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Carte de l’éducation prioritaire : le compte rendu par ToutEduc de la Rencontre Ozp du 28 septembre 2022

29 septembre 2022

Quels outils statistiques et politiques pour faire évoluer la carte de Education prioritaire ? (OZP)

“Aujourd’hui, je ne crois pas que les conditions pour réviser la carte scolaire soient réunies“, estimait Marc Bablet hier lors de la réunion de l’OZP du mercredi 28 septembre. L’ancien chef du bureau de l’Education prioritaire au ministère de l’Education nationale constatait d’ailleurs que l’éducation prioritaire existe aujourd’hui uniquement “parce que la mixité sociale n’est pas en chemin“, en raison d’ “effets d’entre-soi dans cette société (qui) continuent de se développer".

Surtout, explique-t-il, si le but est d’aller dans le sens d’un meilleur ciblage en faveur des élèves défavorisés (comme évoqué par Pap Ndiaye, ndlr), “il faut de la stabilité politique“ car le gouvernement doit faire de la démocratisation de l’école pour tous sa priorité, avec une “unité de visée“ et donc un appui sans faille de son cabinet pour faire face à de fortes tensions et pressions (qui peuvent notamment venir d’élus locaux n’ayant pas la même couleur politique).

Rappelant son expérience de 2015 (avec la mise en place des dispositifs REP et REP+), Marc Bablet évoque également la question des décisions économiques et budgétaires, avec par exemple le rôle de la démographie (actuellement en baisse) qui peut permettre d’avancer sur certaines réformes, comme celle annoncée du collège : “Elle devrait être faite entre 2024 et 2027“, explique-t-il.

Réviser la carte scolaire, c’est encore penser les conditions sociales, à savoir “mettre les personnels dans la boucle de réflexion“ et obtenir un consensus parmi les syndicats et sur le terrain, maintenir des indemnités pour les établissements sortants pour organiser une sortie progressive, avoir un pilotage central, faire preuve de clarté dans les indicateurs retenus, aujourd’hui l’IPS (indice de positionnement social).

“Je crois davantage en une politique de mixité par la sectorisation." Marc Bablet estime que “la politique de mixité scolaire ne peut pas suffire à elle seule, mais que la mixité doit être plus globale, à commencer par le logement“. Il pointe le problème de la relation Politique de la ville/ Education Nationale : “Doit-il y avoir des territoires identiques ? Les problèmes ne sont pas forcément les mêmes partout, tout dépend des circonstances locales. Ce n’est pas la même chose en Bretagne où beaucoup d’écoles sont privées et la composition sociale du privé n’est pas du tout la même“ que dans des grandes villes par exemple, certaines communes de la région n’ayant aucune école publique.

L’IPS et la question de la géographie de l’Education prioritaire ont fait partie des éléments discutés entre Marc Bablet et Pierre Courtioux. Ce dernier a présenté son travail de recherche statistique réalisé avec Tristan-Pierre Maury et portant sur 12 ans de ciblage des politiques d’EP (2004-2016).

C’est ainsi que dans leur article paru fin 2021, l’analyse de la tension entre discrimination positive (via un ciblage sur certaines zones) et intégration sociale (mixité sociale) montre “une baisse de la part d’élèves défavorisés sur la période 2004-2014, suivie d’une période de recentrage de l’éducation prioritaire sur les populations les plus défavorisées à partir de 2015“, comme évoqué plus haut. De plus, “en termes de ségrégation sociale, au cours d’une période caractérisée par une relative stabilité de la ségrégation inter-collèges au niveau global, les différences entre les collèges en éducation prioritaire et les autres ont tendance à s’atténuer jusqu’en 2014 et à repartir à la hausse après".

Enfin, est constaté à partir de la décomposition géographique des indices que “la période de réduction de la part d’élèves défavorisés est portée par les académies fortement urbanisées“. En somme, précise Pierre Courtioux, le niveau de ségrégation se veut croissant avec la taille de l’agglomération, avec un “vrai saut“ quantitatif dès que sont dépassés les 20 000 habitants. Cependant, il note un “recentrage de l’éducation prioritaire sur les collèges les moins mixtes (qui) concerne le rural comme les zones plus urbanisées.“

Ainsi entre 2004 et 2014, “on n’observe pas de déclassement mais plutôt un rapprochement en termes de composition sociale de l’EP et du NON-EP“, ce que Pierre Courtioux appelle une “période de normalisation de l’Education prioritaire“, avec une dynamique portée par les académies fortement urbanisées où le niveau de ségrégation globale est fort. S’en suivra la réforme de 2015 “qui marque une rupture avec la mise en place de nouveaux ciblages REP, REP+.“ Qu’en sera-t-il de l’éventuelle réforme à venir ?

L’article de Pierre Courtioux et Tristan-Pierre Maury ici (cliquer sur le lien "Article" pour obtenir la version intégrale)

Extrait de touteduc.fr du 29.08.22

 

Voir aussi
L’Ozp (Rencontre du 28 septembre 2022) donne une leçon sur la fabrication de la carte de l’Education prioritaire (Le Café)

Rencontre Ozp sur la carte de l’éducation prioritaire : le texte de l’intervention de Marc Bablet

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