"ZEP, la dérive", dossier du Monde de l’éducation d’avril 2003

1er avril 2003

Le dossier du "Monde de l’éducation", n° 313, avril 2003 :

Huit articles et une bibliographie sélective composent le dossier "Zep, la dérive" du Monde de l’éducation du mois d’avril 2003 :

Priorités à géométrie variable, de Diane Galbaud,
Des résultats scolaires à la traîne, de Diane Galbaud,
Pas tellement plus pour ceux qui ont tellement moins, de Luc Cédelle,
Le bonheur n’est pas toujours dans le pré, de Brigitte Perucca,
ZEP à perpète… , de Maryline Baumard,
Les militants sont fatigués, de Maryline Baumard,
Parents et citoyens, de Christian Bonrepaux,
L’action éducative version anglaise, de Jean-Pierre Langellier
À travers ce dossier, dans lequel président et secrétaire de l’OZP -ce dernier qualifié de "militant historique des ZEP"- sont largement cités, les causes de la dérive du dispositif sont clairement cernées.

C’est un dispositif qui a perdu son sens à cause de la multiplication du nombre de ZEP (1) : prévu pour des territoires en détresse, il s’applique à un trop grand nombre d’écoles et d’établissements si bien que l’on ne peut plus agir sur les situations exceptionnelles où les moyens, "complexes à obtenir", apparaissent "dérisoires" (1-3). On en oublie qu’il s’agit d’une sorte de plan Marshall, provisoire (5). On amalgame zone d’éducation prioritaire et violence (1). On a oublié les zones rurales dans le dispositif (4). Les résultats scolaires sembleraient "à la traîne" : les travaux d’évaluation des effets de la politique de l’éducation prioritaire sur les résultats scolaires en sont à leurs balbutiements (2). Le pilotage apparaît très inégal selon les académies (1). Les équipes composées de militants et de jeunes enseignants sortant des IUFM sont livrées à elles-mêmes (6). Les parents, pour qui l’école apparaît comme "une dernière chance qu’il ne faut pas rater" ont des difficultés à se mobiliser (7).

Ce constat d’échec demande une réadaptation du dispositif .

Le ministre délégué à la ville Jean-Louis Borloo espère mettre en œuvre un projet qui concentrerait les moyens sur les sites les plus en difficulté ; en effet, on ne peut plus parler de discrimination positive quand un élève sur cinq est scolarisé dans un dispositif d’exception. De plus, l’effort réalisé en direction des ZEP est dérisoire comparativement à celui consenti par d’autres pays. Enfin, pour redynamiser le dispositif, il conviendrait de mieux intégrer les projets de ZEP dans la politique de la ville, d’encourager les personnels motivés à se fixer plus durablement dans les établissements, d’imaginer des formes de distinction au mérite comme des chercheurs le suggèrent depuis 1994 (1).

La version anglaise du dispositif, limitée dans le temps, impliquant tous les acteurs sociaux, à la fois très centralisé et très proche du terrain, est présentée dans l’article numéro 8.

En complément de l’excellente synthèse du dossier sur les ZEP établie par Lucienne Siuda, voici la note de lecture habituelle sur le numéro d’avril 2003 qui restera particulier pour le site de l’OZP étant donné le sujet de son dossier central.

Le titre, d’abord, " ZEP, la dérive " a été lu de façons variées si l’on en croit les personnes rencontrées sur ce sujet : de quelle dérive s’agit-il ? La réponse majoritaire a été " la dérive des résultats scolaires en ZEP ". Fâcheux ! En fait, la lecture du dossier ne l’indiquait nullement, montrant à la fois des échecs et des réussites, et rappelant que les résultats moyens restent bien loin des résultats nationaux. On verrait mal comment ce serait le contraire puisque les ZEP ont été choisies en raison, justement, des retards scolaires et que ces affaires de niveau moyen nécessitent de très longues années de travail.

L’éditorial nous tire des errements du titre et donne une explication claire qui conviendrait en bonne part à l’OZP. Citons-le entièrement :

" Les ZEP ont pêché par excès " par Brigitte Perucca.

" Avec un élève sur cinq scolarisé en zone d’éducation prioritaire (ZEP), l’Éducation nationale a contribué à faire de la discrimination positive une discrimination excessive. Non seulement ce qui aurait dû rester l’apanage d’un petit nombre s’est étendu à l’excès, mais ce qui aurait dû rester fluide et réversible est devenu contraint et figé. Les incitations financières attribuées aux enseignants pour stabiliser les équipes ont peu à peu abouti à les y incruster. Ce qui n’empêche pas, simultanément, les moins expérimentés des professeurs de se retrouver devant les élèves les plus difficiles. Une logique comptable (plus de crédits) a remplacé une logique de projets (plus d’idées). Quand ils sont agressés, les chauffeurs de bus arrêtent le travail. Quand ils n’en peuvent plus de subir la violence scolaire, les enseignants revendiquent désormais le droit de retrait et demandent un classement ZEP. Le principe des ZEP est dévoyé en même temps que les militants de la première heure sont fatigués. Après plusieurs années de silence, le gouvernement (de droite) se penche sur cet héritage (de gauche). L’occasion, il faut l’espérer, de concentrer les moyens, en donnant vraiment plus à ceux qui ont de moins en moins. "

Les nombreuses citations du sigle ZEP dans le dossier ne seront pas reprises ici, bien entendu. Dans les autres rubriques, nous trouvons les ZEP citées dans l’article sur le droit de retrait (p.19), dans un reportage à Montreuil-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis (p.45), dans un débat, qu’on aurait aimé plus long, sur la racisme à l’école (p.50), dans un reportage sur un LP de Montpellier (p.57) et dans une note de lecture à propos de " Enseignant, un métier à réinventer " de Jean-Michel Zakhartchouk (p.88).

La rubrique " Savoirs-recherche " qui présente chaque mois le parcours d’un chercheur trace le portrait de Jean-Yves Rochex. Les acteurs de ZEP découvriront ou retrouveront ainsi cet universitaire qui leur a tant apporté (p.78).

Différents articles du dossier sur les ZEP mériteraient une note de lecture propre. Le site de l’OZP accueillera volontiers des papiers écrits par des consultants de ce site, soit dans cette rubrique-ci, soit dans " Libres propos ". N’hésitez pas !

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