEC et Damien Sanson Sciences-Po. C’est plutôt bien pour le lycée Anguier”.

Voilà l’itinéraire d’un grand jeune homme tout simple et dans ce parcours exceptionnel, peut-être un rendez-vous déjà à retenir : s’il est volontaire et s’il est retenu, Loïc Batté pourrait défiler sur les Champs Elysées le 14 juillet avec ses camarades de promotion, habillé du GU, coiffé du bicorne et armé de la Tangente, l’épée des Polytechniciens.

JP Vaneck

L’X en quelques dates :
1794 : Création de l’école centrale des travaux publics qui prendra le nom d’école polytechnique un an plus tard.
1804 : Napoléon donne à l’école un statut militaire et une devise : “Pour la patrie, les sciences et la gloire”.
1970 : l’X devient un établissement public sous la tutelle du ministère de la défense.
1972 : Les filles sont admises à concourir pour l’entrée à Polytechnique. Aujourd’hui elles constituent environ 15 % de l’effectif.
1976 : l’école est transférée à Palaiseau.
1995 : l’école est ouverte aux étrangers.

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